INTOUCHABLES - Eric Toledano et Olivier Nakache (2011)
Après un emballement médiatique délirant, plus de 17 millions d’entrées en salles et un sujet pouvant sombrer facilement dans le pathos, Intouchables partait déjà perdant à mes yeux.
Et pourtant, le film s’avère être un bon divertissement populaire, souvent drôle et jamais larmoyant. Notamment grâce à l’interprétation très naturelle d’Omar Sy, véritable pilier du film, un personnage rempli d’humour et de charisme. François Cluzet ne s’en sort pas mal dans le rôle du milliardaire tétraplégique mais aurait pu être remplacé par n’importe quel acteur compétent sans que le film en pâtisse.
On ne va pas s’attarder sur la réalisation calibrée pour une diffusion sur TF1 un dimanche soir, ni sur le scénario que tout le monde connaît.
Par contre, là où le film trouve ses limites, c’est sur l’opposition entre ce jeune de banlieue et ce milliardaire infirme, et tous les clichés qui en découlent. Le jeune noir sort forcément de prison, fume des joints, a des problèmes familiaux et écoutes de la soul. A l’inverse, le riche aime la peinture, la musique classique et voyage en jet privé.
Tout cela serait véritablement dérangeant si le film avait pour vocation d’être une étude sociologique sur la France et les rapports entre les classes sociales mais ce n’est clairement pas le cas.
On sent la sincérité des deux réalisateurs qui n’ont pas cherchés à faire autre chose qu’une comédie avec un fond social. Je pense d’ailleurs qu’ils sont les premiers surpris de l’immense succès de leur film, tant celui ci n’a pas l’air d’être fait pour exploser le box office.
Mais certains journalistes et critiques se sont tout de même chargés de politiser le film, sous entendant qu’il était un parfait véhicule promotionnel pour les idées du Président en place, certains voyant même en Intouchables un film profondément raciste (avec pour exemple la scène où Omar danse devant les amis du milliardaire, et en la comparant avec les esclaves qui dansaient devant leurs maitres pour les distraire
)
Bien sur, il n’en est rien, et il faut prendre le film pour ce qu’il est : une honnête comédie porté par un duo d’acteurs qui fonctionne bien, qui ne sombre jamais dans le misérabilisme même si elle n’évite pas le piège de certains clichés récurrents du cinéma français et quelques facilités scénaristiques.
7/10