Dark City |
Réalisé par Alex Proyas |
9/10 |
Synopsis
Critique
Alex Proyas à la fois réalisateur et scénariste nous livre un film très réussi à la fois par son intelligence scénaristique mais aussi pour une belle claque visuelle.
On aura rarement vu un univers aussi sombre et singulier qui fait penser à d'autres films du genre "Metropolis", "Blade runner".
Dans une ville qui semble tout à fait banale et normale à première vue, ultra moderne, froide mais au fur et à mesure on se rend compte qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, et que les habitants sont en pilote automatique, assez froids les uns envers les autres, ayant la mémoire d'un poisson rouge.
On se rend compte que les habitants ne sont autres que de simples cobayes manipulés par de drôles d'entités venues d'ailleurs : les maitres. Ils ont un look assez inquiétant un peu comme le méchant de Roger Rabbit ou de l'empereur de StarWars, à croire qu'ils sont passé dans un bain d'acide, imberbes et d'une pâleur extrême qui sont tous en osmose niveau gestes et pensées.
Ils sont très flippants et contribuent à créer une ambiance glauque et malsaine et les secrets concernant leurs agissements ne sont pas révélés tout de suite mais de façon progressive.
Je trouve l'ambiance encore plus sombre que dans les films de Tim Burton à la différence que les Maitres sont loin d'avoir le grain de folie et de fantaisie que les persos de Burton. Ils sont sans cœur et sans âme à l'esprit très rationnel. On notera la présence du gamin assez déplacée mais qui a son petit effet avec son air Hellraiserien et de petit vampire.
Le réalisateur emploie des décors somptueux et joue avec les perspectives, les hauteurs, les profondeurs et le sentiment d'enfermement profond de cette cité labyrinthique dont personne ne connait la sortie.
Les effets spéciaux sont assez inégaux mais assez réussis pour l'époque niveau transformation des immeubles mais plutôt moches niveau explosion.
Le long métrage reprend un thème de la littérature fantastique, le totalitarisme abstrait et le contrôle absolu de la destinée de l’humanité par une entité mystérieuse. Les Maitres ont comme un faux air de soldats allemands avec chapeaux de la Gestapo et imperméables en cuir, qui obéissent à une pensée unique sans aucun individualisme et aiment à faire souffrir les gens pour la survie de leur espèce.
Film esthétiquement magique et gothique, visionnaire et captivant qui mélange à la fois le polar de l’enquête policière et ambiance film d'anticipation.
Coté polar, on se concentre sur les 3 humains : le couple John et Emma Murdoch et l'inspecteur Frank Bumstead.
John (Rufus Sewell )est au centre de l'intrigue et a des dons exceptionnels qu'il ignore et doit à la fois mener son enquête à la recherche de son passé et semer ses poursuivants (l'inspecteur et les Maitres). L'acteur est excellent car il n'est pas un héros lisse et formaté car l'acteur sait aussi jouer les bad guys, et son coté inquiétant et halluciné ici apporte beaucoup au film.
Il est en quête de vérité et de liberté.
Jennifer Connelly incarne la femme fatale avec ses robes fourreaux qui traine dans les bars enfumés, classe et magnifique.
Williams Hurt campe le parfait détective privé qui souhaite aller au bout de son enquête.
Coté fantastique, il y aussi 3 entités qui s'affrontent : L'armée des Maitres / John / le Dr Schreber.
On arrive aisément à distinguer le bien du mal entre les Maitres et John, mais c'est le Dr Schreber (Kiefer Sutherland ) qui sera le protagoniste le plus intéressant, digne d'un personnage issu de "la cité des enfants perdus" avec sa drôle de bobine qui est loin de la caricature du scientifique en blouse blanche. Ce drôle de Dr a l'air fortement dérangé et n'est que le joujou des Maitres.
Casting très réussi et équilibré avec une galerie de portraits tout à fait crédible dans un univers claustrophobique plausible.
Joli contraste entre les deux ambiance polar et fantastique qui donne un effet de confrontation entre les deux mondes avec une noiceur omniprésente.
Le réalisateur aime placer quelques symboles à droite à gauche avec surtout celui de la spirale que l'on voit à maintes reprises dans le film : sur le corps des victimes, la structure de la cité et dans les nuages aussi.
Un univers futuriste et gothique qui est très ambitieux avec un esthétisme travaillé pour une mise en scène puissante qui sème des pièces du puzzle qui donne un film beau , captivant, intelligent empli de symboles sans tomber dans le cliché et qui se termine sur une note d'optimisme. Moins tape à l’œil que Matrix et qui se contente de l'essentiel.