[osorojo] Mes critiques en 2011

[Dunandan]

LE CORBEAU (1943) | 7.5/10

Petite déception, je m'attendais à un chef d'oeuvre vu sa réputation mais je n'y ai trouvé qu'un bon film. En effet, si le Corbeau est une oeuvre impressionnante dans le sens où elle ose aborder un sujet sensible pour l'époque et le traite de front avec beaucoup d'engagement, elle peine malheureusement à trouver le bon rythme pour nous maintenir attentif du début à la fin. Pour multiplier les points de vue afin d'illustrer magistralement le côté pernicieux de la délation, Clouzot introduit dans son histoire une communauté complète de personnages dans laquelle il est difficile de se retrouver. Le problème, c'est qu'il choisit également de nous décrire tout le côté relationnel qui lie ces individus, ce qui au bout d'un moment a commencé à m'ennuyer quelque peu.

Du coup je me retrouve avec un sentiment mitigé. J'ai a la fois beaucoup aimé le Corbeau mais également été par moment laissé sur le bas côté pour me détacher d'une histoire qui ne m'a pas totalement passionné. J'applaudis le côté couillu et sans concession du film ainsi que son ton oscillant entre drame et humour à coup de dialogues bien affûtés (il y a de la jolie réplique en pagaille, le perso du toubib est génial, bourru et bien cynique). Je reste cependant plus réservé sur le script qui aurait peut être gagné en efficacité en adoptant moins de point de vue, mais il aurait perdu certainement le côté démonstratif qui le caractérise en l'état.

Toujours est-il que cette première excursion en terre Clouzienne m'a donné envie d'en voir plus. On sent effectivement dans le film une réelle aisance en matière de mise en scène, composition d'image et direction d'acteur. Le côté assumé de son script, même s'il m'est moins passionnant, laisse présager également un réalisateur qui sait où il va, il suffit donc qu'il traite d'un sujet qui me passionnera davantage pour que le plaisir soit plus complet

Juste un petit mot à propos du DVD pour finir totalement cette palabre. Il est vraiment ignoble, tant en terme d'image que de son. Nul doute que ça m'a aussi gâché un poil la séance, ces sons magnétiques étant profondément agaçants

[Logan]

T'excuse pas tu fais rentrer un nouveau film en NB dans le top, la révolution est en marche

[osorojo]

Ouais, rivoluciön !!!

[Scalp]

Du Clouzot, du Mankiewicz, du Aldrich, maintenant faut du Anthony Mann dans le top.

[osorojo]

J'en ai deux ou trois des Anthony Mann, c'est prévu pour dans pas longtemps logiquement

[Logan]

Du Clouzot, du Mankiewicz, du Aldrich, maintenant faut du Anthony Mann dans le top.

Mann c'est bien mais ca va rarement au dessus de 8 quoi donc c'est chaud pour le top 200.

[Scalp]

Y a bien moyen de se mettre d'accord sur un western sinon y a aussi Sam Fuller ou Fritz Lang, on peut encore en caser quelqu'un un

[Logan]

Bah Lang y a reglement de compte, Fueller y a shock corridor.

[osorojo]

The Horseman (2008) | 4/10

Un petit revenge movie sans prétention qui se laisse suivre même s'il souffre d'un manque d'idées, tant en matière de mise en scène que d'écriture. Le pitch est pourtant sur la table, un père veut venger la mort de sa fille, causée par une équipe de vieux pervers qui l'auraient mise en scène, à coup d'héroïne, dans un porno de bas niveau avant de la laisser mourir dans les tréfonds d'une zone industrielle peu fréquentée.

On suit donc la quête de vengeance d'un homme détruit par la tristesse, qui ne cesse de repenser à sa chère et tendre petite fille avant de plonger sa lame inox dans la poitrine des acteurs ayant abusé d'elle. Le film ne passe pas à côté du questionnement moral de cette entreprise en mettant sur son chemin des coupables peut être un peu innocents, ce qui fait un peu désordre quand même quand on est censé être un père aimant et réglo. Du coup, le film n'atteint jamais l'objectif du genre, la violence est là mais un peu trop estompée, laissée hors cadre la plupart du temps. Son rythme est assez maladroit, le réalisateur choisit d'insérer une touche d'espoir dans l'histoire en la personne de cette jeune paumée que le père vengeur prend en stop. C'est dommage, ça atténue beaucoup trop ce pèlerinage de violence et du coup on est jamais en attente du prochain règlement de compte et c'est preuve que l'objectif est loin d'être atteint pour un revenge movie.

En bref, un petit film à ne pas mettre sur vos tablettes, y a pas grand chose à voir. Je n'ai même pas envie d'en prendre un screen ou deux pour illustrer mon propos !

[osorojo]

Hollywoo (2008) | 2/10

Mon flop ciné de l'année, jusqu'ici ça avait été plutôt raisonnable vu que j'y vais pas souvent et qu'en général je choisis donc des films susceptibles de m'intéresser. Pour le coup, c'est un choix familial qui m'a imposé cet Hollywoo qui s'est révélé être une plongée dans un cinéma en mode automatique qui attriste par le niveau 0 de tout ses composantes. L'image est moisie, la musique est à l'ouest, mais surtout, l'histoire et les gags sont du niveau d'un essai comique de 6ème, c'est dire l'ampleur du désastre.

Le seul but de ce genre de film est de nous faire rire, du coup je suis prêt à passer sur tout le reste si c'est le cas. Mais avec Hollywoo, à part deux trois sourires forcés, l'amusement n'est jamais au menu. Les gags sont peu inspirés, on à l'impression de voir une séance d'impro de plus d'1 heure et demie portée par les deux comiques à l'affiche, Forresti et Debouzze. Malheureusement les deux sont complètement hors du film, on les sent catapultés dans un monde qui est trop différent de leurs univers respectifs. Forresti, qui est censée être trop belle et surprenante dans ce film reste elle même, elle en fait des caisses comme tout comique adepte des one man show, le problème c'est qu'on est pas dans une salle de théatre, donc ça le fait pas du tout.

Je ne vais pas m'attarder plus longtemps, le film n'a rien pour lui. Heureusement qu'il y a la jolie américaine qui apporte une once de charme dans cette bouillie insipide et grossière de bout en bout. Un film qui fout bien les boules, parce qu'il y avait un peu de budget quand même, mais il est utilisé pour des conneries, comme inviter en guest star l'inexpressif Lagarfeld, du coup y avait plus de sous pour embaucher un vrai scénariste et c'est un petit jeune qui a du écrire l'histoire pour deux allopass. *soupir*

[nicofromtheblock]

Heureusement qu'il y a la jolie américaine qui apporte une once de charme

La belle Nikki Deloach qu'on peut voir également dans la série Awkward.

[osorojo]

Elle est bien mimi et apporte les deux points au film !

[Alegas]

QUAI DES ORFÈVRES (1947) | 7.5/10

Deuxième Clouzot que je vois et c'est encore une fois une belle découverte. Le point fort du film est indiscutablement l'acidité des dialogues, qui empreignent par leur couleur toute l'ambiance du film. On est dans une oeuvre qui sent bon l'enquête policière en compagnie d'un enquêteur qui a le verbe facile et le calme d'une lionne prête à bondir sur sa proie. Louis Jouvet est impeccable en force tranquille dont l'expérience est une arme redoutable. Les autres acteurs sont également dans le tempo, à commencer par Blier, efficace en bourgeois inflexibles obsédé par l'idée d'être un jour cocu par la chanteuse publique et désirée qu'il a épousée.

Le film est un poil longuet pendant sa première partie, mais c'est utile au déroulement de l'enquête qui va suivre. Clouzot y pose avec soin tous ses personnages et commence à développer les relations qui les lient. J'ai d'ailleurs bien aimé la façon dont il traite les deux femmes de son histoire qui est assez inhabituelle. Le triangle amoureux sort un peu de l'ordinaire, ce qui lui donne un peu plus de pêche, c'est appréciable. Du coup, dès que la partie enquête commence, le film est déjà dense en pistes et on prend beaucoup de plaisir à voir l'inspecteur Antoine essayer de tout démeller.

Mais le grand intérêt du film, c'est ce regard acerbe que pose Clouzot sur tout son petit monde. L'inspecteur est un cynique convaincu et chacune de ses paroles est une ligne au requiem du réalisateur pour la société dans laquelle il vit. Les flics en prennent pour leur grade mais ceux qui les détestent également. Les hommes, les femmes et les relations qui les lient sont les pièces maîtresse de l'histoire et trouvent une réponse dans une réplique que l'inspecteur fait à Donna, son alter ego féminin. C'est fin, fleuri, un vrai plaisir à entendre, surtout que c'est fait avec humour, ce qui a pour effet de vous dessiner un petit sourire sur les lèvres assez régulièrement.

Pour ne rien gâcher, le film est également très soigné d'un point de vue photographie. Le noir et blanc est profond et les points de vue assez inspirés, on sent un intérêt particulier du réalisateur pour les jeux d'ombre, qui dessinent presque par moment des personnages de bande-dessinée sur les murs entourant les acteurs du film. Clouzot ne signe peut être pas avec Quai des orfèvres le chef d'oeuvre de sa filmographie, dont il me reste pas mal de films à découvrir, mais nous gratifie d'un joli film, soigné sur le fond mais également sur la forme. On regrettera simplement un manque d'ambition ainsi qu'une petite pointe de folie pour booster un script qui finalement se révèle un peu plat lorsque la révélation finale conclut la séance.

[Alegas]

LE BAISER DU TUEUR (1954) | 7/10

De Kubrick, je n'ai vu principalement que des films post 2001, du coup je me suis plongé avec intérêt dans la première partie de sa filmo, en commençant par ce bon petit film noir qu'est Le baiser du tueur. L'histoire est classique, peut être un peu trop même, celle d'un boxeur sur la fin de sa carrière qui va rencontrer une jolie jeune femme en la sauvant d'un amant un peu encombrant. Ce dernier se révélant être un caïd peu fréquentable, les ennuis vont vite être de la partie.

S'il y a une chose qui frappe dans ce film c'est la réalisation de Kubrick et principalement le travail qu'il y fait d'un point de vue photographique. On est déjà en présence d'un oeil qui sait où aller pour dénicher des plans très graphiques qui amplifient habilement les séquences qu'ils composent. On pense notamment au meutre dans la ruelle où les ombres deviennent des personnages à part entière, rendant l’oppression de la scène d'une puissance telle que le sort du malheureux pris au piège ne fait aucun doute dès le début du passage.

Malheureusement, pour ma part, j'ai trouvé l'histoire un peu légère. Même s'il est vrai qu'on ne s'ennuie pas, le film étant assez court et optimisé d'un point de vue narratif, je pense qu'il aurait gagné en ampleur s'il avait été un peu plus inspiré. On n'est finalement assez peu impliqué dans l'histoire qui lie la danseuse et le boxur, il peut se passer n'importe quoi, on s'en fiche un peu. Jamais on ne se prend d'affection pour ce puncher au menton en diamant, ce qui est un peu dommage vu qu'il est le personnage principal de l'histoire. Un sentiment mitigé m'habite à la fin du film que je trouve très chouette d'un point de vue formel, mais un peu vide une fois la surprise graphique passée.

[Alegas]

Très sympa celui-là, j'aime vraiment beaucoup.