Harry Potter et le prince de sang-mêléde David Yates (2009)
Indéniablement ce 6ème film de la saga est le plus faible. Néanmoins je lui trouve des qualités qui se révèlent à la seconde (ou troisième) vision.
Malgré les coupes en masse et les raccourcis (2h24 hors générique, soit la même durée que le premier film mais pour adapter un bouquin 4 fois plus gros!), ça reste fidèle dans l'esprit au livre de Rowlings, y compris dans ses proportions. En effet pour moi il s'agit aussi du tome le moins intéressant de la saga, avec 600 pages assez lentes, et un final de folie. En ce sens donc le film reflète parfaitement la structure du livre!
On peut donc imputer l'ennui (en tout cas pour ceux qui le trouvent ennuyeux) en grande partie à l'histoire écrite pas Rowlings, essentiellement axée sur les les aventures sentimentales des héros...
Mais encore une fois, je trouve que Yates est loin de démériter à la réalisation. L'introduction de Harry est des plus étranges (on zappe encore une fois les Dursley): on le retrouve dans un bar moldu d'une station de métro, seul, à draguer une jeune serveuse! Ce n'est que l'arrivée de Dumbledore qui lui fera louper son ticket... Dumbledore avec lequel Harry va entretenir une étroite relation tout au long du film. C'est la première fois que ces deux là se voient autant, et la relation mentor/élève prend enfin ici tout son sens. Dumbledore qui semble presque manipuler Harry comme une pièce d'un jeu d'échec...
Le film a plusieurs petites trouvailles visuelles, comme lors de la scène au magasin de farces et attrapes des frères Weasley. Et Yates pond aussi quelques plans bien pensés, comme dans le train conduisant à Poudlard, où la caméra s'attarde dans le couloir sur Ginny et Luna, puis sort du train, donne une vue d'ensemble de celui-ci et du paysage, avant de replonger dans le train et le comportiment où les 3 héros font causette (dans le principe ça m'a évoqué le plan-séquence de l'autoroute dans
La Guerre des Mondes).
Certains personnages secondaires ont aussi des scènes intéressantes, c'est notamment le cas de Drago, tiraillé et stressé par sa mission, qu'on va jusqu'à voir sangloter. Le nouveau venu, le professeur Slughorn, est brillament campé par Jim Broadbent. Et on retrouve aussi l'énigmatique et excentrique Luna Lovegood, un des persos secondaires les plus attachants (j'adore sa réplique: "je suis somnambule, alors je garde mes chaussures pour dormir", ça résume bien le personnage).
Le film est assez brillant dans sa première demi-heure je trouve, mais dès l'arrivée à l'école on change de ton. Si la tonalité visuelle de l'épisode est assez sombre (voire carrément désaturée niveau couleurs), on retrouve un ton plus léger dans l'intermède qui sépare du final. Fini la tyranie opressante de l'épisode précédent, les élèves se concentrent beaucoup sur ce qui fait souvent le coeur des tourments lycéens: les histoires sentimentales. On est presque dans du teen-movie, et le gros de l'intrigue tourne autour des relations amoureuses (souvent contrariées au début) des différents protagonistes. C'était aussi le coeur du livre, si ça peut accroitre l'attachement aux personnages, ça romp néanmoins quelque peu la lancée dramatique, bien que ça peut aussi être vécu comme une bulle d'oxygène, le dernier moment de légèreté en sécurité à Poudlard avant la véritable guerre qui sera lancée en fin de film.
Le Prince de sang-mêlé du titre est l'auteur mystérieux du livre de potions que récupère Harry, et dont les recettes font merveilles. Cette partie là n'est pas totalement aboutie, par moments on l'oublierait presque et la révélation finale sur l'identité du Prince tombe un peu à plat.
Les comédiens sont plutôt bons dans cet épisode, même Daniel Radcliffe, qui campe un Harry beaucoup moins stressé que dans le 5ème épisode, a pas mal de qualités (toute la séquence où il est sous l'emprise de la potion de chance je le trouve très bon). Mention aussi à Alan Rickman en Rogue, la scène du début où il fait le serment inviolable est assez saisissante grâce à sa prestation, et encore plus quand on connait le dénouement de l'histoire et sait toutes les implications et tourments que subit le personnage.
Après donc presque 2 heures de ballades sentimentales le film se termine de façon tragique. D'abord une scène de suspense et de magie dans une grotte avec Harry Et Dumbledore à la recherche d'un horcruxe... Lorsque Harry tombe à l'eau ça m'a rappelé la scène du marais des morts dans
Les Deux Tours. La scène est vraiment réussie, notamment le passage saisissant où Dumbledore est affaibli et larmoyant: il apparait vieux et usé, et on doute alors sérieusement qu'il soit toujours le plus grand sorcier qu'il fût. Et enfin le dénouement et l'intrusion des mangemorts dans l'école. Là je suis en partie resté sur ma fin, il me semble que c'était bien plus trépident dans le livre...
Un petit mot aussi sur la B.O. de Nicholas Hooper (qui avait aussi fait le 5ème film): sa partition est assez riche et vraiment jolie, ponctuée de thèmes tendres et nostalgiques. La meilleure partition depuis le Williams du premier film qui jetait les bases thématiques.
Au final donc, un épisode transitoire, en demi-teinte, pas toujours captivant mais qui a quand même des qualités.
6.5/10