[francesco34] Mes critiques en 2011

[Alegas]

Time Out
d'Andrew Niccol (2011)



Dans le futur, l'argent a été remplacé par le temps. Les gens vivent 25 ans puis cessent de vieillir, mais à ce moment là leur compteur de temps s'active et ils ont un an devant eux. Travailler permet de gagner du temps, mais les factures en coûtent. Les pauvres du ghetto vivent ainsi souvent au jour le jour, ayant rarement plus de 24h à la fois. Avoir une semaine ou un mois, ce serait risquer de se faire voler et tuer... A l'inverse dans les quartiers riches, certains cumulent des siècles, des millénaires, voire des millions d'années...

Niccol continue d'exploiter le filon entammé avec le sublime Gattaca sur les dérives d'une société futuriste, totale parabole des dérives de la société capitaliste actuelle. C'en est presque un manifeste alter-mondialiste!
Sur une trame assez réjouissante, le scénario exploite l'idée de départ vraiment à fond, avec toutes les implications qui se présentent: on joue son temps (donc sa vie) sur une partie de poker, une voiture de luxe coûte 50 ans, les barrages pour arriver au quartier ont des péages qui coûtent des mois, les sociétés de crédit vendent du temps avec un taux d'intérêt de 30%, etc... La description du système et de ce monde est extrèmement bien écrite et représente le centre d'intérêt majeur du film. Ca reste captivant de bout en bout sur ce point.
Le film se veut aussi plus ludique que Gattaca, et nous propose donc du spectacle, avec la fuite des 2 amants que tout sépare (le pauvre qui n'a jamais eu plus de 24h devant lui, et la fille de l'homme le plus riche du coin), poursuivis par un flic surnommé Gardien du Temps. Une construction en thriller donc, à la Bonnie & Clyde, les 2 amants devenant des braqueurs se prenant pour Robin des Bois.
Cette partie n'est pas désagréable et plutôt bien réalisée, mais très classique et sans grande surprise. Très peu d'osmose aussi dans le couple principal Timberlake/Seyfried dont on ne sentira jamais vraiment la passion.
Un très bon thriller d'anticipation néanmoins, grâce à sa description d'un univers très détaillé, et finalement très proche de notre réalité actuelle.

7.5/10

[Milkshake]

On a le même avis, le coup des taux d'intérêt j'ai trouvé ça bien malin dommage que le duo fonctionne pas plutôt faute au scénario de Niccol qui leur donne pas de scène intéressante.

[Tyseah]

Ah ouais 9 à Breaking News, j'sais pas si j'aurais mis autant, même si j'y connais que dalle. Faudra que je le revois, belle critique.

[Dunandan]

ça me donne envie de Time out. J'ai adoré Bienvenue à Gattaca, ce qui risque de m'inciter à le voir !

[francesco34]

Le tigre de jade
de Chu Yuen (1977)



Deux écoles ennemies d'art martiaux s'affrontent depuis des décennies. Les Tang mettent à prix la tête du chef de l'école Zhong. Celui-ci est aussitôt retrouvé décapité, trahi par son général. Le fils décide alors de partir venger son père, mais sa quête va s'avérer plus compliquée qu'il n'y parait.

Une production de la Shaw très classique dans sa conception, avec ses décors en studio qui ont toujours ce cachet très particulier (on apprécie... ou pas) et son lot de combats. J'avoue qu'au début du film j'étais assez dubitatif, ayant simplement l'impression de voir une énième déclinaison du sempiternel thème de la vengeance ("c'est un devoir pour un fils de venger son père"). Mais le film s'avère finalement bien plus malin que ça grâce à un scénario qui ne ménage pas les rebondissements en tout genre. Un vrai jeu de faux-semblants qui vire au jeu de massacre et conduit vers une fin tragique qui tend à défendre plutôt le pardon que la vengeance, vu les résultats engendrés par celle-ci. Avec une très jolie réplique: "on venge aujourd'hui nos morts d'hier, demain on vengera nos morts d'aujourd'hui, et quand vengera-t-on nos morts de demain?"
Pour ce qui est de la mise en image c'est assez soigné. Les acteurs sont tout à fait convenables bien que les combats paraissent un peu mous ou approximatifs par moments. Mais dans l'ensemble c'est pas mal de ce point de vue là également, même si on atteint pas des sommets.
Pas d'originalité ou de coup d'éclat dans la réalisation donc, mais celle-ci sert bien un scénario astucieux qui nous tient jusquau bout.

7/10

[Alegas]

Or noir
de Jean-Jacques Annaud (2011)



Dans les années 30 en Arabie, des américains trouvent du pétrole dans une région neutre, divisée entre 2 clans rivaux depuis 15 ans. L'un des sultants voyant là l'occasion de faire fortune va rompre le traité.

Film d'aventure à l'ancienne, cet Or Noir a tout du film de bon élève. Très appliqué dans sa réalisation, avec une belle photo, de grands mouvements de caméra, des figurants, de beaux décors, une musique symphonique, des grands sentiments et un destin hors du commun, Annaud lorgne clairement du côté de Lawrence d'Arabie. Evidemment il n'égalera jamais la fresque de Lean, même si son film a quelques qualités.
Côté scénario on tient là un sujet intéressant, qui explore les vues antagonistes dans une région du monde qui accuse un retard technologique évident sur l'occident. D'un côté un sultan progressiste (Banderas), qui voit dans le pétrôle l'opportunité de s'enrichir personnellement, mais aussi de faire évoluer son royaume vers la modernité, construire écoles ou hôpitaux. De l'autre côté un sultan enfermé dans un passé qu'il refuse de quitter (Strong), adepte des valeurs ancestrales de son peuple et qui voit dans tout ce qui est étranger l'oeuvre du diable. Un peuple qui va jusqu'à proscrire l'utilisation des médicaments. Un comble pour ces gens qui ont été les précurseurs de la médecine moderne et qui avaient, au moyen-âge, des siècles d'avance sur nous dans le domaine.
Bien entendu les 2 vues ne pouvant se concilier, on part vers l'affrontement.
Côté interprètes, on savait que Banderas pouvait jouer sans problème les princes arabes (cf Le 13ème guerrier), mais il n'était pas évident de voir Mark Strong dans un tel rôle. Il s'en sort plutôt bien. Le problème venant plutôt de Tahar Rahim qui joue comme une endive, sans charisme et avec un ton monocorde agaçant. Ca correspond bien à son personnage effacé et timide du début du film, mais ça pose davantage problème quand ce personnage deviendra un grand leader arabe...
Ensuite le film a les défauts de ses qualités: à faire de belles images on finit par avoir l'impression d'une Arabie de carte postale, bien proprette. La musique est signée Horner qui nous pond un thème sans originalité, et s'inspire grandement de sa propre partition du Masque de Zorro dans les arrangements symphoniques.
Un film auquel il manque le souffle de l'inspiration et de l'épique, soigné mais manquant de passion.

6/10

[Scalp]

Tu verras Chu Yuan c'est pas le meilleur, il a fait de bien meilleurs trucs, les meilleurs shaw même.

[Heatmann]

j'aime bien ce que tu dit de Or noir par contre il est pas du tout annoncer en uk pour l instant

[francesco34]

Tu verras Chu Yuan c'est pas le meilleur, il a fait de bien meilleurs trucs, les meilleurs shaw même.

J'en ai quelques autres de lui sous le coude, comme La guerre des clans et Le complot des clans.
Si tu as des suggestions je suis preneur, parce qu'il a une filmo longue comme le bras

[Scalp]

Tu peux aussi rajouter Convict Killer, Intimate Courtisan et Le Sabre Infernal

[francesco34]

ok c'est noté

[pabelbaba]

Surtout Le Sabre Infernal!

[Dunandan]

Taï-Chi Master
de Yuen Woo Ping (1993)



2 bonzes élevés ensemble depuis leur plus jeune âge sont liés comme des frères. Chassés du monastère pour cause de mauvaise conduite de l'un des deux, ils vont découvrir la vie civile. Très vite le plus agité des 2 va désirer pouvoir et richesse, tandis que l'autre veut garder une ligne de conduite morale et bienveillante.

Alors un film qui me partage selon l'angle de vue. Yuen Woo Ping oblige, les combats sont spectaculaires et les chorégraphies ingénieuses, avec quelques artistes martiaux du plus haut niveau: Jet Li, Michelle Yeoh mais aussi Chin Siu-Hou dans le rôle du frère ennemi.
Néanmoins on pourra reprocher aux combats certains effets trop appuyés, comme lorsque le méchant expédie ses hommes dans les airs comme projectiles à la fin...
Le problème du film tient beaucoup en un scénario plutôt manichéen, avec des personnages très gentils ou très méchants. Peu de subtilités d'écriture, alors même que je découvre pas mal de films de la Shaw Brothers ces derniers temps qui au contraire rivalisaient d'ingéniosité et de subtilités 15 ou 20 ans auparavant. Le passage du côté obscur du méchant frère me rappelle celui d'Anakin dans La revanche des Sith (Lucas s'en serait-il inspiré?): trop rapide, trop appuyé, et sans une once de remords, le mec élevé par les moines devient une impitoyable machine à tuer, cruel, qui éxécute des enfants et n'hésite pas à tuer la femme qu'il désire pour plaire à son maitre... Malgré son ambition démesurée, on a peine à y croire...
Autre point noir, le film alterne des séquence d'humour burlesque souvent en porte-à-faux avec le contenu tragique et violent de l'histoire. Burlesque avec tout le surjeu que ça implique, particulièrement quand le personnage de Jet Li devient provisoirement gogol... Ca m'a rappelé les mauvais moments du Syndicat du crime 2... Autant certaines scènes humoristiques du début passaient bien, comme l'entrainement des moines quand ils s'amusent à se casser des briques sur la tête vraiment drôle, mais plus tard dans le film film ça dérange plus qu'autre chose, et ça peine à faire rire.

Bref quelques (très) grandes séquences de combat, mais hélas saupoudrées d'un humour pas toujours convainquant et d'un scénario trop simpliste.

6.5/10

[pabelbaba]

Ahhhhh, la baston avec les bâtons dans le temple à 2 contre tous les moines... Un des plus grand combat de l'histoire du cinéma!

[francesco34]

Ah de ce point de vue là rien à redire, les combats sont top niveau