L'Homme de l'Ouest Anthony Mann - 1958
C'est du Mann donc c'est bien et c'est même quasiment du niveau des meilleurs Stewart.
Script de Rose ( le scénariste de
12 Hommes en Colère quand même ), et c'est vraiment un script sans faille bon c'est plutôt sans surprise, on devine aisément où ça va nous mener mais Mann est un très bon raconteur d'histoire et donc on entre facilement dans le film tant les personnages sont efficacement campé et encore la rédemption du personnage de Cooper est quand loin de tomber dans la facilité, la fin est finalement plutôt ambigu. Comme toujours avec Mann ça prend son temps et ça avance par à coup avec des brusques montés de violence ( Cooper qui tabasse son cousin notamment, alors sur la réal les limites physiques de Cooper font que la scène est pas impressionnante mais sur le fond on se retrouve devant un viol bien violent et osé même ), chez Mann on en prend toujours plein la tronche en quelques secondes et puis il y a pas d'histoire d'amour à la con.
J'aime bien comment est construit le script, pendant 30 minutes c'est plutôt léger on se croirait chez Ford ( entre autre ) puis en une seule scène le film bascule dans l'oeuvre noir, presque crépusculaire avant l'heure, et vu le passif de Mann dans le film noir ce basculement n'est pas surprenant et il est maitrisé, cette scène peut laisser pas mal de monde sur le carreau, de part sa longueur notamment ( quasiment 30 minutes ) mais elle est essentiel au récit en nous montrant que Cooper c'est pas le héros infaillible qu'on pourrait penser et que si il veut s'en sortir il va devoir en chier.
Le script réserve quand même des idées originales, sur l'idée mainte fois vu du changement d'époque Mann a une magnifique idée avec l'attaque de banque final, les pauvres gars sont tellement à la ramasse qu'il attaque une banque déserte dans une ville fantôme ).
Filmé en scope comme pour le très maitrisé
l'Homme de la Plaine ici on passe encore au niveau supérieur, franchement c'est un truc de fou comment ça put la classe ce film, alors y a rien de tape à l'oeil ( le film a même un aspect très statique ), y a pas de panoramique où ça se la pète, rien n'est gratuit et chaque plan est carré et surtout pensé ( les mouvements de caméra sont à tomber et le placement des acteurs dans les décors naturel sont ultra classe, on voit bien que Mann cherche toujours a intégré ses personnages dans le décors pour que ce soit le plus cinématographique possible ), à un moment j'ai cru déceler une double focale ( lors de la longue scène de la cabane avec Cooper au premier plan et Cobb au second plan qui sont tout les 2 zoomés sauf erreur, l'utilisation de cette technique est ici fort intelligente car y a un mini dialogue et quand on voit Cobb dans le plan on se dit que forcément il va avoir son mot à dire ), la narration passe quasiment entièrement par l'image ( avec Mann souvent en gros c'est une idée, un plan, en un plan il nous fait comprendre une action a venir où une pensé d'un personnage mais c'est jamais un plan pour neuneu avec zoom à l'appui ). Alors bien entendu je pourrais mettre en avant le merveilleux climax final dans la ville fantômes qui fait un peu penser au
Trésor du Pendu ( en mieux parce que c'est pas Sturges mais Mann ) avec une utilisation intelligente du décors et du placement de caméra où Mann nous montre comment on gère une profondeur de champ avec un scope ( et cette scène c'est vraiment du pur Mann où avec une économie de mouvement on arrive à avoir des séquences merveilleuses ) mais je vais mettre en avant la longue scène centrale où on découvre qui est vraiment Gary Cooper, on sent la tension, on sent qu'a n'importe quel moment ça peut exploser et franchement on se croirait plus dans un film noir que dans un western avec une ambiance nocturne oppressante et pour l'époque on a même une scène de strip tease plutôt osé, et puis l'intrigue prend un coté Shakespearien très réussit.
Gary Cooper dans un de ses tous dernier rôles en vieux cowboy qui voudrait se débarrasser de ses vieux fantômes est un peu un prolongement des persos de Stewart et il est vraiment bon en héros fatigué et humanisé ( un homme qu'on sent rongé par ses démons intérieurs ), j'aime bien comment le personnage évolue tout au long du film ( ça commence gentiment avec un perso un peu gauche qui découvre le train et ça se termine avec un homme qui a retrouvé son instinct de survie mais jamais Mann ne fait tomber le truc dans l'héroisme primaire ) et franchement Cooper signe ici peut être bien sa meilleure prestation, Julie London a de sérieux atout à faire valoir et elle s'en sert à merveille, Lee J. Cobb campe un bad guy qui change des stéréotypes, et il est très bon en perso complétement exubérant et complétement cinglé, les 3 seconds rôles Royal Dano,Jack Lord, et John Dehner sont très bien.
Mann le meilleur réal de western des 50's signe ici une oeuvre majeur du genre.
8,25/10