[Dunandan] Mes critiques en 2011

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Waylander » Mar 15 Nov 2011, 22:27

Surtout pour le dernier paragraphe :

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Dunandan » Mar 15 Nov 2011, 22:32

Merci :super: ! J'ai encore deux éléments à dire plus tard : l'histoire d'amour (que j'ai carrément zappé du coup ...) et le parallèle croix-mort/mâts des bateaux.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Heatmann » Mer 16 Nov 2011, 00:42

Hey ben , ca fait plaisir de lire des truc comme ca , on sent bien que ca vient de l interieur , de toi , et ton propre ressentie devant l oeuvre :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Alegas » Mer 16 Nov 2011, 00:55

J'ai hâte de le revoir en blu et version longue celui là. :bluespit:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar elpingos » Mer 16 Nov 2011, 09:22

Dunandan :

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Two Lovers - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Jeu 17 Nov 2011, 02:19

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Two Lovers, James Gray (2008)

Il s'agit d'un triangle amoureux axé autour de Léonard seulement, puisqu'aucune des deux femmes n'est au courant de l'autre. On ne peut pas parler non plus de manipulation de la part de Léonard vis à vis des deux femmes, ou des femmes vis à vis de lui. Il y a comme une forme de sincérité dans leurs émotions et leurs sentiments. Cette absence de manichéisme de la part des personnages est l'une des forces du film.

L'arrière-plan du film est dominé par la maladie de Léonard, atteint du bipolarisme, l'équivalent de la maniaco-dépression, qui influence sa façon de se comporter. La première scène est très forte, car elle montre combien Léonard souffre, et jusqu'où peut aller ses pulsions. Cette tentative du suicide dans l'eau au début du film est à mettre en parallèle avec la scène de la fin, qui présente l'océan cette fois-ci comme un espoir qui éclôt, et la tangente des choix possibles. Ainsi, il ne faudrait pas considérer ce trouble comportemental comme un motif pour se distancier du personnage, car il figure au contre la manière dont un individu peut être englué dans la situation qui est la sienne, au point de vivre dans une solitude extrême.

L'environnement de chacun est bien différent : Léonard vit avec sa famille qui à la fois l'étouffe et le protège, Sandra vit avec sa propre famille qui est amie de celle de Léonard, et enfin Michelle vit chez son père colérique et entretient une liaison avec un homme marié. Tous ces éléments sont déterminants pour comprendre le parcours sentimental de Léonard, et les interactions entre les personnages.

A la manière de Flaubert dans L'éducation sentimentale, Léonard aura à choisir plus ou moins entre la passion et la raison. Je précise "plus ou moins", car même s'il sort alternativement avec Sandra et Michelle, son affinité avec chacune d'entre-elles ne peut se réduire complètement à cette alternative, ou même à un choix tout court. Il s'agit davantage d'attirances, de hasard des circonstances, et un peu de déterminisme et de destin. Ainsi, même si à première vue, Sandra semble représenter le choix de la famille, la sécurité personnelle, la facilité, elle est plus que ça. C'est elle-même qui avait décidé de le voir, quand bien même sa famille l'avait amenée chez Léonard. Puis elle est la seule des deux filles à lui offrir quelque chose de tangible, une paire de gants, qui représente tout comme le cocon familial de Léonard, la sécurité et l'affection. Enfin, elle a eu beaucoup de courtisans, mais elle l'a préféré entre tous : elle est donc disponible pour lui. Par contre, Michelle représente l'opposé de Sandra. D'abord, Léonard la rencontre dans le couloir, au hasard, et n'est pas le fruit d'une rencontre arrangée. Ensuite elle est pour lui la femme qu'il peut observer à travers sa fenêtre, qu'il peut désirer, comme dans une Fenêtre sur cour de Hitchcock. Puis, c'est la femme qu'il a choisie. Enfin, elle est aussi la femme volage, imprévisible, à qui on ne peut faire complètement confiance bien qu'il y retrouve aussi un peu de liberté dixit la séquence de danse (à l'image de la scène sur le toit où on sent que le cadre propose quelques ouvertures mais limitées).

La scène finale est vraiment belle et triste à la fois, et m'a fait aimé le film. Léonard avait trois possibilités de vie : partir avec Michelle, et ainsi choisir la femme de ses rêves, ne pas partir avec elle et mettre fin à ses jours (comme la première scène pouvait l'anticiper), ou bien se mettre avec Sandra, et mener la vie telle que ses parents l'avaient imaginée. Il choisit la dernière de ces possibilités, mais avec une nuance énorme : au lieu de se laisser abattre par le destin, ou de choisir simplement de suivre son désir, il parvient à conjuguer ces deux éléments en ramassant le gant que Michelle lui avait offert et la bague qu'il destinait à Sandra. La fin est vraiment maussade, car les émotions de Léonard sont encore connectées à Michelle, mais il les dédient à Sandra.

Côté réalisation, on sent qu'un soin particulier a été apporté à la façon dont la caméra est placée, aux musiques, à la manière dont les thèmes sont traités, sans manichéisme, et à la photographie. Les personnages sont aussi tous excellents, Joaquin Phoenix en tête. Mais ma petite déception est d'avoir l'impression que la psychologie des personnages, sur laquelle repose une grande partie du film, est parfois laissé à l'état d'ébauche. Par exemple, on ne capte pas toujours la manière nuancée dont la maladie de Léonard influe sur son comportement avec les femmes, et nous montre seulement l'état puéril dans lequel il se met - et chaque personne amoureuse en général - quand il se remet en contact avec les émotions et le désir.

Une histoire d'amour qui paraît classique, portant sur le choix entre la passion et la raison. Mais au delà de ce choix cornélien, elle concerne un homme étouffé par son cercle familial, qui aspire à la libre expression de ses émotions et de son désir, mais qui finira par trouver un équilibre entre ce dernier et la sécurité.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Milkshake » Jeu 17 Nov 2011, 19:09

Bien d'accord avec cette critique, le film laisse vraiment la sensation que Gray n'a fait qu'effleurer son sujet en tout cas vivement le prochain Gray.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Dunandan » Jeu 17 Nov 2011, 19:52

C'était mon premier Gray, mais j'ai aussi La nuit nous appartient sous le coude.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Milkshake » Jeu 17 Nov 2011, 19:59

The Yards et La nuit nous appartient c'est le niveau au dessus.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Dunandan » Jeu 17 Nov 2011, 20:08

Mais déjà avec ce film, on perçoit le sens de la recherche du réalisateur à travers la photographie et la manière dont les thèmes sont abordés. As-tu regardé les Bonus ? Ils sont intéressants : on en apprend beaucoup sur les thèmes, et Gray commente certains scènes du film.
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Messagepar Dunandan » Ven 18 Nov 2011, 02:32

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99F, Jan Kounen (2007)

Le parallèle avec le film Fight Club est évident, et d'ailleurs le roman 99F est sorti en même temps. Ils partagent tous les deux une audace stylistique, plaçant la forme au service de leur sujet. Par leur aspect clipesque, ils se moquent de leur sujet respectif. Mais ce qui change avec 99F, c'est d'abord le background du personnage drogué, et je je trouve qu'on pénètre (encore) plus frontalement que ce dernier dans l'univers de la consommation à travers le domaine de la publicité, montré comme le laboratoire par excellence des désirs inutiles et de la production des consommateurs interchangeables.

Je trouve qu'il s'agit d'une excellente adaptation du roman, et je la trouve même encore meilleure que ce dernier. Nous y retrouvons bien sûr une conception satyrique, désabusée du monde de la publicité, révélant de manière crue les dessous de ce milieu artificiel, mafieu (génial le clin d'oeil à Leone au Parrain), ne cherchant qu'à se faire de l'argent sur le dos des consommateurs. Octave, le personnage principal du film, et alter-ego de l'écrivain du roman éponyme (dont certains flashs, conséquences de la prise de drogue, montrent, tels un clin d'oeil sympa, cette identité Octave-écrivain), se prend lui-même pour le maître du monde (cette séquence de la Passion !). Mais le film s'écarte pas mal du roman sur ce point précis : la relation entre Octave (interprété par un Jean Dujardin incarnant à la perfection ce génie arrogant qui se fout de la gueule du monde) et Sophie est resserrée de telle manière qu'on a toujours une petite distance critique avec Octave, un connard pathétique, certes amusant, mais un connard quand même.

Pour figurer tout ça, nous avons droit à mille inventions stylistiques à la minute. C'est un vrai régal. Et cette débauche délirante n'est pas gratuite, mais nous montre l'utilisation du spectateur/consommateur à son insu, le pouvoir de l'image sur son subconscient. La drogue (avec un passage avec Jan Kounen qui intervient comme une sorte de témoignage personnel bien moins lourd que dans Blueberry...) et la publicité ne sont pas prises à la légère, mais elles nous sont montrées bien souvent de manière sale, dégradante. Ainsi, les publicitaires sont de gros branleurs qui doivent donner une apparence de façade à la maison de publicité, et surtout aux clients. Pour faire vendre, les publicités doivent être consensuelles, avec ses clichés habituels, carrées, formatées à mort, et surtout, ne pas oublier que le consommateur ne vaut pas mieux qu'un produit.

Mais un petit groupe de publicitaires finit par sortir du lot (Octave en fait potentiellement partie). Ils veulent faire de l'art en continuant ce qu'ils faisaient, mais cette fois-ci en ne prenant pas les gens pour des cons, en jouant sur les différents degrés. Ce double visage qui habite tout publicitaire possédant encore du recul par rapport à l'hypocrisie ambiante de leur milieu de travail est à mettre en parallèle avec la fin du film, véritable mise à l'épreuve du spectateur : ce dernier veut-il une fin cash, sans concessions, qui ne le prend pas pour un con, en faisant tuer Octave, en grande partie responsable de la manière dont fonctionne aujourd'hui le monde de consommation, ou bien préfère-t-il une fin plus consensuelle, en faisant réagir l'identité d'Octave, jusqu'à le faire vivre une expérience typée Nouveau Monde, reflet d'une vie plus simple, plus naturelle, plus saine pour l'individu ? Bref, le cliché du paradis terrestre (rapidement d'ailleurs débouté à travers une séquence, encore une fois, très bien pensée).

Pour conclure, 99F n'est pas juste une critique acerbe de la publicité. Il dévoile également les dessous de la société de consommation, en nous montrant que derrière le choix cornélien stupide et sans intérêt entre deux produits égaux en qualité mais différents par la marque tels le yaourt (à voir aussi : la merveilleuse mise en scène des tics des plus mauvaises publicités avec la reprise parodique de la publicité Kinder) du consommateur lambda, se cache toute une chaîne de production animale et végétale vivant dans des conditions ignobles, pour notre seul bénéfice.

Bref, 99F est un film coup de poing contre la pub et la société de consommation, doté d'une forme très inventive au service du fond, mais se révèle aussi un film très personnel sur la drogue avec une conclusion proche de l'éveil spirituel.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Hannibal » Ven 18 Nov 2011, 11:27

Pas vu celui-ci, mais tu donnes sacrément envie :super:
Mark Chopper a écrit:La mode des années 2010 consiste à faire des suites de merde qui permettent de réévaluer des purges.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Alegas » Ven 18 Nov 2011, 12:25

Un des meilleurs films français de ces dernières années, direct dans mon Top 100 pour ma part. :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Dunandan » Ven 18 Nov 2011, 14:39

Oui, pour moi, mais c'est personnel, c'est au-dessus de Fight Club et de Tueurs Nés !
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2011

Messagepar Alegas » Ven 18 Nov 2011, 17:49

Je pense tout pareil. 8)


(Bon après c'est pas difficile pour Tueurs Nés :eheh: )
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