Insomnia de Christopher Nolan
Premier film de commande pour Nolan dépassant le simple exercice de style d’un polar formaté, Insomnia distille une véritable ambiance sur la base d’un scénario précis et malin, Nolan trouve ici un nouveau moyen de jouer avec le spectateur et les nerfs de son héros portée par la sublime partition de David Julian.
Deux atouts détache ce polar de la norme du genre, tout d’abord sa géographie, situé en Alaskad Nolan joue sur la distorsion du temps dans un pays ou les journées ne finissent plus, laissant son inspecteur dans un état d’insomnie constant. Nolan offre à Pacino le dernier grand rôle de sa carrière, un policier rattrapé par ses erreurs passés ou il a franchit la ligne pour ne faire confiance qu'à son flaire pour dénicher les criminels. La seconde originalité est le jeu de rôle inversé, ici le meurtrier va manipuler de bout en bout l’inspecteur qui le poursuit, Robin Williams étonnamment sobre campe parfaitement son personnage.
L’histoire se focalise sur de nombreux détails pour relancer son enquête savamment écrite avec un matériel de cette qualité Nolan prouve une nouvelle fois son amour pour les récits déstructuré et son talent pour le montage en bernant une fois de plus le spectateur sur sa séquence d’introduction. Des rémanences de taches de sang venant hanter les souvenirs d’un Al Pacino dans un continuel jet lag. Des brides d'images qui prennent de plus en plus d'importance fur et à mesure du récit.
Nolan délivre un bel effort formel mettant en valeur les paysages nordique avec un beau sens du cadre enrobé par la belle photo de Wally Pfister, il dirige parfaitement ses acteurs en démontre l’interrogatoire aux milieux des ordures ou les face à face entre Pacino et Williams. Une ambiance angoissante domine entre fusillades dans la brume et poursuite sur bois flottant, on pourra tout juste reprocher au final d’être un peu trop expéditif.
Les passages les plus inspirés restent les plans serrés sur Pacino poussé à bout, cerné qui perçoit le moindre bruit ou rayon de lumière de manière décuplé. Dans une dernière scène de motel Nolan touchante donne une toute autre relecture de son film, une fois plus il a bien berné son spectateur tout en revisitant le genre polar astucieusement.
8/10