L'auberge du dragon |
Réalisé par Raymond Lee et Tsui Hark |
7/10 |
Résumé :
Un scénario simple propre au western italien, mariné de sauce chinoise
Ce type d'histoire rappelle immédiatement le genre du Western italien, mais mariné dans de la sauce chinoise. Pour la référence, ça se passe dans un désert, et la dynamique du film repose d'une part sur deux camps opposés immédiatement identifiables par leurs intérêts et leurs gueules, et d'autre part sur un personnage qui ne défend aucun idéal, mais qui simplement s'incline devant ses propres intérêts, en acceptant chacune des propositions des deux groupes. On a l'impression d'être dans un film de Leone. Par contre, deux choses nous changent bien du Western italien : le style des combats, et le triangle amoureux. D'abord, les combats sont biens barrés bien que d'une visibilité inégale. Ensuite, les saltos, les armes blanches (sabres, flèches, et fléchettes) et les poings et pieds remplacent les armes à feu des cow-boys. Et enfin, il y a un triangle amoureux, ce qui n'existe pratiquement pas, sauf tourné en dérision (même si ici il y a aussi pas mal d'humour, avec par exemple son fameux : "montre-moi ton tunnel !"), dans le Western italien.
Parmi les personnages intéressants, on retient bien sûr les deux femmes, tout à fait centrales, puisqu'elles sont au coeur du triangle amoureux avec le rebelle (ce n'est pas pour rien que L'auberge du dragon soit mis dans le même coffret que Green Snake, puisque la structure est pratiquement la même, avec le personnage de l'aubergiste qui deviendra elle aussi adulte lorsque son alter-ego féminin décédera), lequel doit trouver l'équilibre entre son coeur et ses intérêts (l'aubergiste connaît une information qu'elle partagera seulement en échange d'un mariage). Il y a aussi le cuisinier-barbare, qui offre une prestation bien drôle avec son hachoir : il apporte vraiment un plus au film, en préservant une certaine folie, même pendant la partie un peu ronflante.
Une réalisation de haut niveau, aidée par la présence de Tsui Hark à la co-réalisation
Concernant l'esthétique des combats, je retiendrais d'abord le joli duel nocturne de vol mutuel des vêtements de la part des deux présences féminines, avec Maggie Cheung assumant l'un des deux rôles et jouant le même type de fille superficielle que dans Green Snake, et ensuite le dernier duel, vraiment de toute beauté et parfaitement filmé, se produisant sous le soleil et dans une tempête de sable. Le surréalisme du dénouement m'a agréablement surpris.
Passons à la musique, qui hésite entre le style du western et celui de la romance : le premier aspect est excellent, mais le second plombe parfois un peu l'ambiance avec la stridence de ses violons. C'est dommage que le passage d'un style à l'autre ne soit pas mieux pensé. Mais ce n'est pas catastrophique non plus.