Shotgun Stories 7/10 Après avoir vu le réussit Take Shelter de Jeff Nichols, son premier film Shotgun Stories m'intéressait davantage. La pression sur ce dernier était aussi plus importante car à y entendre les critiques parallèles, Shotgun Stories bénéficiait également d'une bonne critique.
Jeff Nichols fait donc bien parti des réalisateurs indé américains qui aiment dresser des portraits de l’Amérique profonde. Fan absolu de ce genre (Winter's Bone est dans mon top 5 de 2011), Shotgun Stories réussit le coup de nous tenir en haleine malgré un scénario bancal par moments. En effet, la grande réussite du film est en premier lieu la réalisation. Jeff Nichols prend le temps de poser sa caméra et nous présente au fur et à mesure les principaux personnages à savoir trois frères, Son, Boy et Kid. On apprend très vite que ces trois frères sont liés par leur passé : un père qui les a abandonnés et une mère haineuse les ayant élevé qu'à moitié. Le ton est donné, le film prend un virage plein de tension lors de l'annonce de la mort de leur père. L'épisode du cimetière est le pétard qui déclenche la deuxième partie du film qui nous prend au coeur.
Cette deuxième partie du film repose bien évidemment sur le titre du film, Nichols nous amène aux divers règlements de comptes entre les fils abandonnés et les fils issus d'un nouveau mariage prêt à tout pour honorer la mémoire de leur père.
Le film prend donc une autre tournure, ajoutant au tout un petit coté familial mais restant vraiment dans un monde de mecs. Les séquences de vengeance et/ou de représailles sont intenses et là est le point fort du film. On est en haleine sur la suite des évènements.
Enfin, on pourrait reprocher au film de faire trop dans l'anecdote ou le fait divers. Il manque un traitement plus poussé des personnages psychologiquement parlant (le frère qui vit dans une tente, l'autre fou de son chien, et enfin le dernier accro au jeu et ancien fou de maths … plus de détails auraient été les bienvenus) et pourquoi pas, prendre plus son temps en ce qui concerne la disparition d'untel et d'untel. On passe trop vite à autre chose et par moments ça traine en longueur bien que ce ne soit pas le défaut majeur.
Cependant le film est bien ficelé, les rencontres entre les deux clans sont assez impressionnantes, et Michael Shannon est encore à son top niveau et le reste des acteurs est également très bon. La réalisation posée de Nichols à travers la campagne américaine qui dresse un vrai tableau de cette Amérique : la prédominance de la famille (toujours réunie) ou encore la propriété privée qui semble légitimer chaque acte.
Nichols assure pour un premier film et se bonifie avec Take Shelter. Hâte de voir son prochain film.