Contagion de Steven Soderbergh
Contagion s’éparpille autant que son virus, aussi vite vu aussi vite vacciné.
Contagion est une parabole du cinéma de Soderbergh qui tel un virus qui se répand sur tous les genres, tournant de manière boulimique, cherchant constamment le meilleur hôte pour ses connaissances techniques, Soderbergh frôle l’overdose quitte à ne plus savoir ou donner de la tête.
Ici la multiplication de personnages annule toutes possibilités de s’attacher au récit, avec près de 10 personnages principaux à l’écran chacun se voit sacrifié par une succession de mini-scénettes pour englober le propos mondial de sa contagion. A l’exception d’Altman et PTA, l’exercice choral est toujours synonyme d’échec d’autant plus frustrant lorsqu’on réunit un casting si prestigieux. On sera reconnaissant à Soderbergh de se débarrasser si rapidement de son maillon faible Gwyneth Paltrow osant même une dissection seule fulgurance osé du film.
En terme de réalisation Soderbergh n’a plus rien à prouver, il délivre un travail précis autant sur les jeux de lumières d’un présent bleuté froid aux flashbacks chaleureusement jaunâtre, la variation d’angles de caméra et un montage rythmé collé à la bande son électro de Cliff Martinez fait que l’ennui n’a pas le temps de pointer le bout de son nez.
Du coup les personnages aussi n’ont pas le temps d’exister, Soderbergh ne délivre que des scènes d'une sobriété clinique. Contagion offre un constat théorique, scientifique, glaçant plus proche d’un documentaire fiction que d’un film, annihilant toute possibilités humanité.Le problème de Contagion est clairement son scénario qui par soucis de réalisme mondial délaisse ses acteurs cinq étoiles.
Comme la démontré Spielberg dans le plus grand exercice du genre, la guerre des mondes, prendre le point de vue de la cellule familiale tentant de survivre est le meilleur moyen de créer de l'empathie pour traiter une invasion ou une épidémie. Ici ce sont les pères de famille qui ont le plus beau rôle soit à travers Matt Damon en père de famille veuf, paranoïaque ou David Fishburne qui abuse de son pouvoir pour protéger ses proches, les pistes et interprétations les plus intéressantes qui méritaient d’être explorés.
Mais à l’image d’une Kate Winslet professionnelle qui disparait brutalement, Contagion détruit tout son potentiel en accumulant les personnages factices, dont la majorité sont des prétextes à créer du suspense mais Contagion peine insérer de la tension malgré toutes ses tentatives raté d'une Colltilard à l'accent écorché et kidnappé, au blogueur Jude Law à dentition arrêté.
Au bout 1h20 le scénariste ne sait plus quoi raconter, Contagion finit sur une dernière pirouette scénaristique pour finir au plus vite le film montrant tout le désintérêt de Soderbergh pour son sujet. Le vaccin impossible à mettre en place avant des mois, voir des années se retrouve comme par magie sur le marché grâce à une belle ellipse, on voit à peine la population s’arracher les premières doses et la loterie se mettre en place que Contagion finit sur un joyeux happy end de familles comme si rien ne s’était passé. Les scènes de foule apocalyptique sont réduit au strict minimum, un film avare sous couvert d'une approche réaliste.
Contagion, un film catastrophe sans catastrophe tout un concept.
5/10