American PsychoAu coeur des années Reagan, Patrick Bateman est un pur produit de la réussite américaine, archétype du trader. Jeune, riche, il est un de ces golden boys qui triomphent à la bourse. Seul le nec plus ultra est digne de lui et il s'emploie à ne retrouver que des symboles qui lui renvoient une image de succès. Il accumule, avec une obsession maladive, les vêtements selects, les relations enviables. Son voeu le plus cher est de se fondre dans cette foule, de trouver sa place au milieu de ceux auxquels il s'identifie.
Critique :Film que j'avais vu au ciné à l'époque un peu en touriste et qui m'avait pas mal marqué par son coté mega déjanté. Comédie trash satirique réalisée par Mary Harron.
Le film a un coté caustique et caricatural qui le rend très plaisant et drôle à regarder avec ces hommes d'affaires standardisés qui se coiffent, s'habillent pareils et se confondent les uns les autres...
C'est une bataille permanente de l'apparence : combat de la plus belle carte de visite, de la plus belle cravate, du plus bel appart, du plus beau costard !
Christian Bale est méconnaissable, avec un corps très affuté, un visage un peu moins creusé que d'habitude, mais des expressions excellentes surtout vers la fin du film où Patrick Bale pète carrément les plombs.
Marrant que le coté travail soit peu évoqué, on a l'impression que ces yuppies ne vont au travail mais ne travaillent jamais et passent leur temps dans des repas d'affaires select ou à s'échanger de bonnes adresses.
Cette lutte constante sur l'apparence et la possession produit forcément des tensions entre les hommes d'affaires et ils font mine de bien se connaitre et d’être amis mais il n'en est rien.
Le film présente la femme comme une sous race, une sorte d'accessoire ou d'objet sexuel qu'on s'échange comme des images paninis, mais pour eux elles n'ont rien dans la cervelle et ne sont qu'une simple distraction.
Ces golden boys n'arrivent pas à nouer une relation sérieuse et collectionnent les aventures sans lendemain ou vont carrément chercher une professionnelle dans la rue.
Ces yuppies sont haïssables, camés, shootés aux stéroïdes, méprisant tous ceux qui ne leur ressemble pas : femmes, noirs, pauvres...
Bateman évolue dans un appartement tout blanc chirurgical , glacial où tout doit être à sa place et en aucun cas être dérangé, en revanche son esprit est dérangé avec un décallage entre sa pensée et ses actes : il regarde Massacre à la tronçonneuse pendant ses exercices du matin, mate un porno en commandant une table de restaurant..
Patrick Bateman est donc le personnage central de l'intrigue qui à première vue s'intègre parfaitement à ce monde de clones masculins, sauf que pour lui la perfection en tous domaines et la performance tourne à l'obsession.
On assiste à ses rituels de soins de beauté et séances d'entretien sportif pour rester au top. Le grand soin qu'il prend pour conserver tout ce qu'il possède de façon minutieuse, et qu'il est en permanence à la recherche du top du top en ce qui concerne les choses superficielles, mais tout ce qui est coté sentimental çà lui est étranger et il le fuit farouchement.
Une belle critique de la société actuelle même si ici le film se passe à l'époque de Ronald Reagan, avec la superficialité, la convoitise de ce que les autres possèdent, le coté bling-bling...bref, être le premier à posséder la dernière connerie à la mode qui ne sert à rien.
Bateman est un pantin parmi d'autres avec les méprises d'identité répétitives dans ce monde factice où tout le monde est interchangeable et Bateman va se servir de celà pour dissimuler ses actes meurtriers.
A coté de cette vie qui se veut proche de la perfection, se cache un homme empli de vices : sexe, drogue, avide de pouvoir et cinglé.
On nous décrit un Patrick Bateman fan de musique ringarde et qui aime partager cette passion honteuse avec ses victimes, car il sait qu'elles ne pourront pas le raconter par la suite.
Enorme contraste entre une ambiance austère à la Gattaca où pas un cheveu ne dépasse et le vrai Patrick Bateman qui se lâche complétement une fois chez lui et en dehors de son milieu professionnel.
Il engage plusieurs nanas et s'adonne à des jeux sexuels où lui seul à la maitrise de la situation est le maitre du monde le temps d'une soirée.
Scènes vraiment barrées avec un Bale avec une belle prestation qui passe de l'homme parfait au fou dangereux en quelques secondes. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Patrick Bateman ne commet pas des crimes avec minutie à la Dexter, mais c'est plutôt "massacre à la tronçonneuse" ou "shining".
Un coté très exubérant du personnage qui est refoulé le jour et ressort le temps d'une soirée.
Des scènes très déjantées et plaisantes à regarder car c'est vite du grand n'importe quoi.
Un Personnage qui est donc loin de la caricature que reflète son apparence mais qui en fait a de vraies failles et des vices qu'il aime faire exister lors de son temps libre, c'est un échappatoire à son quotidien. C'est un peu à l'image de Christian Troy de Nip/tuck qui est superficiel et accro au sexe.
Le film montre que la folie peut toucher n'importe qui même dans les plus hautes sphères de la société et qu'un psychopathe peut se cacher derrière n'importe qui.
Film assez divertissant avec un humour noir omniprésent et une critique de la société basée sur l'apparence, le pouvoir et le réseau professionnel laissant les vraies relations humaines de coté. Des hommes d'affaires refoulés dont Bateman qui devient un vrai vampire une fois la nuit venue. Version édulcorée du livre avec une fin qui nous laisse sur une interrogation réalité ou fiction ?