Police Story |
Réalisé par Jackie Chan avec Jackie Chan, Maggie Cheung, Bill Tung, Brigitte Lin, Yuen Chor, Lam Kwok-Hung, Charlie Cho
Action, HK, 1h36- 1985 |
8/10 |
Police Story débute comme une comédie policière à l’humour bien lourdingue, comme en ont malheureusement le secret les productions de Hong Kong puis adopte peu à peu un ton plus dramatique. En somme, un film doté d’une très forte dose de comédie prout-prout, d’un zest de mélodrame, d’une once de tragédie et d’une quadruple dose d’action sur vitaminée. Un mélange incongru qui, une fois passée le cap de la surprise et de l’indécision, fonctionne finalement très bien sur l’ensemble du film.
Je ne suis pas du tout une adepte des gags bons enfants et clownesques de Jackie Chan et seule la scène du scooter m’a vraiment fait rire, mais une fois dépasser, la niaiserie et la pudibonderie des relations hommes femmes, ainsi que l’humour à base de tartes à la crème, on découvre une image plutôt réaliste de la police de Hong Kong, avec ses magouilles hiérarchiques, ses relations difficiles avec la justice, ses méthodes de travail, ses campagnes médiatiques de recrutement et ses problèmes de corruption. De ce point de vue là, je trouve le film plutôt réussi.
A l’évidence, l’aura de popularité qui entoure le film ne vient pas de son scénario très basique, ni de son montage, de son mixage et de ses raccords approximatifs, ni d’interprétations dont certaines sont à la limite de l’insupportable (Maggie Cheung dans le rôle de May), ni même de ses dialogues. Le monologue de Ka Kui sur la police est un modèle de putasserie politiquement correcte. Par contre j’ai beaucoup apprécié la relation tout en non-dits, suggestions et roublardises entre Raymond et Bill, très révélatrice des rapports hiérarchiques au sein de l’administration policière. Son immense succès Police Story le doit à l’énergie et à l’inventivité de ses cascades et de ses chorégraphies de combats, véritables morceaux de bravoures. Car Police Story n’est pas un simple polar d’action, mais la quintessence même de l’action, précurseur inégalé d’un genre qui s’exportera à Hollywood et qui fera de Michael Bay son parangon.
Nombres des prouesses de
Jackie Chan dans ce film sont entrées dans la légende du cinéma. Nul besoin de grandes fioritures de SFX, avec quelques voitures et quelques effets pyrotechniques,
Jackie Chan nous offre la plus magistrale scène de destruction d’un bidonville. Donnez lui, un parapluie et un bus, il vous offre la plus improbable et la plus virtuose scène de poursuite, donnez-lui quelques vitrines, des escalators et des guirlandes et il vous propose des scènes de combats hallucinantes qui transforment un centre commercial en véritable champ de bataille.
Ce qui frappe, c’est l’impression de réalisme qui se dégage de chaque coup porté. La douleur et la fureur sont palpables. La première fois que l’on regarde un film de
Jackie Chan, on ne peut que s’interroger sur la part du réel et du chorégraphié dans chaque cascade et chaque combat. Le générique de fin qui fait la part belle aux différentes cascades du film fait naître un sentiment d’inquiétude et de fascination pour cette prise de risque évidente au service du spectacle et du public.
Jackie Chan est définitivement un artiste un peu fou et à nul autre pareil qui à fait de la cascade acrobatique un art cinématographique.
Malgré des défauts inhérents à son époque, Police Story demeure un monument du cinéma d’action de Hong Kong.