Vera Cruz Robert Aldrich - 1954
Mexique 1866. Alors que la révolution fait rage, l’empereur Maximilien (George Macready) engage le bandit Joe Erin (Burt Lancaster) et un ancien officier de l’armée sudiste Benjamin Trane (Gary Cooper), tous deux réfugiés au Mexique, afin de convoyer la comtesse Marie Duvarre (Denise Darcel) jusqu’à Vera Cruz.Aldrich en bon touche a tout de génie ( bein oue il a un des meilleurs film de guerre :
Attack, un des meilleurs films noir : Kiss me Deadly, LE film de Commando : Dirty Dozen et tout plein d'autres trucs tres bien ) a donc essayé le western et avec succès.
Second western de l'année 54 de Aldrich, le premier était déjà avec Lancaster : Bronco Apache ( le duo fera même encore équipe pour un dernier western très sombre
Fureur Apache ).
Western plutôt atypique pour l'époque et l'un des westerns qui va marquer la tournure que va prendre le genre, ce film perverti le genre par l'intérieur, Léone n'est pas encore arrivé et pour le moment les westerns ne mettent pas en vedette des cow boys au intentions pas très louable et plutôt violent, on est loin des défenseurs de la veuve et l'orphelin, Lancaster incarnant vraiment une ordure ( auquel on s'attache tout de même ), bon la fin revient mettre de l'ordre dans tout ça quand même avec le bien qui l'emporte, mais la voie était ouverte pour des westerns plus nihiliste ( le travail psychologique sur les personnages est clairement une influence majeur du spaghetti ici l'amitié et la loyauté n'existe pas seul l'appât du gain motive les personnages ) ceci dit la fin est loin d'être un happy end, Cooper se retrouvant seul et sans or, il a été obligé de tuer son ami on sent vraiment la détresse de son personnage.
Le plus fou c'est que le script a été une improvisation presque total, ça avançait au jour le jour et ça s'en ressent pas.
Le cadre aussi est nouveau pour l'époque, la révolution mexicaine n'ayant presque jamais été traité auparavant et ça donne lieu à de drôle de scène comme des cow boys passant devant une pyramide.
Le film réserve même quelques scènes plutôt violente pour l'époque ( Lancaster qui achève un soldat, bon hors champs c'est vrai, et la comtesse qui flingue a bout portant avec même un plan sur ce headshot plutôt furtif mais bel et bien graphique ).
La réalisation de Aldrich est très bonne, très moderne même avec un assaut final pétaradant ( qui préfigure bien le style énergique de Aldrich dans Dirty Dozen et qui fait penser à La Horde Sauvage via l'emploi de la gatling ), le duel final tient toute ces promesses et il préfigure le style des futurs chef d'oeuvre de Leone et avec une sur-mise en scène ( Boetticher reprendra le mêmes tics de montage dans
7 Hommes à abattre ), les scènes d'action sont bien énergique et lors du plusieurs plans assez long Aldrich promène sa camera le long du convoi et ça rend vraiment bien, il utilise toujours à bon escient ses travelling et j'adore le 360 qui suit le regard de Lancaster.
Le film est dominé par la magnifique interprétation de Burt Lancaster qui trouve ici un des ces meilleurs rôles avec son sourire carnassier et sa gueule de crapule crasseuse, un pur anti héros cynique, un peu le même type de personnage que dans les professionnels mais en plus vénale et surtout en plus enculé ( l'amitié y connait pas, seul le fric compte ), il est tour à tour désinvolte ( "c'est son cheval" ou la scène du bal vraiment génial ), charmeur ou violent c'est THE influence pour tout les futurs personnages de anti héros des spaghetti, Gary Cooper peine presque a exister lors de leur scène commune tant Lancaster bouffe l'écran, enfin ça reste Le Coop, il a une vrai présence et stature et il est vraiment bon lui aussi ( et puis son personnage est loin d'être manichéen alors oui c'est le good guy ( dans la plus pur tradition du genre même, un homme d'honneur et toujours droit ) mais quand au début du film il a le choix entre combattre pour une cause et combattre pour de l'argent son choix est vite fait, son passé de sudiste lui ayant fait perdre tout ses espoirs ) et c'est rare pour l'époque d'avoir un western où on peut s'identifier à 2 personnages dont l'un est quand même un beau salaud ( il abat froidement un des ses équipiers ) on reste plus attiré par Lancaster que Cooper, dans le reste du cast on retrouve quelques têtes connus dans des rôles très secondaires : Ernest Borgnine ( fidèle de Aldrich qui lui donnera un des ces meilleurs rôles dans
L'Empereur du Nord ), Charles Bronson crédité ici encore avec son vrai nom Charles Buchinsky et qui joue de l'harmonica pendant tout le film, Jack Elam second rôle appréciable du genre et une petite mexicaine très appétissante, d'ailleurs les 2 personnages féminins sont plutôt intéressant eux aussi, 2 belles manipulatrices très réussit.
Un grand western et un film précurseur d'un genre alors en plein changement, pas mon Aldrich préféré tout de même, au travers ce film on sent clairement l'influence qu'il a eu sur Leone ( et pour une fois Leone ne s'en cache pas puisqu'il a reconnu adoré Vera Cruz ) et Peckinpah ( et même De La Iglesia qui lui rend hommage avec son climax final dans
Perdita Durango et puis si il ne faudrait qu'une raison de voir ce film c'est définitivement Burt Lancaster.
8,75/10