7/10
The Law and Jake Wade de John Sturges - 1958
Western très classique et sans surprise ( j'aurais tellement aimé une fin bien noire ), le film n'en reste pas moins très sympathique grâce à la nouvelle excellente très bonne prestation de Richard Widmark ( ici en bad guy ).
Taylor va délivrer Widmark de prison, son ancien camarade hors la loi, puis il le chasse en lui disant de ne pas le suivre, il paye une vieille dette qu'il lui devait, Taylor a changer de camps désormais ce n'est plus un hors la loi mais un marshall, Widmark lui voudrait bien retrouver l'argent que Taylor a planquer lors de leur dernier hold up, il va donc kidnapper Taylor et sa copine pour aller chercher la thune en territoire indien, pitch très sympathique donc et épuré ( comme pas mal de western des 50's en fait ) et on pense à du Boetticher. Et quand on voit ce film on se dit vraiment que Tavernier il avait prit Sturges en grippe pour une mystérieuse raison. C'est le genre de film de 1h20 que Hollywood est incapable de faire aujourd'hui, quand je vois le Sheridan hier je me dis qu'il y a vraiment d'énorme problème de scénaristes pour écrire des trucs aussi cons, ici tout se tient, et y a rien qui me sort du film et ça c'est le genre de truc de plus en plus rare.
Le duel psychologique que se livre Widmark et Taylor est la grosse réussite du film avec pas mal de séquences dialoguées vraiment plaisantes à suivre ( mention à la scène avec le flingue qui fonctionne ou pas ) et on y décèle une homosexualité latente assez évidente ( et c'est le vrai et dès les 5 premières minutes on sait qu'on aura un duel final entre les 2, c'est inévitable et ce duel fait vraiment penser à celui de
Vera Cruz ( sur le fond ), et puis les personnages sont vraiment définis avec peu de chose, le background est très réussit.
Le film est rythmé juste ce qu'il faut pour qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde, le film remplit son contrat en terme d'action et péripétie. Après on peut regretter que les persos de la bande soient pas tous logés à la même enseigne mais forcément quand ça dure 1h20 on peut pas donner des scènes à tout le monde.
Sturges une nouvelle fois se montre à l'aise avec son scope et le low budget ne se fait pas ressentir ( budget encore plus low avec la plus grosse partie dans les poches du duo de star ) ainsi on a des beaux paysages bien mis en valeur et une ville fantôme du plus bel effet ( on pense à l'excellent la
Ville Abandonné, déjà avec Widmark en bad guy ), après une intro percutante il livre une attaque d'indiens bien dynamique avec le siège du saloon( même si ces cons d'Indiens attaquent que 5 par 5 ) et un duel final sous forme de cache cache dans la ville fantôme où Struges fait preuve d'une belle science du cadrage.
Alors forcément quand on a Richard Widmark en bad guy c'est dur pour le héros de sortir une prestation marquante et c'est ce qui arrive ici à Robert Taylor qui dans un registre à peu près identique à
Libre comme le Vent, se fait totalement éclipsé par un Widmark génial en brigand beau parleur, gouailleur et malin il est à la fois attachant et complètement détestable, quand on regarde Widmark on a toujours une impression de jeu naturel tellement évident, rien ne sonne faux chez lui et il est aussi à l'aise dans le registre bad guy psychotique que good guy et son aisance fait des merveilles ( faut aussi le voir se déplacer dans le cadre c'est un putain d'acteur ), alors Taylor ne démérite pas ( mais il a un jeu un peu trop typé 40's comme Bogart en fait ) et c'est vrai qu'il a finalement pas un rôle facile, il ne plombe pas le film mais il ne fait tout simplement pas le poids face à Widmark, fallait un Gary Cooper ou un Stewart en face là, dans les seconds rôles on a le alors tout jeune Henri Silva et déjà il joue un gros enculé plein de charisme et sa mort est bien violente pour l'époque. Bon par contre le personnage féminin est là juste pour aider certaines réactions de Taylor et l'actrice est vraiment pas convaincante.
Bien meilleur que
Coup de Fouet en retour, ce western se classe dans les meilleurs de Sturges, grâce à un Widmark qui porte le film sur ses épaules de bout en bout.