Allez hop, le dernier film de l'année! Le prochain sera celui du 01 janvier pour cuver!
Le syndicat du crime
8/10Pièce fondatrice du style John Woo, ce premier volet de la saga des Syndicats du crime tient une place à part dans l'oeuvre du réalisateur hongkongais.
En effet, loin des délires visuels et de la folie ambiante d'A toute épreuve, The killer ou encore Une balle dans la tete, il est le film qui s'attache le plus à ses personnages. Encore à la recherche d'un vrai style, John Woo soigne son casting s'employant à les rendre toujours plus iconique (on ne compte plus les postures étudiées d'un Chow Yun Fat qui bouffe littéralement l'écran). L'histoire est tout ce qu'il y a de plus classique faisant la part belle aux thématiques si chères au réalisateur. En effet, l'amitié, la vraie la belle, se retrouve aux centre de toutes les grandes séquences du film. Meme si cela est asséné au marteau et au burin sans trop de finesse, il faut quand meme bien reconnaitre que ce Syndicat du crime est le film dont le fond reste le plus dense et le plus intense (avec Une balle dans la tete) de la filmographie de John Woo.
Un peu avare en action, ce n'est malheureusement pas avec ce premier volet que l'on peut décortiquer la science du maitre. Il faut se contenter de quelques balbutiements jalonnant quelques gunfights sympathiques, l'introduction et le final préfigurant les délires démentiels d'Hard Boiled. Si j'étais totalement sincère, je dirais meme que c'est la partie action qui m'a le plus déçu. Il est évident que le gunfight de Mark pour venger Ho est hautement recommandable. Long imper noir, guns dans chaque main, le style est reconnaissable entre mille meme s'il en est à ses tout débuts. J'ai plutot apprécié la descente aux enfers de Mark, véritable personnage central du film malgré le binome Ho-Kit. D'ailleurs, CYF se goinfre les scènes les plus marquantes (j'adore celle ou il nargue Shing en trinquant à sa gibole). Il est narquois et toujours sur le fil du rasoir. J'en viendrais presque à me dire s'il ne s'agit pas de sa meilleure prestation. A coté Ti lung, malgré son immense passif Shaw brotherien, arrive à peine à co-exister. Son role est pourtant magnifique et toutes ses scènes avec Mark, dont le final, sont vraiment bouleversantes. Ti Lung tranche formidablement bien avec les codes du gangster classique. C'est la première fois que je note un premier role aussi sensible, aussi à fleur de peau, dans l'imagerie classique du héros Wooien. Finalement, Leslie Cheung se retrouve relégué au dernier rang dans ce role, éclipsé, de cadet pris entre deux feux. Faut dire que son boulet de femme lui flingue toutes ses scènes. J'ai quand meme salement flippé lorsqu'elle arrive, la première fois, avec son humour gogol. Elle trouve meme le moyen de fusiller le caméo de Tsui Hark.
Hormis cela, le film est avant tout une célébration de l'amitié, de l'honneur et du respect dans la plus pure tradition. Les sentiments sont exacerbés et rien ne se fait dans la simplicité. L'ensemble est donc très borderline, toujours à la limite du ridicule et de la naiveté. Mais quand on connait la richesse des références de John Woo, il est impossible de ne pas adhérer à cet esprit chevaleresque ambiant. Le syndicat du crime est le premier vrai polar musclé de son réalisateur et un magistral coup de maitre meme si l'on pourra lui reprocher un style encore trop tendre, ampoulé et un vrai manque d'action. Cela dit, les fondements sont là, les acteurs sont excellents et l'imagerie du gangster chevaleresque explose à chaque plan, redéfinissant les codes du polar.