Minority ReportSynopsis :A Washington, en 2054, la société du futur a éradiqué le meurtre en se dotant du système de prévention / détection / répression le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au coeur du Ministère de la Justice, trois extra-lucides captent les signes précurseurs des violences homicides et en adressent les images à leur contrôleur, John Anderton, le chef de la "Précrime" devenu justicier après la disparition tragique de son fils. Celui-ci n'a alors plus qu'à lancer son escouade aux trousses du "coupable"...
Mais un jour se produit l'impensable : l'ordinateur lui renvoie sa propre image. D'ici 36 heures, Anderton aura assassiné un parfait étranger. Devenu la cible de ses propres troupes, Anderton prend la fuite. Son seul espoir pour déjouer le complot : dénicher sa future victime ; sa seule arme : les visions parcellaires, énigmatiques, de la plus fragile des Pré-Cogs : Agatha.
Critique :Film qui figure dans mon Top 5, de part sa réalisation et son scénario très intelligent. Difficile de trouver des défauts à ce film de SF. Peut être un peu trop de complexité pour le public peu habitué à la SF.
Tonton Spielberg nous plonge dans le futur, un futur froid mélangeant scènes d'action et coups de théatre dans une ambiance futuriste en s'inspirant de classiques "strange days", "totall recall".
Dès le début du film, la machinerie est lancée avec une explosion d'images et de technologies qui peut perturber le spectateur qui se demande comment sont les rouages du pré-crime.
Alternance de plan sur l'écran futuriste puis demi-tour sur l’enquêteur Tom Cruise qui essaye de se plonger dans les images pour mieux les décoder. Une musique classique démarre et Tom se met à agiter ses gants magiques pour faire parler les images du pré-meurtre. Une claque d’ingéniosité et de technologies, visuellement très design et utilisées de façon harmonieuse dans une ambiance bleue et blanche.
Puis, on commence à décoder le fonctionnement du pré-crime avec un apercu pré-cogs.
Contraste saisissant entre le monde froid et technique de la police avec des bureaux dignes de chambres stériles, ultra modernes et sécurisés où pas un cheveu ne dépasse et le quotidien banal du quidam avec ses aléas, le foutoir de la vie quoi !
Enfin, l'équipe de flics se met sur le départ pour empêcher un meurtre passionnel signifié par la boule rouge, et on s'aperçoit que leur technologie d'anticipation des crimes n'est pas 100% au point, et que l’enquêteur doit décoder les images et les indices et qu'il n'a pas toutes les clés du futur.
Néanmoins sur cette 1ere intervention, le flic ne s'est pas trompé et la mission est réussie avec une arrestation du futur coupable assez musclée et violente.
Un petit aperçu de la souffrance des pré-cogs et du phénomène des échos, des coulisses du système.
Spielberg insère ensuite une pub ultra cliché sur le pré-crime où tout le monde est beau et content de ce système, très caricatural et une petite touche d'humour. Des pubs qui permettent de faire un petit lavage de cerveau aux gens. Les pubs "prises de tête" reviennent régulièrement dans le film pour nous rappeler que la société de consommation et de profits est omniprésente. Et ces pubs sont même personnalisés en fonction du sujet par scan de l'iris, permettant aussi une localisation de l'individu.
Un petit hommage à Blade Runner niveau pub dans un univers un peu moins sombre. et puis, çà permet un gros sponsoring aussi (gap, pepsi, lexus, nokia..)
Mais dans ce monde si parfait sans crime, l'inspecteur John Anderton qui a tout pour réussir est en fait loin d’être le flic idéal, il est camé, hanté par son passé qu'il se repasse en boucle. Il souffre de sa solitude dans un grand appart ultra moderne.
Encore une claque visuelle, avec la projection d'hologramme en 3D et le jeu de caméras tournoyantes qui donne un aspect très fluide aux images.
L'employé du ministère de la justice Ed Witwer (Colin Farrell ) est présenté comme un inspecteur, empêcheur de tourner en rond, une sale fouine qui doute du système du pre-crime. Il cherche la faille du système.
Puis, Agatha livre une vision à Anderton, et il part à l'origine de ce crime dans les archives qui est une sorte de prison avec des hommes rangés dans des tubes maintenus en vie de façon artificielle.
Une sorte d'orgue humain où Anderton trouve des "trous" anormaux dans les archives.
Puis, une 2eme affaire de pré-crime est en marche, même topo Cruise découvre les bribes d'images et s'aperçoit que c'est lui le meurtrier, son destin bascule...le poursuivant devient le poursuivi.
Course poursuite sur l'autoroute très futuriste à l'horizontale comme à la verticale.
A ses trousses ses ex-collègues et Colin Farrell.
Une jolie scène de poursuite entre Tom et les jet-pack pleine d'action, de rythme et d'humour, suivie de celle avec C.Farrell mano a mano dans la chaine de fabrication d'une usine de voiture bien trippante aussi.
Le scène de l'opération clandestine des yeux est aussi bien glauque avec des conditions d'hygiène proche de zéro dans un immeuble insalubre avec l'excellent Peter Stormare (John Abruzzi dans prison break). Je déteste les écarteurs de paupières qui sont de vrais instruments de torture et un clin d’œil envers Orange Mécanique. Puis, les machines araignées scanneuses qui débarquent au fin fond de votre vie privée sans prévenir avec des plans en travelling au dessus des parois des appartements qui sont comme des cages à lapins.
Le film peut paraitre très froid dans cette ambiance super design et moderne mais Spielberg a su ajouter de la légèreté dans le récit avec quelques touches d'humour disséminées à bon escient pour que l'ambiance ne soit pas trop pesante (genre Tom qui court après ses yeux...).
De nombreux plans sont des plans de dos où on suit les protagonistes dans leur évolution, nous sommes les suiveurs au cœur de l'action.
La mise en scène nous offre du grand spectacle dans les scènes d'action, mais laisse par aussi à la réflexion face à ce scénario alambiqué mélangeant science fiction et thriller.
Les thèmes abordés sont intéressants sur le destin.Est-on maitre de son destin ou doit on le subir ?
Reflexion sur le devenir du monde et de sa sécurité, de la liberté de l'individu, des limites de la technologie, esclavagisme de quelques cobayes pour le bien être de l'Humanité.
L'intrigue est hallucinante de complexité et d'intelligence qui reste constante de A à Z et cet univers parait crédible.
Le personnage de Ed Witwer (Colin Farrell) est celui qui trouve l'énigme et la manipulation possible du système pre-crime. Dommage que celui-ci soit un peu vite effacé.
Tom Cruise assure dans le rôle principal tout en justesse sans en faire trop, mais son personnage qui à la base est dérangé et junkie ne montre pas son coté sombre, on ne fait que l'évoquer.
L'auteur Philip K. Dick impose un coté sombre et pessimiste à cet univers d'anticipation inquiétant tandis que le coté optimiste de Spielberg reprend le dessus avec une fin sentimentale.