7/10
A Dandy in Aspic de Anthony Mann - 1968
Film d'espionnage dans la plus pure tradition anti James Bond de l'époque avec intrigue nébuleuse et lancinante, et ambiance pluvieuse et austère, bien meilleur que le pourtant plus réputé l
Espion qui venait du Froid ou la
Lettre du Kremlin (lui aussi à une meilleure réputation), c'est à peu près du niveau du
Piège, mais le meilleur de cette vague de film d'espionnage restant
Ipcress. Comme tout ces films ici on a pas de truc extravagant, pas d'exploit physique, être un espion c'est pas un truc cool où on emballe des naïades et on se promène sous le soleil, non le quotidien d'un espion c'est chiant et épuisant moralement.
C'est donc le dernier film du grand Anthony Mann (auteur qui n'est pas vraiment pas reconnu à sa valeur pour moi), qui n'a même pas pu finir le tournage ( crise cardiaque sur le tournage ), le film a été terminé par Harvey ( 2 semaines de tournage pour Harvey, difficile de déceler ce qu'Harvey a filmé ), la réputation de ce film n'est donc pas très glorieuse et pourtant y a pas de quoi avoir honte c'est bien meilleur que
Les Héros de Telemark (film de guerre vraiment mou) et c'est un solide film d'espionnage qui montre que Mann aura été un touche à tout plus qu'efficace.
Le générique annonce la couleur ( sous un coté très Bond pour le coup, zic de Quincy Jones et ambiance flashy ) on voit des marionnettes manipulés et la manipulation va être le coeur du film et ça laisse peu d'espoir pour la fin.
Le film prend son temps, ptet trop au début puisqu'il faut 30 minutes pour que l'intrigue se dégage enfin ( et la première demi heure a une bonne ambiance mais c'est franchement pas très passionnant à suivre ) : Laurence Harvey espion anglais est chargé de démasqué un tueur Russe qui sévit, or le tueur russe c'est lui car c'est un agent double, sur ce postulat le film se révèle malin et bien nébuleux, on navigue dans la manipulation totale, on ne sait jamais ce que savent les personnages, des fois on ne comprend même pas ce qu'ils font mais c'est plutôt bien écrit et le twist final est très réussit ( même si on peut le deviner, moi je l'ai pas vu venir ).
La grosse réussite du film c'est vraiment qu'il n'y a pas de bon ou de méchant, ici russe ou anglais sont aussi salauds les uns que les autres, pour s'en sortir faut être le plus cynique possible, et le perso de Harvey est vraiment bon en agent désenchanté voulant quitter le métier, pendant toute la partie anglaise la mort rôde et l'ambiance est bien morose.
Sur le style Mann s'adapte au style de l'époque à part une séquence tout droit sorti d'un western ( cadré comme un duel dans le grand ouest ), le reste c'est vraiment d'époque avec une utilisation quasi systématique du zoom ( des fois ça fonctionne bien, d'autre fois non, quand ça surligne trop c'est un peu lourd surtout lors de la réunion avec les chefs anglais au zoom on rajoute de la zic bien lourde ) et décadrage, et puis on a la gestion du suspens, Mann est un expert en la matière et il le prouve une fois de plus en jouant avec nos nerfs.
Laurence Harvey trouve ici son meilleur rôle ( sur ce que j'ai vu de lui jusqu'à présent c'est à dire finalement pas grand chose ) il est vraiment convaincant dans son rôle d'espion sur la brèche ne sachant plus trop quoi faire pour s'en sortir tout en gardant son flegme en toute circonstance, Mia Farrow est là pour la touche glamour mais plus encore tant on ne sait jamais le rôle de son personnage, et elle est très bien, les seconds rôles sont tous très bien, mention au chef Russe.
Un des tout meilleurs film d'espionnage sur la guerre froide qui mériterait de sortir un peu de l'oubli car il mérite vraiment mieux que sa réputation.