Arsenic et vieilles dentelles |
Réalisé par Frank Capra Avec Cary Grant, Raymond Massey, Jack Carson, Peter Lorre, Priscilla Lane
Comédie, USA, 1h54- 1944 |
8,5/10 |
Résumé : Mortimer Brewster, vient annoncer à ses deux vieilles tantes, son mariage avec la fille du pasteur, quand il tombe sur le cadavre d’un vieil homme caché dans un meuble…
Mon film préféré de Frank Capra qui abandonne le temps de cette œuvre, ses valeurs idéalistes, humanistes et moralistes, pour livrer au spectateur une comédie macabre et burlesque absolument délicieuse.
Adapté d’une pièce de théâtre qui connut un véritable succès à Broadway entre 1941 et 1944, Capra conserve une quasi unité de lieu (le salon de la maison) et une dynamique théâtrale (allée et venue des personnages qui entrent et sortent de la pièce) ce qui lui permet d’enchainer des situations de plus en plus farfelues sur un rythme frénétique. Une sorte d’hystérie collective traverse une comédie des apparences trompeuses qui s’amuse de la folie, de la mort, de cadavres en vadrouille et du meurtre. Derrière le masque de la bourgeoisie et du puritanisme se cache un jeu de mort pour tromper l’ennui.
Arsenic et vieilles dentelles est donc une comédie d’humour noir qui ne s’embarrasse pas de leçon de morale. En effet, Mortimer (Cary Grant) n’a qu’un seul objectif, faire interner son frère Teddy qui se prend pour Roosevelt. Atteint de folie douce, il est le coupable idéal puisqu’il ne peut être tenu responsable de ses actes. Il n’est donc pas question de justice, mais de planquer le mieux possible les cadavres du placard de la famille Brewster dont la prédisposition à la folie est indéniable. L’expression maison de fous prend tout son sens chez les Brewster !
Près de deux heures de huis clos, dans lequel les situations extravagantes et cocasses se succèdent portées par un casting pittoresque. Un Cary Grant absolument génial, complètement survolté et ahurie, est peu à peu gagné par la folie ambiante. Josephine Hull et Jean Adair sont excellentes dans les rôles de ces deux vieilles tantes charmantes et pas si inoffensives. John Alexander campe un Theodore « Roosevelt » Brewster truculent. Quant à Peter Lorre, dans le rôle du chirurgien esthétique Einstein et Raymond Massey, dans le rôle du frère aîné psychopathe Jonathan Brewster, ils volent carrément la vedette à Cary Grant. Un couple docteur/créature qui rend un bel hommage au cinéma d’horreur et plus particulièrement au Frankenstein du studio Universal. Un chirurgien fortement alcoolisé qui a donné à son patient le visage du monstre interprété par Boris Karloff. Capra joue sur cette référence au cinéma de monstres en apportant une touche légèrement gothique à certaines scènes (Jeux d’ombres et de contre-jours, contrastes accentués, ombres portées, visages filmés en courtes focales…).
Ajoutez un chauffeur de taxi qui ne sait plus trop ce qu’il fait là, un agent de police aux élans dramaturgiques, un directeur d’asile ennuyé d’avoir trop de Roosevelt et pas assez de Napoléon, une jeune mariée tenace… et vous obtenez un cocktail détonnant, une comédie grinçante, irrespectueuse et loufoque. Un classique indémodable de la comédie policière américaine.