[Dunandan] Mes critiques en 2011

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Scalp » Mar 20 Déc 2011, 13:18

Waylander a écrit:Je pensais que tu voulais d'abord que je t'envois ton analyse par courrier ? Scalp y me fait rire. Y met 9.5 à Conan le SDA c'est largement meilleur à tous les niveaux donc ça vaut 10. :mrgreen:


J'ai le droit de penser le contraire et je le pense.
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Seigneur des anneaux : Le retour du Roi (Le) - 8,5/10

Messagepar Dunandan » Mer 21 Déc 2011, 05:04

Le retour du roi

Réalisé par Peter Jackson

Avec (Nouveaux acteurs) : Paul Norell, Lawrence Makoare, Bruce Spence

Fantasy, USA, 4h00 - 2003

8.5/10


Résumé :
Les armées de Sauron ont attaqué Minas Tirith, la capitale de Gondor. Jamais ce royaume autrefois puissant n'a eu autant besoin de son roi. Mais Aragorn trouvera-t-il en lui la volonté d'accomplir sa destinée ? Tandis que Gandalf s'efforce de soutenir les forces brisées de Gondor, Théoden exhorte les guerriers de Rohan à se joindre au combat. Mais malgré leur courage et leur loyauté, les forces des Hommes ne sont pas de taille à lutter contre les innombrables légions d'ennemis qui s'abattent sur le royaume. Chaque victoire se paye d'immenses sacrifices. Malgré ses pertes, la Communauté se jette dans la bataille pour la vie, ses membres faisant tout pour détourner l'attention de Sauron afin de donner à Frodon une chance d'accomplir sa quête.


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Introduction

La tension dramatique du Retour du Roi est assez simple, et reflète bien l'esprit du SDA :
- D'abord, quelques lueurs d'espoir (Pippen et Merry festoyant au coin de la statue d'Orthanc rappellant les belles journées de fête de la Comté ; durant la quête de Sam et de Frodon, la couronne de fleurs illuminée par un furtif rayon de soleil couvrant la tête de la statue d'un roi préfigurant des temps meilleurs) ;
- Cet espoir ensuite de plus de plus en plus ténu (les rumeurs de la guerre grandissant ; la quête personnelle d'Aragorn l'écartant du gros de la troupe alliée ; Frodon livré à lui-même), parsemées de quelques discrètes éclaircies (la première victoire ; Gandalf qui dit à Pippen que la mort n'est qu'un autre chemin ; les nuages de Mordor qui ne voilent pas entièrement le ciel ; les fleurs de l'arbre blanc qui recommencent à fleurir alors que Denethor sombre dans la folie) ;
- Le temps qui suspends son cours avec l'épreuve décisive de Frodon et Gollum ;
- La libération finale, suivie du départ de ceux qui ont été liés à l'Anneau Unique, et des nouveaux piliers du Nouvel Age.

J'ai globalement apprécié le Retour du Roi, mis à part quatre points sur lesquels je reviendrai : la « voix de Saroumane » ; « l'armée des morts » ; « la bouche de Sauron » ; la « chute de Denethor » (au moins, les points 1 et 3 ont le mérite d'apparaître dans la VL).

Première partie de la Version Longue

Introduction

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J'ai bien apprécié que le film commence par l'histoire de Gollum, bien que ne se trouvant pas à cet endroit dans le livre : elle montre non seulement le tragique destin des porteurs de l'Anneau, liés à lui de manière indéfectible, mais aussi préfigure le rôle providentiel et surprenant de Gollum dans le récit.

Saroumane & Orthanc

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Cet épisode ne remplit pas toutes ses promesses : où est passé le dialogue hautement psychologique entre Saroumane d'un côté, et Theoden et Gandalf de l'autre ? (ce semi-échec était déjà présent dans le Conseil d'Elrond, et durant le combat entre Gandalf et Langue de Serpent). En effet, le pouvoir du magicien félon repose avant tout sur son éloquence et sa capacité à duper ses ennemis : ce n'est pas pour rien s'il a choisi Langue de Serpent comme élève. Mais ici, ce duel est réduit à quelques joutes verbales qui ne restituent pas la profondeur de l'ultime intervention de Saroumane : ici nulle volonté de séduire, mais essaie simplement de réduire le rôle joué par Theoden au Gouffre de Helm. Ainsi, ce magicien aurait dû être plus convaincant, plus dangereux, et ne pas employer ainsi la force en lançant une boule de feu (« la violence physique est l'arme des faibles » dit le dicton). Ensuite, la raison essentielle de la venue de Gandalf n'était pas de tirer des informations de Saroumane, mais de lui accorder paix et miséricorde, que ce dernier refuse d'ailleurs. Enfin, la mort de Saroumane et celle de Langue de Serpent ne se trouvent pas à cet endroit dans le roman, et semblent exprimer la volonté des scénaristes de se passer de lui, afin de se concentrer exclusivement sur Sauron et son armée.

Cependant, si cette scène est relativement ratée du côté de Saroumane, elle l'est beaucoup moins du côté de Theoden, qui a au moins le mérite d'avoir exprimé sa rancoeur, justifiable en raison des victimes de son peuple, et d'avoir été frappé au vif par les paroles de Saroumane par rapport au rôle indigne – en tant que Roi - qu'il aurait joué au Gouffre du Helm.

Pour conclure la partie sur Saroumane, seule sa mort et celle de son élève sont littérairement infidèles au roman, mais le reste l'est tout à fait. Cependant l'Esprit de « La voix de Saroumane » est loin d'être bien restitué : je regrette surtout que ce dernier soit rendu inoffensif si rapidement, déséquilibrant ainsi les forces en oeuvre.

Arwen, l'épée reforgée

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Tout le passage sur Arwen est une invention de la part des scénaristes, pour maintenir le lien amoureux existant entre l'elfe et Aragorn à travers l'ensemble de la Trilogie. Dans les Deux Tours, elle semblait avoir choisi de suivre les siens car il n'y avait nul espoir pour elle, mais seulement la mort. Or, elle a vu finalement qu'en donnant la vie, l'espoir est possible.

Dans le roman, l'épée a été reforgée bien avant, dès le départ de la Communauté des 9. Ici, le rôle de cette scène consiste à montrer qu'Aragorn doit enfin assumer son destin, d'autant plus que le sort d'Arwen est désormais rattaché au sien, puisque l'accroissement du pouvoir de Sauron amenuise d'autant le sien. Ainsi, la réception de l'épée est vraiment plus solennelle, et joue un rôle plus dramatique.

Personnellement, je trouve ces deux scènes émouvantes, et témoignent de la transformation symbolique d'Aragorn.

Les chemins des morts

La scène de la remise de l'épée et celle des chemins des morts s'enchaînent parfaitement, et déterminent une nouvelle signification qui n'existait pas dans le bouquin. En effet suivant celui-ci, le but d'Aragorn n'était pas d'abord de se constituer une armée surnaturelle (qui l'avait rejoint de son plein gré pour achever son serment et trouver la paix) mais de regagner la côte (avec les dunedains, ici absents) rapidement afin de stopper les pirates qui auraient grossi dangereusement le gros des troupes de Sauron. Mais ici, Aragorn (avec l'aide seulement de Gimli et de Legolas, comme pour retrouver l'esprit du trio existant dans Les Deux Tours, mais aussi pour insister sur le fait qu'ils ne sont pas assez nombreux pour contrer l'ennemi) cherche sciemment l'armée des morts, sachant que les renforts du Rohan ne suffiront pas, et il en est capable seulement maintenant car l'épée des rois vient juste d'être forgée de nouveau.

Visuellement, la ville des morts est assez jolie avec sa teinte verdâtre, bien que n'existant pas dans le bouquin. J'ai bien aimé le fondu visage normal/spectre, mais je les aurais vu plus effrayant : ce sont quand même des damnés ! Par contre, mauvaise nouvelle : Gimli recommence à faire le pitre, et détruit tout le suspens de la scène, qui ressemble à celui d'un train-fantôme de fêtes foraines !

Gollum et la félonie contre Sam

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La félonie de Gollum, à la base, ne consistait à pas retourner Sam contre Frodon, mais était plus simple, seulement subordonnée au fait de les envoyer à Arachne. Je trouve ici que tous les petits changements au matériau d'origine, comme l'insinuation selon laquelle Sam voudrait aider Frodon à porter son anneau dans le but de lui voler (alors qu'en fait, ils se le partageaient réellement), sont très bien pensés. Ces changements nous amènent à un grand moment dramatique lorsque Frodon se sent contraint de se séparer de Sam, sa confiance vacillant en faveur de Gollum, et se retrouve seul dans l'antre d'Arachne.

Les armées et le début de la guerre

Pour commencer, les feux de garde permettant de signaler le début de la grande guerre étaient déjà allumés dans le roman, et ainsi ce changement insiste intelligemment sur la tension existant entre le Rohan et le Gondor, que le film n'a pu beaucoup développé par ailleurs, faute de temps et d'occasion. Par contre, comment Pippen arrive-t-il à pénétrer si facilement la vigilance des gardes pour atteindre les feux d'alerte ?

Visuellement, j'ai beaucoup aimé le rassemblement de l'armée de Rohan et la sortie de l'armée de Sauron hors des murs de Minas Morgul (je suis légèrement mitigé par la réussite de l'esthétique de cette ville, bien que conscient de la difficulté à la rendre fantomatique sans mauvais rendu fluorescent. De plus, elle n'a pas le côté putrescent qu'elle avait dans le roman). Grands moments d'émotion pour moi. Dans le dernier cas, j'avais craint qu'on ait le syndrome-Braveheart avec une seconde grande bataille moins impressionnante que la première car trop semblable, mais heureusement, ce n'est pas le cas. D'abord, la démarche et les armures des orcs de Morgul n'ont rien à voir avec celles de l'armée de Saroumane, qui semblent plus expérimentées dans l'art de la guerre. Ensuite, les techniques ne sont pas les mêmes : tours au lieu d'échelles, catapultes, ruse (en pénètrant l'avant-garde de manière invisible et imprévisible) et guerre psychologique (en envoyant les têtes des vaincus dans l'enceinte de Minas Tirith). Par contre, les scènes d'action en elle-mêmes manquent de panache et ne sont pas toujours bien filmées avec une shaky cam paresseuse (la bataille à l'avant-poste est par exemple rapidement expédiée).

J'ai eu un coup de coeur pour les allégeances des deux Hobbits, remplis de sincérité malgré la gravité de leur acte. Parmi mes scènes préférées : d'un côté Eowyn prennant Merry de façon inattendue sur son cheval, alors que leur présence sur le champ de bataille était rejetée de façon injuste, et de l'autre Pippen chantant tristement pour l'intendant de Minas Tirith, alors que ce dernier a envoyé son fils à une mort quasi certaine (cet épisode est absent du livre, mais accentue le futur sentiment de perte de son dernier fils) et à laquelle on assiste en parallèle.

Pour terminer, je vais parler de l'intendant Denethor et de sa relation avec son fils : celle-ci est généralement très fidèle à l'esprit du roman. Le jeu théâtral, quasiment shakespearien, de l'acteur jouant Denethor, ayant perdu son fils préféré, et qui aurait voulu que son cadet prenne sa place, sied bien à une telle personnalité, empreinte également d'une folie paranoïaque. Par contre, je l'aurais vu un peu moins dédaigneux vis à vis de la survie de son peuple, lorsque l'ennemi est arrivé aux portes de sa Cité. En fait, la raison d'un tel comportement est la conséquence d'un important changement de la narration du bouquin : dans ce dernier, l'intendant avait cessé totalement de suivre son instinct de survie seulement après que Faramir soit revenu sur une civière, alors que dans le film il refuse de donner des ordres car il se sent complètement démuni contre les forces arrivant sur sa Cité, et conseille ainsi à tous de fuir pour leurs vies. Voyant le commandement perdu, Gandalf le reprend alors de force. Ainsi, je trouve que rendre Denethor dédaigneux, et Gandalf Capitaine, simplifient un peu trop le déroulement narratif, mais au moins le rend clair pour tous.

La ville de Minas Tirith est vraiment magnifiquement reconstituée, fourmillant de détails : c'est juste dommage qu'on ait pas davantage le temps de l'apprécier.

Deuxième partie de la Version Longue

La bataille aux Champs de Pelenor

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L'armée de Sauron n'était pas supposée rentrer dans la ville, mais je trouve que c'est bien joué, faisant bien monter la tension jusqu'à l'arrivée des renforts. Ensuite, le développement de la bataille est vraiment magnifique (mise à part la transformation de Legolas en Spiderman lorsqu'il affronte un éléphant géant). J'ai surtout adoré la manière dont Théoden motive ses troupes. J'en ai encore des frissons, avec Merry et Eowyn chargeant, à l'insu du roi, avec toute l'armée du Rohan. C'est juste dommage qu'on montre précocement l'armée des morts (la scène inédite de la VL la plus inutile de la Trilogie selon moi), qui gâche la surprise de la voir arriver en renfort. En plus, à l'origine, elle n'était même pas supposée intervenir après la défaite des Pirates : cette armée semble invincible, et expédie trop rapidement la fin de la première bataille.

Pendant la bataille, se produit un autre événement dramatique : la chute, sans jeu de mots, de Denethor l'intendant. Je trouve qu'il a des jambes pour pouvoir courir en flammes jusqu'à la falaise, et je trouve que cet élément comique involontaire brise légèrement la tension dramatique qui s'y joue. Et en plus, c'est la deuxième fois qu'il se fait frapper par Gandalf - qui semble avoir davantage la confiance des soldats que l'intendant lui-même -.

Par contre, quelle bonne idée d'avoir réintroduit dans la VL la scène où Faramir et Eowyn, les deux âmes perdues pleurant encore leurs pertes, s'aperçoivent dans la Maison de Guérison. Il s'agit de l'une des importantes éclaircies d'espoir du récit dont j'ai déjà parlé.

Ensuite, alors que dans le livre, Aragorn et le reste de l'armée des hommes joignaient naturellement celle de Sauron pour faire gagner un peu de temps à Frodon, le film a choisi de marquer le coup en faisant intervenir ici l'apparition d'Aragorn à Sauron par l'intermédiaire du Palantir. A la base, cet épisode se produisait après la défaite de Saroumane, mais n'avait d'autre enjeu narratif que d'effrayer Sauron. Dans le film, il occupe la même fonction (faire peur à l'ennemi), sauf qu'Aragorn utilise délibérément cette peur comme stratégie de détournement de l'attention de l'Oeil, afin d'aider son ami Frodon.

Enfin, j'ai trouvé que la Bouche de Sauron, était grotesque, tout autant que l'acte de décapitation d'Aragorn pour marquer sa volonté de résister, même s'il sait qu'il n'y a pas d'espoir. A la base, cet ambassadeur était un simple homme, qui connaît parfaitement la pensée de Sauron, et qui insinue de mauvaises pensées à ses ennemis pour les désarçonner et les prendre par surprise. Là, on est d'abord subjugué par l'horreur de son apparence, bien loin de la description d'un homme.

Frodon et Sam : le dernier voyage

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L'affrontement contre Arachne est sans faille et très fidèle, et constitue l'une des meilleures scènes du film. J'adore la manière dont elle se faufile silencieusement derrière Frodon. Ensuite, avant que Sam cherche son maître dans la tour de garde, on assiste à une bagarre d'Orcs dont les signes existaient dans le livre, mais qui est clairement montrée ici (ce qui explique pourquoi la tour est vide), et montre bien leur côté bagarreur, que Sam et Frodon utiliseront ensuite pour se sortir d'une escouade armée dans laquelle ils se retrouvent par mégarde. Cette dernière scène est inédite si je ne me trompe pas, et fait monter la tension efficacement.

Par contre, j'ai moins apprécié que l'Oeil de Sauron, fait d'abord de peur viscérale et de scrutement à notre insu, devienne réalité physique. Et lorsqu'il apparaît à la manière d'un faisceau digne d'un phare, il devient carrément ridicule. Mais j'avoue que c'était une chose difficile à représenter.

On ne pouvait pas rêver mieux concernant le dernier combat de Gollum, de qui on n'attendait rien, sinon des coups tordus. Les dernières images où il recouvre son anneau, enfin souriant, alors qu'il est en train de disparaître, sont à la fois tristes et magnifiques.

L'épilogue

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Je le trouve vraiment excellent... Les néophytes le trouveront long et les connaisseurs pesteront sur la disparition de la scène de sauvetage de la Comté par les Hobbits, mais je trouve que cette dernière scène aurait été inutile dans le film, les Hobbits ayant déjà eu leurs heures de gloire. Nul besoin d'en rajouter. Les scénaristes ont su prendre leur temps, sans être pontifiants : le couronnement, le mariage, la génuflexion des humains et des elfes devant les Hobbits, les 4 amis qui trinquent en silence se comprenant sans un mot, «les choses qui ont une fin» (ceux qui sont liés à l'anneau partant pour leur dernier voyage) ou qui continuent (Sam et sa famille), puis la porte qui se ferme sur l'histoire. On dirait un poème d'adieu. Juste magnifique et émouvant. Peter Jackson ne se fout pas de notre gueule.

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Bilan général de la Trilogie

Ce qui m'a frappé dans cette Trilogie, c'est la générosité qui s'en dégage, jusque dans ses défauts que du coup sont largement excusés : la B.O. omniprésente venant appuyer l'émotion ou la configuration des scènes, la richesse du background de chaque peuple nous permettant de les identifier immédiatement, la géographie correspondant précisément aux lieux décrits dans le roman, les poétiques chansons en elfique ou en français qui nous appellent au rêve, le développement des personnages...

Les différences opérées par les scénaristes arrondissent parfois les angles de la psychologie de tel ou tel personnage, ce qui est parfois nécessaire, au vu de leur grand nombre. Et de temps en temps, elles ne sont pas si éloignées du matériau originel, et mettent en valeur leur fragilité latente (Denethor et Eowyn). Et quand elles le sont, elles permettent parfois justement d'insister sur une humanité en proie au doute alors que dans le roman, ces personnages semblaient inattaquables (Aragorn et Faramir). Mais aussi malheureusement, ces différences peuvent être signes de va-vite, par exemple en faisant de Legolas et de Gimli les archétypes d'elfe (scènes de super-héros) et de nain (trop de scènes comiques) dont les différences se frottent les unes aux autres (c'est dommage, car du coup, leur amitié du roman est à peine soulignée dans le film, heureusement superbement rappelée au cours de l'ultime baroud d'honneur devant les portes du Mordor), ou bien en simplifiant (Denethor qui se fait frapper deux fois par Gandalf, ce qui montre ainsi de manière exagérée la folie qui l'emporte le rendant incapable de gouverner) et balisant les situations (au point de supprimer parfois le suspens, comme dans le dernier film où chaque action semble dévoilée plusieurs scènes avant : l'armée des morts, l'antre de la «bête»...).

On peut également regretter le manichéisme parfois trop appuyé et visible (Bilbo se transformant brièvement en pseudo-Gollum ; Langue de Serpent dont la méchanceté est immédiatement perçue alors que la subtilité le caractérisait ; Bouche de Sauron dont le mal est marqué davantage par son apparence que par ses paroles), alors que la grande force du livre était justement de faire apparaître le bien et le mal de façon inattendue et invisible (la fin tragique de Boromir, le rôle de Gollum à son insu ...).

Le phénomène de quota frappe également le film : les comiques de service (Pippen et Gimli), les femmes (Arwen et Eowyn) plus présentes que dans le roman (mais selon moi, ce n'est pas un défaut, mais permet au contraire de développer une histoire telle qu'il en existait dans les Appendices ou dans les Contes et légendes inachevées), les méchants bien belliqueux (par exemple dans le premier film, l'orc fabriqué par Saroumane - et qui n'existe pas dans le roman -).

Au niveau de la narration, la notion du temps n'est pas la même, se déroulant plus lentement dans le roman avec parfois des quasi-parenthèses et des moments de contemplation, alors que le film est plus dynamique, plus axé sur l'action, presque sur un cheval de course. Il y a aussi quelques lourdeurs qui plombent un peu le rythme (Saroumane et Arwen qui interviennent trop de fois, l'un sur la soi-disante fin des hommes, et l'autre sur l'amour indéfectible qu'elle voue à Aragorn). Mais j'avoue que l'histoire s'enchaîne généralement bien, et on retrouve dans les toutes dernières 20 minutes (le prologue) ce rythme de croisière qui caractère si bien le SDA pour offrir la meilleure conclusion possible.

Pour terminer, je vais dire en quelques mots ce qui caractérise chacun des films. La Communauté de l'anneau est l'épisode le plus fidèle au roman littérairement (il y a seulement une suppression, Tom Bombadil et la forêt noire, et un ajout, le chef orc se battant à la fin avec Aragorn). Les Deux Tours est le plus ambitieux des trois, s'éloigne davantage du roman, et le rythme est légèrement haché à cause des différentes ruptures de ton (cinq histoires !), qui permettent également de goûter simultanément aux différents enjeux. Le retour du Roi est peut-être le plus simplifié des trois, mais du coup il se situe au top de l'émotion ressentie, et niveau scènes épiques, la barre est haute.

Bref, une grande Trilogie, que P. Jackson a su s'approprier de manière suffisamment personnelle, pour qu'on ne se reporte pas systématiquement au roman pour comparer leurs qualités respectives. Le roman et ses différents dérivés littéraires sont bien sûr les meilleurs moyens de s'approprier en profondeur l'univers de Tolkien, mais le film apporte une expérience sonore et visuelle remarquable, perfectible mais désormais difficile à dépasser dans le genre.

Le Retour du Roi, malgré tous les changements/simplifications opérés et un rythme pas toujours bien géré (défaut de toute la trilogie, mais surtout ici avec des balises pour les nuls), restitue assez bien l'esprit du livre, et surtout, parvient à bien clore l'histoire en prenant son temps. Le moins solide des trois mais aussi l'un des plus émouvants et épiques.

Note : 8.5/10
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar francesco34 » Mer 21 Déc 2011, 09:49

Mince je m'aperçois que ma triple critique du SDA est toujours restée uniquement au premier film, j'ai oublié de la découper en 3 parties pour coller au nouveau référencement.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Scalp » Mer 21 Déc 2011, 09:50

Copie colle dans des nouveaux message pour que je référence.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar francesco34 » Mer 21 Déc 2011, 09:51

Ouais c'est ce que j'avais fait pour d'autres critiques 2-en-1 déjà.
J'ai pas du le faire pour le SDA parce que ça se découpait pas bien mon article, je vais jeter un oeil...

NB: effectivement ça s'y prête pas au découpage. Va falloir rédiger 2 nouvelles critiques indépendantes pour le 2 et le 3.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar alinoe » Mer 21 Déc 2011, 10:11

Merci pour ces passionnantes analyses comparées entre les romans et les adaptations cinématographiques du Seigneur des anneaux. :super:
J'ai vu chaque version longue 4 ou 5 fois depuis la sortie au cinéma et n'ayant pas relu l'oeuvre de Tolkien depuis plus de 25 ans, j'ai tendance à oublier toutes ces petites différences entre les oeuvres originales et les adaptations.

Sinon, ce serait bien de corriger la coquille dans le titre référencé : le retour du roi et non pas les retour du roi. :wink:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Waylander » Mer 21 Déc 2011, 16:27

Dan le Retour du roi il y a trois retours de rois en fait c'est pour ça. :mrgreen:
Bon perso je trouve que le 3 c'est le plus faible dans tous les sens du terme (surtout niveau adaptation) mais c'est par contre le plus intense émotionnellement parlant.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Dunandan » Mer 21 Déc 2011, 16:46

On voit que les scénaristes ont bien simplifié les différentes intrigues pour n'insister que sur quelques-unes. Mais à part Saroumane, j'ai été happé émotionnellement par l'histoire, plus que les deux précédents. Je vais faire un petit bilan général ce soir, que je rajouterai à la critique, comme j'avais fait une petite intro au début.

EDIT : bilan terminé.
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400 coups (Les) - 8/10

Messagepar Dunandan » Jeu 22 Déc 2011, 04:49

Les 400 coups

Réalisé par François Truffaut

Avec Jean-Pierre Léaud, Claire Maurier, Albert Rémy, Patrick Auffay

Drame, FR, 1h33 - 1959

8/10


Résumé :
Antoine a une adolescence turbulente. Il ment à ses parents indifférents à son sort, vole, fugue. Son seul réconfort, il fait les quatre cents coups avec son ami René. Un jour, la police s'en mêle.


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Le porte-drapeau de La Nouvelle Vague

Les 400 coups lancent historiquement la Nouvelle Vague, mouvement cinématographique visant à filmer la vie de façon réaliste, comme elle vient, de manière phénoménologique. C'est une histoire en partie auto-biographique, mais ce qui m'intéresse, c'est le thème et son traitement. D'abord l'enfance incomprise, qui ne rentre dans aucun carcan de la société, à savoir la famille, l'école, les centres de redressement. Puis le regard sociologique de la caméra qui embrasse plusieurs niveaux de la vie. Personnellement, ce film est le premier de Truffaut que je regarde depuis L'enfant sauvage. Pour l'apprécier totalement, il faut passer par-dessus les limitations techniques d'époque : je parle essentiellement de la prise de son parfois laborieuse (chats qui semblent avoir coincé leur queue dans la porte ; discussion à moitié couverte par les bruits de circulation). Mais l'interprétation juste et naturelle de l'acteur jouant l'enfant, ainsi qu'une mise en scène et une réalisation sobres et relativement innovantes (pour l'époque), m'ont aidé à passer ce cap.

Sociologie de la vie quotidienne

Pas de jugement a priori

On ne comprend pas tout de suite où veut en venir le cinéaste, car il n'y a pas d'intention a priori, mais juste la volonté de montrer des scènes de vie de manière réaliste. C'est le cinéma-vérité.

Ainsi, on commence avec la banalité d'une simple salle de classe, remplie d'enfants qui réalisent des bêtises que tout un chacun a connues ou observées : faux mots d'excuses, moqueries, mensonges ...

Une famille qui ne donne ni cadre ni amour

Puis l'histoire se développe, au fur et à mesure que la caméra filme de nouveaux bouts de la vie d'un enfant. En amont, on découvre ainsi les parents : d'abord peu présents (doublement, par leur travail et leurs hobbies), pas très aimants (surtout la mère, et le père est trop laxiste avec lui, ne lui fournissant pas le cadre dont il a besoin), ils semblent seulement en porter le titre (on découvrira plus tard qu'ils ont accueilli leur enfant seulement quand il a atteint ses 8 ans, car ce n'était pas un enfant désiré !). Privé du modèle parental, l'enfant est alors livré à lui-même, et ne trouvera pas davantage de repères dans le système éducatif, punitif et non compréhensif de sa situation réelle.

La rue, école de la vie, une sortie des cadres

Ainsi vient ce qui constitue le centre du film : l'école buissonnière et la débrouillardise, impliquant des bêtises redevables de la loi, le vagabondage et le vol, mais aussi des activités ludiques et culturelles (cinéma et littérature). La rue lui apprend à être indépendant, à ne compter que sur lui-même. J'ai adoré le plan de grue généralisant le désir des enfants de faire de même, en montrant le prof de sport devant au pas de course, et derrière, tous les enfants s'enfuyant les uns après les autres pour faire l'école buissonnière.

Une image qui lui colle à la peau : impossibilité de progresser

Apprenant ce que fait leur enfant, les parents adoptent alors une autre attitude, en étant plus aimants avec lui : ils font davantage de sorties, et essaient de s'amuser ensemble. L'enfant fait alors l'effort de travailler pour qu'ils soient fiers de lui (mais surtout pour empocher la récompense que lui tend sa mère). Mais injustement, le professeur croit qu'il a copié un écrivain (que l'enfant a effectivement lu), et connaissant son passé de cancre, pense qu'il a triché.

Dernière chance, nouveau carcan

Découragé, l'enfant refait ses bêtises d'avant. Ses parents sont excédés par la situation, ils le confient alors au système judiciaire, se déchargeant de toute responsabilité. Mais l'enfant continue à rejeter successivement tout nouveau carcan. A ce titre, une scène est particulièrement forte : en prison, le gosse jette une boisson qui lui déplaît, et préfère à la place se fabriquer une cigarette à l'aide de reste de tabac fourré dans ses poches, un morceau de papier qu'il trouve par terre, et une allumette qui gratte contre sa chaussure pour l'allumer.

L'enfance, territoire à conquérir ?

C'est incroyable la manière dont la caméra essaye de capter les détails, même les plus anodins, de manière sociologique, et sans jugement moral. Le dernier plan-séquence montrant l'enfant fuyant le dernier endroit où la société veut encore de lui, est vraiment remarquable : ce film est réellement un porte-drapeau de l'enfance, de son indépendance, opposée à tous les carcans de la société, y compris la famille et l'école. Mais que reste-t-il comme espace d'expression ? Le film ne donne aucune réponse explicative, seulement un plan sur la mer puis sur l'enfant : apparemment, c'est lui-même l'espace à conquérir. Un sentiment d'abandon et d'infinies possibilités happent le téléspectateur, en communication immédiate avec l'enfant par ce "regard caméra" consistant à l'acteur de fixer la caméra, qui nous fixe à son tour, nous appelant à l'action.


Les 400 coups sont le reflet de l'éternel combat de l'enfant, pris entre le désir d'indépendance et les carcans que la société souhaitent lui imposer. Proche cousin de l'enfant sauvage du même réalisateur faisant un constat identique de l'éducation et de ses échecs, il est aussi précurseur de tous les films venant après lui ayant pour sujet les générations sacrifiées.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Waylander » Jeu 22 Déc 2011, 21:52

Pour en revenir à l'intro du 3ème volet avec Sméagol je trouve que la scène mérite son statut de la meilleure du film rien que pour l’ambiance et la noirceur de son ton. C'est du meurtre de sang-froid animé par la haine et la cupidité qui creuse littéralement leur tanière dans le cœur de Gollum. Toute la scène et la suite avec l'errance et la solitude miséreuse du personnage permette vraiment à l'histoire de gagner en intensité. Les battments du cœur, la voix-off insidieuse de Sauron, les effets sonores, la voix-off de Gollum et son évolution physique...On tient la le passage le plus glauque et le plus violent du film . Tout le monde (y compris les fans puristes) ont été scotchés par cette ouverture. La meilleure de la trilogie bien que Pj sache, comme tu le dis, toujours bien commencer et finir les films SDA. Elle fait vraiment froid dans le dos.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Dunandan » Jeu 22 Déc 2011, 22:47

Je l'ai beaucoup aimé également pour les raisons que tu as évoquées. Il y juste une chose que j'ai aimé moyennement : que Sméagol ait déjà cette voix suave qui caractérise Gollum. Je chipote je sais :mrgreen: !
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Tirez sur le pianiste - 5/10

Messagepar Dunandan » Ven 23 Déc 2011, 01:33

Tirez sur le pianiste

Réalisé par François Truffaut

Avec Charles Aznavour, Marie Dubois, Nicole Berger

Policier/romance, FR, 1h30 - 1960

5/10


Résumé :
Un pianiste de bar commence a avoir des ennuis lorsque deux gangsters s'en prennent a son frère.


Image


Le deuxième film de Truffaut est un peu à part dans la filmographie de ce dernier, très Nouvelle Vague, et moins appréciable pour ses qualités propres. Selon ses propres mots, il voulait surprendre son public en faisant un film noir, et en même temps régler sa dette avec le cinéma américain.

Deux choses m'ont empêché d'apprécier totalement le film : le mélange des genres (polar, comédie, mélodrame), et l'approche réaliste impliquant un montage chaotique et difficile à suivre (il paraît qu'il s'agit d'une fidélité volontaire à l'esprit du roman - partant un peu dans tous les sens - dont ce film est une adaptation), et qui semble en décalage avec le genre policier doté habituellement de mécanismes parfaitement imbriqués les uns dans les autres. De plus, j'ai eu du mal encore une fois d'entendre les dialogues et aussi de distinguer certains protagonistes (surtout les femmes). Cependant, l'approche est intéressante : la timidité du pianiste qui n'ose pas ouvrir ses pensées aux femmes (sa voix-off s'en fait l'écho), qui se met ainsi dans des situations burlesques dans lesquelles il perd ces femmes par accident, faute d'avoir été plus résolu dans ses décisions. Ainsi, certaines scènes m'ont plu, thématisant cette double approche (timidité avec les femmes & film noir burlesque) :
- La scène où l'on voit le pianiste marcher avec l'une de ces femmes, pense à l'inviter à boire, et quand il se décide enfin, elle n'est plus à côté de lui.
- Et aussi celle où le pianiste a tué un homme par légitime défense, et porte avec ses amis le corps en pleine rue en lançant "rentrez chez vous il n'y a rien à voir" (clin d'oeil au cinéma policier américain), alors qu'on voit parfaitement un couteau dans le dos.

Par conséquent, le côté polar ne semble pas être la partie centrale du film (qui constitue plutôt son ambiance atmosphérique), tandis que les histoires et réflexions d'amour en sont le véritable moteur. En fait, le véritable défaut du film est paradoxalement son intelligence, qui oblige le spectateur à comprendre l'attitude du cinéaste, ce qui n'est pas offert à un regard vierge de références de l'époque.

Au passage, je signale la très bonne interprétation de Charles Aznavour (que je préfère largement en acteur) qui s'adapte parfaitement aux différents registres imposés par la diversité de ton du film, et l'apparition du parolier Boby Lapointe.


Tirez sur le pianiste est un film de commande, dont la fonction était pour Truffaut de se démarquer d'un premier succès pour reconquérir sa liberté de créer. Mais on sent qu'il est moins à l'aise dans le genre policier, dissimulant en fait une dimension sentimentale tragique. Film curieux mangeant à plusieurs râteliers à la fois.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Kakemono » Ven 23 Déc 2011, 20:53

Très belles critiques du SdA, chapeau! :super:
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Jules et Jim - 4,5/10

Messagepar Dunandan » Dim 25 Déc 2011, 06:32

Jules et Jim

Réalisé par François Truffaut

Avec Jeanne Moreau, Oskar Werner, Henri Serre

Drame, FR, 1h42 - 1962

4.5/10


Résumé :
Paris, avant la Première Guerre mondiale. Jim, un Français, et Jules, un Autrichien, sont des amis inséparables. Ils tombent amoureux de la même femme, Catherine, mais c'est Jules que Catherine épouse. Après la guerre, Jim rejoint le couple en Autriche. Catherine avoue qu'elle n'est pas heureuse avec Jules, lequel accepte que sa femme prenne Jim pour amant.


Image


Premières impressions

Jules et Jim est jusqu'à présent le plus "Nouvelle Vague" que j'ai vu de Truffaut. Je sais que l'idée de réaliser un tel film est basée sur l'histoire d'amour entre le roman éponyme et le réalisateur, se traduisant à la fois par une voix off qui retranscrit à la virgule près des phrases entières du livre, et par le montage entièrement pensé autour de Catherine, l'héroïne à l'amour libre. Ma première impression a été étrange, un sentiment de déjà-vu, entre un sketch des "Inconnus" (L'hommage au cinéma français : "c'est con ce qu'on dit ! De toutes manières il n'y a plus de spectateurs dans la salle"), et le cinéma de J-P Jeunet utilisant la voix off de la même manière, pour souligner les détails imperceptibles, dans Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (qui cite d'ailleurs abondamment Jules et Jim).

Littérature et émotion

C'est très bizarre la manière dont les acteurs interprètent leurs rôles : on a l'impression qu'ils débitent leurs dialogues par coeur, et qu'ils se forcent à jouer platement (de plus, les voix ont été redoublées par-dessus de manière non synchronisée avec les lèvres). Par conséquent, émotionnellement, on se sent détaché des personnages, non intéressé par leur sort. Pourtant, l'histoire qui lie les trois personnages, autour de l'amour pur représenté par Catherine, est très intéressante, et explore les différents combinaisons des sentiments, terminant avec ce triste constat : il n'y a pas d'amour au dehors du couple, et donc pas de place pour le trio d'amis. La voix off, au débit rapide (trop d'ailleurs, elle m'a fait décroché du fil du récit), censé représenter le tourbillon de la vie, est le seul repère nous permettant d'identifier les sentiments des personnages.

Pas de place pour l'interprétation : le pouvoir aux mots et aux images

Je pense avoir compris la raison du "mauvais jeu" des acteurs : Truffaut veut peut-être rester le plus proche possible de la lettre du roman, pour ainsi donner tout le pouvoir aux mots, et pour cela fait un travail d'épuration dans l'interprétation (autrement dit, il y a une contamination des genres littéraire et cinématographique : les dialogues sont prononcés comme s'ils étaient écrits dans un livre). De leur côté, le montage et la réalisation sont assez étranges (au sens de différents), regorgeant d'idées inventives plus ou moins réussies, dont la liberté de ton est comme calquée sur les moeurs libres de Catherine (par exemple, celle-ci est plusieurs fois figée sur pellicule, comme pour rendre éternelle sa féminité). Plusieurs scènes sont intéressantes à ce titre du point de vue du montage ou de la composition du plan. D'autre part, le "cinéma-vérité" de Truffaut est reconnaissable à travers le réalisme du cadre historique, grâce aux images d'archives et à une reconstitution historique crédible.

En conclusion

Mais au final, qu'est-ce que c'est chiant, et en reprenant les "Inconnus", qu'est-ce que c'est con, car selon moi, entre la littérature et faire du cinéma, il faut choisir. A chacun de se construire une opinion : la réalisation centrée sur Catherine et le choix d'adapter directement la littérature dans les dialogues et la voix-off sont-ils des traits de génie ? Au pire ou au mieux, ça a bousculé ma vision du cinéma, pourtant assez large. Ou bien cette réalisation, malgré ses bonnes intentions, frise-t-elle l'amateurisme, qui se croît intelligente, alors qu'elle nous offre de l'esprit, sans que ce dernier nous parvienne au coeur ? Pour terminer, du point de vue de l'histoire du cinéma et de celle de la Nouvelle Vague, probablement un pilier (avec par exemple Le Mépris de J-L Godard ... que je méprise), mais pour un spectateur comme moi qui cherche à prendre un peu de plaisir, y compris dans l'inventivité et dans l'esprit, c'est très prétentieux pour pas grand chose au final.


Pas forcément un mauvais film, mais je n'adhère pas du tout à son idéologie esthétique qui consiste à tout placer dans l'inventivité visuelle et le respect de la lettre, au détriment de l'incarnation des personnages et des émotions qu'ils dégagent. A mon sens le cinéma ne se réduit pas simplement à des théories ou à un spectacle des sens mais trouve sa place entre les deux.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Alegas » Dim 25 Déc 2011, 11:17

:super:
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