The Woman
7/10Quand Lucky McKee propose sa vision de la bonne petite famille américaine, le constant est sans concession, passant au mixeur toute l'imagerie ricaine que l'on connait. Le film se révèle assez déstabilisant dans ses ruptures de rythme et surtout dans son approche très frontale de la famille, de la place de la femme et de la pulsion masculine. Estampillé comme un basique torture porn, The woman est bien plus que ça et se veut plutot comme une gigantesque entreprise de destruction de l'american way of life et des codes dont le Hollywood puritain nous abreuve depuis des decennies.
Le pitch, un avocat bien sous tout rapport capture une femme sauvage et décide de la civiliser, non sans mettre au courant sa petite famille.
Après un générique sacrément oppressant (limite flippant meme!), le réalisateur s'emploie à décrire la vie très proprette d'une famille bien sous tous rapport. Au fur et à mesure, le vernis s'écaille laissant rapidement la place à ce père, avocat, gérant d'une poigne de fer "ses" femmes, tout en formant son fils à devenir un enfoiré de première bourre. L'acteur principal est plutot bon tant il se fond dans son role de raclure dominatrice (son physique est idéal d'ailleurs). La capture de la femme ne va faire qu'amplifier cette tendance. La collision avec l'univers d'Alan Ball est d'ailleurs assez saisissante. Derrière les rideaux pastels, les masques tombent et la sauvagerie très basique devient l'apanage des hommes. C'est d'autant plus surprenant que le gamin est logé à la meme enseigne que le père.
Graphiquement, le film reste sage (hormis un sympathique bouffage de doigt) mais cette atmosphère poisseuse teintée d'humour noir et de drame suffit amplement à malmener le spectateur. Le père ne recule devant rien dans sa panoplie du fumier, frappant sa femme, violant son "invitée", réduisant à néant ses filles et distillant de précieux conseils à son gamin. Taxé de thriller misogyne, The woman est au contraire une ode au soulèvement de la femme, cantonnée à un role d'objet pour chaque personnage. Il n'y a qu'à voir la représentation de l'homme qui n'est qu'un magma de violence en fusion dont les pires pulsions sont assouvies sans la moindre crise de conscience.
Le déroulement du film aurait mérité d'etre un peu élagué car la critique de la bonne famille traine un peu en longueur et on a quand meme vite compris le message. Néanmoins, on ne peut pas jeter la pierre à McKee tant il prend soin de développer chacun de ses personnages complexes (la mère prostrée qui refuse de se laisser aller à ses instincts, la fille qui se cherche et le gamin qui a déjà sombré). La direction d'acteurs est d'ailleurs très bonne et j'aime beaucoup le père et le gamin, parfaitement à l'aise dans leurs roles de...Le rythme s'emballe lors de l'arrivée de la prof. Et là je dois dire que l'on bascule dans un truc hyper surprenant que l'on aurait jamais pu imaginer. Non content d'etre un vrai enculé avec sa famille, le père montre une tout autre facette pour le moins surprenante et destabilisante. Ca verse donc dans l'horreur la plus frontale avec une ambiance très Texas chainsaw. J'en dirais pas plus, mais les amateurs de viscères (j'ai kiffé évidemment
) seront aux anges une fois passé la surprise. Cette rupture de ton donne un regain d'interet et permet de cloturer le film sur une note nihiliste qui aura le mérite de décrire, de la manière la plus abrupte qui soit, le soulèvement de la femme tant attendu.
Déstabilisant, ampoulé parfois mais loin d'etre inintéressant, ce The woman n'est pas l'électrochoc annoncé. Il s'agit plus d'un authentique drame horrifique qui a vraiment quelque chose à dire et surtout à montrer. Voici donc un film de genre qui se prend la tete (avec un vrai fond à défendre) sans jamais oublier sa fonction première. J'adhère complètement.
Quel petit salopard...