SUCKER PUNCHId. – Zack Snyder – 2011
Pour commencer, il faut préciser qu’il s’agit du premier film de Zack Snyder que je vois, donc je ne connaissais de lui que la réputation très flatteuse (et aussi très marketing) dont il joui depuis quelques années maintenant. Le résultat est un des plus mauvais films que j’ai pu voir depuis longtemps, où quasiment rien n’est à sauver.
Pourtant, ça aurait pu bien commencer. L’idée de jeunes filles qui, enfermées dans un asile psychiatrique où, on le devine, elles subissent des attouchements sexuels, se créent un univers où elles deviennent des guerrières vivants des aventures tirées de récits d’héroic-fantasy est une idée très séduisante mais qui mérite beaucoup d’attention dans le traitement, au risque de se planter complètement. Ce que fait le film.
Déjà, le film présente, à l’instar d’Inception, plusieurs niveaux de « rêve ». Deux pour être précis. Le premier, qui se passe dans une sorte de bordel-cabaret est une catastrophe. Il ne s’y passe pour ainsi dire rien de bien captivant. La seule chose qui aurait pu avoir un réel intérêt est ces fameuses scènes de danses que l’on ne verra donc jamais. De plus, il nuit vraiment à l’idée du film, à savoir s’échapper d’une réalité terrible par l’imagination. Si le film s’était passé dans la réalité et avait été parsemé des scènes du deuxième niveau lors des viols, l’ensemble aurait été beaucoup plus saisissant.
Passons au deuxième niveau justement. Rien de bien transcendant là non plus. On assiste à une sorte de bouillie numérique digne de Tim Burton où les héroïnes réalisent une série de missions que leur confie un Scott Glenn un peu perdu dans ce délire visuel à la mise en scène hystérique. Toutefois, au-delà de la seconde mission, le motif devient répétitif et n’apporte jamais rien de plus : seul le décor change à chaque fois. Il aurait été plus intéressant de développer ces parties rêvées qui correspondent aux « viols » en développant ce qu’elles soulèvent thématiquement. C'est-à-dire qu’on est en face de filles qui sont prisonnières d’un univers quasi exclusivement masculin et qui tente de s’en échapper. Ainsi, il aurait été plus intéressant de lier ces scènes par la quête ou la traque d’un ennemi par exemple qui aurait été un symbole de la « puissance masculine », ce qui aurait permis de se lâcher un peu dans les idées visuelles (un monstre phallique à la Alien par exemple). Au lieu de cela, Snyder esquive constamment tout ce que soulève son histoire.
Les acteurs sont en roue libre et sont soit inexistant où cabotinent comme ce n’est pas permis. La mise en scène hystérique est vite pénible. Elle peut se justifier dans les séquences de rêves, puisqu’elles correspondent à des moments d’ultra –violence, mais ce genre de mise en scène nécessite du talent. Scorsese y arrive, Snyder pas encore. Pire, le film a le malheur de se penser intelligent, et il n’y a rien de pire dans un film raté que de se prendre au sérieux. On a l’impression que le cinéaste brosse son public composé en grande majorité de geeks dans le sens du poil en se disant qu’avec des jeunes filles sexy en tenue d’écolières et qui se mettent sur la gueule avec un dragon ils seront satisfait et prendront les failles du scénario pour des pistes d’analyses. Un mot aussi sur la musique, sorte de compilation de soupe électro-pop remixée qui se révèle un supplice pour des oreilles civilisées.
Si on voulait faire du mauvais esprit, on pourrait aussi s’arrêter sur la morale douteuse du film. D’abord, on remarque que les héroïnes tuent des gens dans leur rêves qui ne leur ont rien fait juste parcequ’un vieux mystique le leur à demander (authentique) et pire, le personnage de Madame Gorski, la prof de danse, est très douteux. Dans la réalité, on nous explique que c’est elle qui invente le procédé qui permet aux filles de rêvées pour oublier leur quotidien. En gros, elle sait qu’il y a des viols de perpétrés mais préfère les droguer (c’est le même principe avec sa musique) plutôt que de dénoncer la situation. Et Snyder la présente comme un personnage positif ! Au-delà de ce problème, ce personnage casse, par son procédé musical, tout l’intérêt thématique du film où ces jeunes filles se réfugient dans leur imaginaire. Si on les force, comme avec une drogue, tout l’intérêt de l’histoire disparaît.
Au final, Snyder se perd dans les méandres d’un récit qu’il voudrait complexe et démontre dans une morale indigente qu’il n’a tout simplement pas saisi ce que soulevait thématiquement l’histoire qu’il tente (vainement) de raconter.
3/10