Full Metal Jacket 9/10 5ème film à mon compteur concernant le talentueux Stanley Kubrick. Avec Full Metal Jacket, Kubrick ne fait pas un film de guerre mais un film sur la guerre. A l'instar de son très réussi Les Sentiers de la Gloire (et son traitement des déserteurs pendant la première guerre mondiale), il arrive à nouveau à nous plonger dans l'univers de la guerre sans en faire un film à proprement parler.
Le pari osé entrepris par Kubrick est de découper son film en deux parties. La première, durant 3 bons quarts d'heure est une vraie démonstration d'un cinéma haut de gamme. Usant de nombreux travellings, plans cadrés et monologues, il encadre parfaitement la préparation des marines à la guerre. Une BO magique et un personnage résume très bien cette première partie. Le sergent instructeur Harman débite ses blagues et ses ordres à une allure qui nous épuise tout autant que les soldats. On est autant persécuté qu'eux, et ce dernier, joue son rôle à merveille. Il n'y a en aucun cas du sur-jeu de la part du sergent ni des soldats. Concernant le bataillon, deux sortent du lot. Le soldat Joker qui a tout du parfait militaire et le soldat Baleine, gros, un véritable poids pour les autres, et qui se transforme littéralement (putain de regard et de sourire au passage, amenant le film au premier tournant, la scène des toilettes. Kubrick réussit un coup de force en présentant ce règlement de comptes, en toute discrétion et avec le culot de présenter le soldat assis sur des chiottes.
On passe alors à la seconde partie. Avec Kubrick, pas de présentation des actions à venir ni réunion d'instruction ou encore de batailles propres et ordonnées. La guerre du Vietnam n'est pas l'enjeu en sois, mais c'est bien le traitement des soldats qui compte. Quasiment aucun ennemi n'est montré, mais plutôt les photographes, caméramans et prostituées. Cependant, il arrive à filmer une scène de guerre d'une très grande qualité : un sniper prend en grippe l'escouade de Cow-Boy (Arliss Howard) et de son ami d'entrainement Joker (Mathew Modine). Pas de combat direct, des balles qui fusent, des hommes qui tombent, jusqu'à la prise du tireur.
Kubrick arrive parfaitement à filmer la montée en folie des soldats, divisant son film en deux, il permet un traitement différent de la guerre, accompagné d'une bande originale de grande qualité, il nous offre à nouveau un film atypique.