Star Wars épisode V: L'empire contre attaque
Passé un opus gentil mais finalement assez insignifiant, George Lucas passe la main à un faiseur chevronné qui va finalement faire beaucoup mieux qu'un simple yes man en imposant un vrai souffle épique. Dès les premières minutes, le spectateur sent que le film va baigner dans une ambiance bien différente. Plus noir, plus adulte, plus fouillé, plus abouti visuellement, cet épisode explose d'entrée la rétine et impose une tonalité bien loin des standards niaiseux de Lucas. Le film commence sur une planète hostile avec un Luke, devenu rebelle, se faisant salement amocher la tronche. Tout est dit, cette fois ci les rebelles dégusteront et le film va creuser ce sillon tout en optant pour une structure décuplant le rythme et l'interet du film. En effet, cet Empire strikes back ne va plus etre linéaire mais multiplier, pour notre plus grand plaisir, les intrigues. On suivra donc la formation de Luke sur Dagoba, la folle virée de Yann et la montée en puissance de l'enfin charismatique Dark Vador.
Dagoba ou l'apprentissage dans la douleur de Luke. Ici point d'héroisme de bas étage. Luke se montre sous son mauvais jour avec une approche méprisante envers Yoda puis une propension à la précipitation qui le desservira par la suite. L'introduction de Yoda est habile le faisant passer de vulgaire créature à maitre des Jedi avec subtilité. Cette partie, aussi mystérieuse qu'interressante permet de jauger la vraie nature de Luke faisant de lui un etre fragile et peu sur de lui. Assurément LA vraie bonne idée du film. Car meme si le réalisateur entretient toujours la flamme du vrai film d'aventure de SF, Kerschner n'hésite pas à malmener ses personnages pour donner la vraie dimension épique et tragique qui manquait à l'épisode 4 (et au 1 et au 2 etc, etc...).
La fuite de Yan et ses compagnons surfe sur la meme tendance mais avec une vraie partie action et entertainment, maitrisée de bout en bout. Les sfx sont parfaits et les climax sont nombreux (le champ d'asteroide, la cité des nuages). L'héroisme est pour le coup de rigueur et il règne une ambiance plus légère (relation amoureuse naissante avec Leia, C3PO plus présent) bien que l'on sente régner en permanence une menace latente et insidieuse. Cet effet est accentué dès lors que la troupe pose les pieds sur une cité des nuages suintant l'empire à tous les étages. Encore une fois, Kerschner torche de biens belles séquences mais par petites touches malignes il distille une atmosphère de danger, empechant complètement de se détendre (le Faucon est suivi, Lando reste énigmatique...).
Venons en maintenant à Dark Vador et évidemment, je retire tout ce que j'ai pu lui reprocher sur le premier volet puisqu'il est ici le vrai bad guy qu'il aurait du etre. Manipulateur et tuant pour motiver ses lieutenants, il offre un visage bien plus sombre entretenant une relation énigmatique avec Luke. Pourquoi veut il absolument mettre la main sur Luke? Il est d'ailleurs le liant des deux intrigues précitées en faisant planer un danger permanent sur chaque personnage. Dagoba est imprégnée de son influence empechant Luke d'etre à l'aise dans son apprentissage. La cité des nuages montrera très vite pourquoi Vador est un vrai manipulateur. Meme si son temps de présence n'est guère plus important que sur New Hope, il a une vraie influence sur tout ce microcosme et se paie meme le luxe d'un final dantesque et shakespearien au travers d'une scène passé à la postérité.
Rythmiquement beaucoup plus abouti que son ainé, l'Empire contre attaque enchaine de très nombreuses scènes spectaculaires. Tout le début sur Hoth ressemble à un vrai film de guerre maitrisé, les séquences spatiales sont assez démentielles faisant la part belle à des incrustations vraiment solides et n'ayant pas trop vieillies malgré le lifting batard de 1997 (cet épisode est peut etre le plus épargné). Les nouveaux personnages sont sympathiques enfin surtout un, le très ambigu mais charismatique Lando Calrissian qui a une vraie présence à défendre et des motivations troubles comme on aime. La sobriété et le coté dark étant de mise, les personnages agaçants du premier font profil bas et se montrent globalement plus agréables à l'écran. On a également en prime la première vraie apparition de l'empereur faisant planer une menace encore plus grandissante. La fin du film est d'ailleurs une vraie réussite puisqu'elle réunit les 3 grands axes du film dans un final en apothéose ou les rebelles ressortent clairement diminués, ou les masques tombent laissant augurer une épisode 6 épique. Maitrisé de bout en bout et baignant dans une noirceur qui lui va si bien, cet épisode 5 se révèle etre, sans trop de difficultés, le meilleur film de la série.