The Prodigies de Antoine Charreyron
(2011)
Seconde vision personnelle et forcément je revois le film un poil à la baisse, l'effet de surprise n'étant plus présent. A sa sortie ciné, je m'attendais à voir un nouvel essai ambitieux raté de l'animation française, quelle surprise donc de voir un film tel que
The Prodigies qui, s'il ne révolutionnera en rien le cinéma d'animation, a tout de même l'énorme mérite de prendre énormément de risques (chose qui, je le rappelle, est assez rare dans le cinéma français en général). La première surprise vient du visuel,
The Prodigies ne cherche clairement pas à séduire la rétine et même si l'animation en elle même est plutôt jolie c'est toujours étonnant de voir à quel point le dessin ne tente presque jamais de se rapprocher de la réalité, au point que certains décors sont totalement épurés (rien autour de la Maison Blanche, les appartements vides, etc...), première prise de risque donc qui laissera beaucoup sur le carreau mais que j'aurais tendance à approuver personnellement. La seconde prise de risque, c'est bien entendu adapter le roman La Nuit des Enfants Rois, ouvrage assez ambitieux sur la forme puisque le fantastique y a une place prédominante sur sa dernière partie. Inutile de renier la vérité :
The Prodigies manque clairement de moyens pour adapter correctement un tel ouvrage (la durée trop courte est la principale conséquence, avec des personnages sacrifiés et des relations inexistantes) mais il est très étonnant de voir à quel point Antoine Charreyron se débrouille pour créer le spectaculaire avec peu de choses, ce qui donne les meilleures séquences du métrage, à savoir les visions fantastiques inspirées de
Matrix (film ouvertement cité lors d'un plan de dialogue) où la gravité est inexistante et où le bullet-time est roi. Sur le plan visuel donc, le film est véritablement impressionnant malgré ses limites de production (il se permet même un degré de violence généralement réservé à l'animation japonaise, on ressent fortement l'inspiration de Satoshi Kon pour le coup), reste toutefois un arrière-goût, celui d'avoir l'impression d'être passé un côté d'un grand scénario qui aurait pu donner un fabuleux film live avec les moyens nécessaires. Un film qui ne restera clairement pas dans les mémoires mais qui mérite le coup d'oeil pour ses quelques qualités évidentes.
NOTE : 6,5/10