7/10
Burning Paradise de Ringo Lam - 1994
Quand on voit le titre du film et le pitch jamais on ne pourrait penser que c'est un film de Ringo Lam tant le gars s'est construit sa carrière (et quelle carrière) sur un seul genre : le polar hardboiled.
Ici il s'attaque au WXP mais il ne perd pas ses habitudes et c'est donc bien hardboiled. Le projet a d'abord été proposé à Tsui Hark qui a refusé faute de planning et il a donc proposé le film à Lam à qui a priori ( chose exceptionnelle pour Hark ) il a laissé totalement libre de faire son film ( enfin dans l'intro du film Hark dit que le film est de Lam à 100%, les 2 réal étant potes on ne saura jamais si Hark a tourné des séquences ou pas ).
Ce film est une merveille de rythme, c'est trépidant du début à la fin, c'est ultra rythmé ( y a des climax toutes les 10 minutes ) sans que ce soit redondant et saoulant et pour contrebalancer la noirceur et la violence omniprésente le recours à l'humour est une bonne chose ( enfin je suis sûr que j'aurais préféré le film sans humour ) et puis le coté humour n'est jamais trop lourd, alors oui c'est pas fait en finesse mais ça passe tout seul ( le vieux est excellent et le moine qui a des pulsions sexuelles fait bien marrer aussi ), on dirait une version HK de Indy et le temple maudit un peu sauf qu'ici c'est ultra violent et y a du kung fu, alors l'histoire a pas besoin d'être compliquée pour que ce soit bien ici, le script est donc linéaire avec le héros très gentil qui cherche à s'échapper du temple labyrinthique du très méchant gourou.
Le sujet traite d'un trucs les plus abordé dans le genre à savoir la destruction de shaolin par les Mandchous et la traque des moines, ici on a donc Fong Sai Yuk héros populaire ( dont les 2 films avec Jet Li sont sympas mais pas indispensables ) qui va se retrouver prisonnier dans un temple parsemé de pièges et dirigé par un gros méchant sadique et pervers. Le film est sacrément ludique car les pièges peuvent être n'importe où, d'ailleurs quand le premier s'enclenche on s'y attend pas et c'est bien violent.
C'est bourré d'idées et le fight final contre le gros méchant qui se bat avec des feuilles, de la peinture et un pinceau est une tuerie inventive et celui sur le lit est aussi vraiment bien foutu.
La grosse réussite du film c'est bien entendu ce temple bourré de piège et très peu éclairé, il en ressort une vraie ambiance pesante et angoissante.
A la chorégraphie on ne retrouve pas un des noms les plus connus de l'époque mais le gars a quand même bossé sur
Police Story et
Le Sens du Devoir 3, il livre ici des combats lisibles, ultra violents, dynamiques et même originaux ( en plus des combattants y a des pièges pouvant surgir de nul part ) et Ringo Lam filme ça très bien en laissant bien la chorégraphie se développer et en plaçant toujours ses inserts violent au bon moment, il est aussi à l'aise lors des passages câblés, ça se sent pas que Lam n'a jamais filmé de chorégraphies martials ( ou presque ) et je trouve que dans son style y a un petit coté Sammo Hung.
La violence est ici vraiment visuelle et c'est l'un des WXP les plus violent du genre, alors chez Chang Cheh ça saignait beaucoup mais ici c'est un autre niveau c'est même gore avec des décapitations à tout va ( y a même un cheval qui se fait décapiter ), on se fait empaler par des lances, on a des grosses gerbes de sang à la Baby Cart, on sent bien la touche Ringo Lam sur tout cet aspect sadique du film, ici quand on meurt c'est dans d'atroces souffrances, voir le prisonnier se faisant transpercer de toutes parts et qui finit bruler.
Jet Li ayant eu des soucis avec Tsui Hark, c'est l'inconnu Willie Chi qui hérite du premier rôle et il s'en sort vraiment pas mal, il se bat bien et ne joue pas plus mal que le Jet Li de l'époque mais il n'a pas le charisme naturel de Jet, enfin ça lui aura pas permis de lancer sa carrière c'est dommage car c'est un bon fighter ( enfin à priori car j'ai quand même eu l'impression qu'il est doublé par moment ), le reste du casting à part Carman Lee c'est que des inconnus sans que ça pose jamais problème.
Une oeuvre plutôt inclassable, y a très peu de WXP aussi sombre et baroque le seul que j'ai en tête c'est
Human Lanterns.
Quand on voit ce film on se dit que c'est dommage que Ringo Lam aurait du faire plus de WXP mais bon quand on voit la gueule de ses polars on se dit aussi que c'est pas trop grave, en tout cas Lam manque beaucoup au cinéma.