Drive de Nicolas Winding Refn
(2011)
Clairement la grosse claque de l'année avec Tree Of Life, le petit génie Nicolas Winding Refn revient en force avec ni plus ni moins que son meilleur film. Après une trilogie Pusher excellente, un Bronson un peu trop enfermé dans l'exercice de style et un Valhalla Rising étonnant, Drive représente véritablement la quintessence du cinéma de son auteur, avec la violence caractéristique de ses premiers films (très inspirée du cinéma coréen pour le coup) et une lenteur formelle que l'on pouvait déjà distinguer dans ses deux derniers longs-métrages. Et si ceux-ci pouvaient déstabiliser de par une recherche d’identité évidente, Drive s'impose clairement comme l’œuvre la plus mature de Nicolas Winding Refn et surtout la plus intéressante puisqu'elle s'éloigne presque totalement de ce qu'il a pu faire auparavant. Avec ses apparences de série B musclée, Drive cache en réalité une histoire d'amour touchante, véritable colonne vertébrale du film, qui définira chaque acte du héros inconnu joué par un troublant Ryan Gosling. A l'instar de Valhalla Rising, la psychologie des personnages est travaillée non pas par leur passé respectif (il n'est jamais totalement expliqué) mais bien par les actions commises dans le film lui-même. Le Driver, héros typiquement melvillien d'apparence (on pourrait faire de nombreux parallèles entre lui et le personnage d'Alain Delon dans Le Samouraï), est en réalité une ombre qui cache bien son jeu et qui remettra en cause la totalité de ses principes via la rencontre d'une femme et de son enfant. Par eux, il touchera du bout du doigt le temps de deux scènes le rêve non pas américain mais bien humain, celui de connaître le bonheur auprès des autres par l'amour. Pourtant, Driver est enfermé dans sa propre condition, il vit uniquement pour conduire et ainsi risque sa vie en travaillant clandestinement pour la mafia de façon indirecte. Dans ce milieu, aucuns amis véritable, seule une figure paternelle subsiste, bien qu'elle ne sera montrée comme tel que lorsqu'elle touchera à sa fin. Ainsi, et malgré une apparence simpliste, Drive est un film dense, ponctuée de scènes magnifiques et véritablement marquantes. La séquence de l'ascenseur vaut à elle seule la vision du film, révélant non seulement le plus beau baiser de cinéma de ces dernières années mais aussi un personnage torturé entre sa condition d'origine et son envie de vivre pour les plaisirs simples. Magnifié par une bande-son magistrale et un casting qui l'est tout autant (Carrey Mulligan est ici nullement insupportable contrairement à plusieurs de ses rôles précédents et Ryan Golsing prouve encore une fois tout le bien que je pense de lui), Drive est tout simplement l'un des plus beaux films de l'année 2011. Un énorme coup de cœur donc qui laisse présager un avenir très prometteur pour Refn, l'un des cinéastes les plus intéressants de ces dernières années.
NOTE : 9,5/10