Un poil déçu par ces 12 salopards étant donné que je n'avais lu que des critiques dithyrambiques à son propos mais qui, à mon sens, même s'il se révèle être un film très ambitieux, bien réalisé et bien géré niveau rythme, souffre du nombre de personnages qu'il met en scène et surtout des clichés un peu trop marqués qui les définissent tous. Qu'on s'entende bien, le fait qu'Aldrich impose à ses persos un rôle bien défini ne me dérange pas, par exemple le leader à la grande gueule a parfaitement sa place dans le film, mais qu'il prenne le parti de ne mettre dans son troupeau qu'une brebis galeuse pour en faire une besace à ordure m'a un peu gâché le film et sa fin notamment.
Fin qui pour ma part est le point noir du film. En fait, toute la dernière partie est pour moi trop vite expédiée, se servant de raccourcis un peu grossiers et de retournements de situation qu'on voit venir à 15 kilomètres qui jettent un voile sombre sur une histoire qui était jusque là vraiment agréable à suivre. En effet, Aldrich réussit à faire monter la sauce pendant près de 2h et de belle façon, on ne s'ennuie jamais puisqu'on se prend rapidement d'intérêt pour ses bandits haut en couleur n'ayant rien à perdre puisque leur vie dépend du bon vouloir d'un corps armé ayant peu d'intérêt pour eux. Toute la phase d'entraînement est très sympa, la façon dont le groupe commence à trouver son harmonie également. La scène de confrontation entre la grande gueule du groupe, Francko et les deux têtes froides du lot est forte en sens et scelle définitivement la naissance d'un commando au fort potentiel. Malheureusement, Aldrich n'use pas suffisamment cette substance pour donner à la séquence d’assaut finale l'intensité qu'elle aurait pu avoir. Ça tombe un peu à plat et c'est dommage. Certains choix sont discutables, comme ce pauvre petit gars qui passe à travers le toit, ou même juste le pétage de cable de notre brebis galeuse (pffff, really ?) et font retomber une sauce qui tenait pourtant de belles promesses.
C'est vraiment dommage parce que tout le reste du film est fait d'une main de maître. Aldrich fait parler son talent de mise en scène à coup de points de vue peu orthodoxes, donne aux leaders du groupe pas mal de charisme, usant des géniales sales gueules de son casting. Les acteurs sont d'ailleurs l'un des nombreux atouts du film et lui donne un capital sympathie dès les premiers tours de roue. Ils savent, chacun à leur tour, captiver notre intérêt pour faire défiler à toute vitesse les 2h20 de l'ensemble. On ne les voit jamais passer, l'histoire étant faite de différents paliers, variant les lieux qui mettent en scène les bébés du commandant, ce qui dynamise avec fougue l'enchaînement des évènements. Le recrutement, l'entrainement, le test de passage plutôt bon enfant et enfin la mise en pratique réelle, on est devant une histoire militaire complète et dans ce sens c'est vraiment réussi. C'est juste dommage qu'il y ait trop de monde à suivre, on ne se prend au final pas totalement d'affection pour tous les membres du commando et leur sort funeste laisse un peu trop indifférent dans un final qui, encore une fois, tombe un peu à plat.
Il n'en reste pas moins que les 12 salopards est une belle fresque militaire, très bien réalisée, servie par des gueules qui en imposent au style changeant, oscillant entre critique acerbe de l'armée sur fond de fable bon enfant au ton par moment même un peu comique. L'ambition du film est remarquable et l'oeuvre qui en résulte nous offre de belles choses. C'est par contre dommage qu'il manque un poil de finesse dans l'écriture des personnages et qu'Aldrich reste finalement un peu trop fébrile dans son dénouement final. J'aurais pour ma part aimé un soupçon supplémentaire de folie dans l'écriture des personnages et surtout un peu plus d'ambiguité dans leurs différents tempéraments, je trouve que les loups sauvages du départ se transforment un peu trop rapidement en chiens d'attaque bien contrôlés par un maitre qui leur ressemble certes, mais qui n'a, lui, pas cette épée de damoclès au dessus de la tête.