Il Grande Silenzio (Le Grand Silence) de Sergio Corbucci
(1968)
Un peu déçu vis à vis de ce film souvent décrit comme l'un des meilleurs westerns-spaghettis jamais réalisés. Pour le coup, je n'ai pas grand chose à reprocher au film lui-même, le problème venant plus du ressenti personnel qui a fait que je n'ai pas accroché plus que ça à l'histoire et l'ambiance instaurée. Dommage car
Il Grande Silenzio possède de nombreuses qualités qui en font un film vraiment atypique. Si bien entendu le fait de placer une telle histoire (assez classique somme toute) dans un univers enneigé fait son petit effet, c'est bien plus le jeu de fausses-pistes qui donne tout l'intérêt au film. Ainsi, le récit aurait tendance à faire croire que l'on va se retrouver devant un traitement symbolique, presque mythologique, à la manière de ce que pouvait proposer un film comme
Keoma, avec de nombreux détails comme la vitesse de réaction de certains personnages, plusieurs allusions à la Mort (on a même droit à un plan sur un rebelle portant une faux qui renvoie directement à la vision occidentale de la Faucheuse) et même un passage lourd de sens où une vieille femme va reconnaître en Silence le genre d'hommes qui se battent contre l'injustice.
Il Grande Silenzio est donc construit comme un véritable pied de nez au spectateur puisqu'il instaure en fait une totale démystification du genre ainsi qu'une destruction de la mythologie au profit d'une approche ultra-réaliste, où les chasseurs de primes osent descendre des hommes de façon extrêmement lâche, ce qui donnera lieu à un final crépusculaire très choquant à ce niveau là (de surcroît très lourd de sens, de loin l'une des fin les plus culottées que j'ai pu voir dans un film). Si je n'ai rien à reprocher cette approche pour le moins très intéressante, je ne peux qu'être hésitant devant un récit qui n'apporte finalement que peu de surprises (hormis le final bien entendu) et surtout devant des traitements de personnages secondaires très limites. Ainsi, si Silence et Tigrero sont des personnages très intéressants (aidés par des interprétations très réussies), on peut difficilement en dire de même de la veuve afro-américaine caricaturée à mort, tentant de justifier l'apparition d'une love-story qui n'a pas lieu d'être et apportant surtout un côté naïf qui colle difficilement à l'approche du film (le deuil de son mari dure seulement quelques minutes). Quand au manque d'action en milieu de métrage, s'il n'est pas vraiment un défaut en soi, il a néanmoins tendance à plomber un rythme déjà trop lent. Bref, si
Il Grande Silenzio est clairement un bon western-spaghetti, il lui manque à mon sens un côté marquant que l'on ne trouvera que durant les dix dernières minutes.
Seconde vision (2021) : Revu cette fois au cinéma dans une version restaurée, loin de ma première vision dans un dvdrip qui était de mémoire pas terrible. Je pensais revoir le film à la hausse dans ces conditions, mais malheureusement le contenu du film m'intéresse toujours aussi peu, et autant les qualités sont évidentes, autant je ne peux nier le fait que je me sois fait chier une bonne partie du film, en grande partie à cause du fait que je n'arrive jamais à rentrer dans l'histoire, ça ne m'intéresse guère et ne trouve pas ça passionnant (un peu comme
Django découvert un peu plus tôt dans l'année). Néanmoins, c'est un métrage sur lequel je peux difficilement cracher, car c'est clairement pas un mauvais film, pour le coup c'est vraiment moi qui n'arrive pas à me passionner par ce que ça raconte. Du coup, ma note baisse pour l'occasion, mais ça mérite clairement la moyenne pour les qualités indéniables.
NOTE : 5,5/10