Rivière Noire Masaki Kobayashi - 1957
Plus qu'un film noir le film est avant tout une chronique social des bas fonds japonais de l'après guerre ( alors en pleine reconstruction ) où on suit un petit groupe de personne qui tant de survivre tant bien que mal, il reprend les figures du film noir : truand, femme fatale, bordel, ambiance jazzy entre autre malheureusement je trouve que ça ne transcende pas le genre et que l'aspect polar est trop mince, ce qui fait que même si l'histoire est sympa à suivre y m'a manqué le truc pour que ça me captive vraiment.
La grosse réussite du film c'est son triangle amoureux à la fois très simple et très compliqué ( oui oui ), c'est ça qui fait vraiment avancer l'histoire, et l'ambiance vraiment poisseuse qui se dégage du film.
Le film raconte l'histoire de l'avenir du Japon avec d'un coté le héros qui est le bon coté, il est ambitieux et veut s'en sortir grâce à son travail, et de l'autre les truands vivant encore à la mode yakuza, le film est plutôt couillu pour le coté contestataire et il dresse un terrible portrait des japonais car ici même si le truand Jo est loin d'être recommandable du coté des autres personnages c'est pas mieux, même le "héros" du film n'est pas exempt de reproche, les habitants du taudis sont tous aussi peureux ou veules les uns que les autres, la seule motivation étant l'argent, les femmes se prostituent à l'insu de leur mari, les hommes se tuent à l'usine ( littéralement ) et l'épouse du malade pourtant compatible, refuse de donner son sang à son mari, seule la belle Shizuko réussira à sortir de sa situation, de femme soumise ( situation dans laquelle elle s'est mise elle même par manque de courage et par respect des vieilles traditions ) elle va renversé la tendance mais ça ne se fera pas dans la joie et même si elle réussit à s'extirper de l'emprise de Jo, quand le film se termine sa vie est finit et elle représente à merveille l'innocence pervertit à jamais.
La fin est quand même bien noire et sans concession, Kobayashi nous dit qu'il ne croit pas à l'avenir de son pays et que l'amour plus fort que tout ça n'existe pas, dans ce Japon d'après guerre, l'amour n'est pas une solution, la seule solution c'est la rebellion.
La réal du Kobayashi donc c'est forcément bon mais j'avoue que dans l'ensemble je trouve que c'est le film le moins chiadé que j'ai vu de lui jusqu'à présent ( faut dire que le sujet ne s'y prête pas vraiment ), alors y a d'excellent passage ( le dernier quart est magistral de même que le plan final si symbolique ) mais y aussi des passages un peu pépère ( tout le passage du viol j'ai l'impression qu'il ne savait pas trop comment le mettre en scène du coup je trouve que la scène n'a pas la portée qu'elle devrait avoir alors j'imagine qu'en 57 on pouvait pas tourner un viol comme dans Chien de Paille mais même en prenant ça en compte je trouve la séquence quelconque )
Tatsuya Nakadai campe ici un merveilleux personnage, un petit truand manipulateur, violent et misogyne, qui peut aller très loin notamment dans la torture psychologique, il magnétise l'écran à chaque apparition, Ineko Arima apporte son charme et son jeu sans fausse note ( son personnage passe par toute les émotions et elle nous le fait vraiment comprendre ), Fumio Watanabe au début j'avais un peu peur de le voir se faire bouffer par le charisme de Nakadai et finalement sa tête passe partout de bon petit gars font qu'on croit vraiment à son personnage qui s'oppose ( mais pas trop ) à Nakadai.
La BO jazzy confère au film une ambiance vraiment réussit.
Bon qui film qui dresse un constat sans chichi de ce Japon honteux d'après guerre.
7/10