LES CHAUSSONS ROUGES
The Red Shoes – Michael Powell et Emeric Pressburger -1948
Les Chaussons Rouges est sans doute, avec Le Narcisse Noir sorti un an auparavant, un des films les plus connus du duo Michael Powell et Emeric Pressburger, deux cinéastes britanniques qui réalisèrent une série de films à la réputation plus que flatteuse dans les années 1940. Il est aussi un des films les plus cités par et qui a le plus marqué toute une génération de cinéphiles et de cinéastes. Martin Scorsese a souvent exprimé son admiration pour ce film depuis que son père l’avait amené à une projection alors qu’il était enfant, Francis Ford Coppola l’estime comme le seul film a avoir vu dans sa vie et Brian De Palma fait aussi parti des admirateurs. Plus récemment, Black Swan de Darren Aronofsky n’a pas manqué de rappeler a beaucoup de spectateurs le film de Powell et Pressburger.
Plus de soixante ans après sa sortie, Les Chaussons Rouges conservent elles leurs qualités ?
Réussite totale, Les Chaussons Rouges éblouie tout a long de ses deux heures et quart. La photographie, signée Jack Cardiff, est une des plus belles de l’histoire du cinéma et c’est à un ballet de couleurs magnifiques que nous sommes conviés, le sommet étant atteint lors de la longue scène de représentation du ballet qui donne son titre au film. Rarement le Technicolor n’aura été aussi bien utilisé. Une photographie magnifiée par une mise en scène qui, derrière une apparence « classique » se révèle d’une inventivité folle dont le moment le plus réussi est une nouvelle fois cette hallucinante séquence de ballet qui mérite de figurer parmi les séquences les plus belles de l’Histoire du cinéma. Héritière du cinéma muet, cette scène arrive à raconter toute l’histoire du ballet adapté d’Andersen sans aucune parole. Le jeu sur les ombres, les couleurs, est une splendeur de tous les instants.
Mais cette splendeur ne saurait nous captivé sans son histoire en apparence classique mais racontée de manière passionnante : celle de la folie créatrice et artistique, où les personnages se consacrent corps et âmes à leur passion et à leur art. L’enjeu sera donc pour l’héroïne de choisir entre l’amour et l’Art. Mais comment faire quand l’Art est devenu votre façon de vivre ?
Pour couronner le tout, l’interprétation est excellente avec une mention particulière pour l’autrichier Anton Walbrook qui campe un Boris Lermontov, directeur de ballet, charismatique et autoritaire qui ne vit que pour le ballet.
Les Chaussons Rouges est un enchantement de cinéma comme on aime en voir, pour se rappeler le plaisir d’être émerveillé par la puissance des images.
9/10