[Waylander] Mes critiques en 2011

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Black Christmas (1974) - 7/10

Messagepar Waylander » Sam 12 Nov 2011, 22:38




Premier slasher, Black Christmas se démarque avant tout par le postulat de précurseur qu'il détient. Né d'un mix entre le psycho d'Hitchock et le giallo d'Argento, le film de Bob Clark parvient à développer son propre univers en se débarrassant d'une mise en scène plutôt léchée et inspirée des films italiens pour livrer un visuel très sombre (un peu trop) un peu pouilleux et glauque afin d'immerger le public au sein d'une atmosphère proche de nos peurs les plus profondes et nos plus instinctives : la nuit permanente (le film donne parfois l’impression de ne se dérouler que sur une seule nuit), les ombres et les couloirs peu éclairés, les lumières tamisées et la maison assez grande, à étages et avec sous-sol qui multiplie les accès pour le tueur mais aussi les sorties de secours pour les victimes.


Le cinéaste choisit un scénario se déroulant pendant les fêtes de Noël pour bien contraster avec l'intrigue autour du tueur (dont il reprend le gimmick de la vue subjective en la transcendant par la respiration forcée du psychopathe et ses déplacements nombreux ainsi qu'une scène de colère totalement schizophrène) largement inspiré de celui de Psycho (le dédoublement de personnalité, les voix changeantes, et souvent on entend le mot "mère". On saisit assez bien -sans pour autant avoir le background explicite- qu'il lutte intérieurement) et une grosse part du film a inspirée Halloween mais surtout les Scream (les appels téléphoniques) et pour l'intensité effrayant des propos et de la folie des coups de téléphones, on pense irrévocablement au film Zodiac de David Fincher. On peut même penser que la courte scène au match de hockey et le plan du casque a inspiré Jason (Vendredi 13).



Les bases reprennent encore des personnages exclusivement féminins ou presque et le final laisse la survivante comme la seule survivante d'un massacre peu graphique qui laisse sur sa faim (on ne voit rien et à la fin du film on a même du mal à se rappeler qu'il y a eu 4 meurtres au total...). Une dose d'humour noir et cru (le rapport au sexe est inévitable sauf que la seule nana vraiment "nympho" est traitée comme une conne et une allumeuse toujours bourrée :mrgreen: et le père Noël est culte :mrgreen: ) et quelques codes sympas : la fille est plus mature que l'homme qui cherche à garder le gosse alors que sa nana ne veut pas se marier ni accoucher. Elle préfère de loin ses projets (que le scénario tait). Souvent les rôles sont inversés mais ici c’est justifié parce que c'est grâce à ça qu'on pense que le tueur est son petit ami. Les flics sont décrits comme des tocards qui ne prennent même pas le soin de commencer l’enquête et la recherche par la maison elle-même où se loge secrètement le tueur. D’ailleurs, ils ne le trouvent jamais et ne tombent pas non plus sur les cadavres du grenier qui gisent incognito. Le voile n'est jamais levé sur l’identité du sadique.



Bonne parabole sur nos problèmes existentiels et quotidiens où l'on cherche toujours un coupable alors que c'est souvent nous-mêmes. Black christmas n'a cependant pas l'intensité ni la recherche artistique plus poussée d'Halloween qui imposera un tueur masqué flippant et une aura démoniaque intense dont les meurtres, malgré leur petite faiblesse, sont bien plus sympas tout comme l'intrigue, ici trop peu intéressante et trop concentrée. d'ailleurs, Carpenter laissera "sortir" son Myers tandis que les films du genre avaient tendance à le laisser enfermé. Par contre, on sent le fossé entre aujourd'hui et hier : avant les personnages étaient loin d'être des cruches et c'était plutôt bien interprété (cf: . Les slashers de maintenant (les sous-slashers ont va dire) c'est plutôt con-con.
Balck christmas possède néanmoins une bonne mise en scène qui évite les champs-contrechamps basiques pour façonner des plans toujours agréables et sympas où se côtoient plusieurs personnages. Le film est bourré de tension et de suspens mais mal équilibré puisque il ne passe presque rien. Niveau musique, Carpenter apportera une touche indémodable ici absente ou presque. le long-métrage de Bob se veut oppressant mais jamais stressant.

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Re: [Waylander] Mes critiques en 2011

Messagepar Heatmann » Sam 12 Nov 2011, 23:12

Alegas a écrit:Nan mais Milk il a du mal a comprendre que les Vikings ont JAMAIS eu de grandes cités ou royaumes. C'était un peuple principalement nomade et ou tout était organisé en tribus. Normal donc qu'il y ait que 3 cabanes et un grand hall.


Waylander a écrit: En plus les 3 cabanes que tu cites faut rappeler une chose: les Vikings c'est comme les Celtes c’est une dénomination pour tout un pan d'une cutlure : celle-ci est scindé en plusieurs tribus. Dans Beowulf ont ne voit pas "les Vikings" mais un peuple parmi les Vikings. Ceux-ci n'étaient pas aussi nombreux que pouvaient l'être les grandes civilisations romaines et cie. Regarde le Rohan dans le SDA : tu as le château d'or et 10 cabanes de pailles. Nous ne sommes pas à Rome hein :roll: ...


:super:
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Rencontres du troisième type - 9/10

Messagepar Waylander » Dim 13 Nov 2011, 19:11



Après Duel, Sugarland Express et les dents de la Mer, Spielberg réalisait Close encounters of the third kind, fantasme de toute une génération puisque inspiré largement par la mode des UFO depuis la Seconde guerre Mondiale. Encore une fois, le cinéaste se concentre sur un personnage banal, un américain moyen et son background familial en chute libre , pour immiscer de l'extraordinaire dans ce qu'il y a de plus ordinaire pour le public. Spielberg respecte encore une fois sa personnalité et l'emmène encore plus loin que ses précédents films. Dans Jaws, la famille de Martin Brody battait de l'aile malgré l’obsession du père pour l'affaire entourant le requin et la fin ne laissait pas le public savourer de retrouvailles familiales.


Dans Rencontres du 3ème type, Neary est un homme traité en long et large comme...un enfant ! Il veut regarder Pinocchio alors que ses enfants veulent aller au golf miniature ; il joue au petit-train ; il court après l'inconnu et le rêve ; il pleurniche et même son gosse qui devait le voir comme un héros ou un exemple pelure en découvrant un père « faible ». de bien des façons, la petite famille du film ne va pas bien et s’enfonce de plus ne plus dans un quotidien dont Neary n'a plus rien à faire. Obsession, enthousiasme et entêtement pour une rencontre inattendue et inhabituelle qui ravive en lui une flamme et un regain de vie qui le pousse à mener une quête déclenchée par quelque chose qui le dépasse.

Spielberg ne veut pas monter de héros « classique » comme des scientifiques ou des militaires (les vieux films de SF en regorgent) et décide faire de la « normalité » les premiers spectateurs et acteurs d'une rencontre extra-terrestre.En plein Nouvel Hollywood, le metteur en scène est un des rares à savoir divertir et surtout faire rêver son public tout en jonglant avec ses thèmes favoris, ses angoisses et ses peines en grande partie liée à la famille et à l'enfance. Là encore, c'est le gamin du film qui , le premier, rencontre les extras-terrestres sans en avoir peur . Comme si son innocence et son insouciance étaient des vecteurs de compréhension et de tolérance.Dans ce film de SF (le premier du réalisateur), la famille est en décomposition et certaines scènes peuvent choquer par leur véracité : les disputes, les gamins qui pleurent suite à une explosion de colère chez leur mère contre leur père qui devient peu à peu comme « halluciné » alors qu'en fait, intérieurement , il s’éveille. De sa folie jaillit une inspiration artistique forcenée qui l'amène à n'avoir qu'un seul et unique : trouver à quoi correspond ce qui le hante.











C'est un message et les « élus » peuvent passer à côté comme on le verra plus tard. Tous n'ont pas l'obstination de Neary qui ira jusqu’à délaisser femme et enfants pour courir après une idéologie humaniste. Car le message du film est avant tout pacifiste. Chose rares concernant des aliens puisque la majorité des films du genre les exploitaient sous des formes repoussantes et terrifiantes : des envahisseurs venus d'ailleurs afin d'exterminer l'Homme ; Métaphore de la peur et de la paranoïa de tout un pan d l'histoire lié au nazisme. Spielberg dit non. Il faut digérer cette période et ce qu'elle engendra et retourner à quelque chose de plus pur, de plus réconfortant et onirique où les nuits étoilés cachent une effervescences de lumières organiques et un spectacle sonore rafraichissant. L' "étranger" n'est plus à regarder d'un sale œil mais à "comprendre" afin de communiquer. Le jour où la terre s’arrêta exploitait déjà cette idée d'un extra-terrestre pacifique qui venait seulement poser un ultimatum à la race humaine .Richard Dreyfuss est donc absolument parfait dans ce rôle auquel il donne une dimension enfantine bluffante qui permet de s'attacher profondément à lui ; Jamais l'acteur ne se montre sous un style très "adulte" .Il est un grand adolescent et un père irresponsable et idéaliste qui devient presque autiste une fois sa rencontre du 1er type survenue.



Le reste du casting ne casse pas des briques mais tous s'en sortent plutôt bien mais Truffaut demeure l'acteur le moins investit. On le sent en retrait. Sa présence à elle-seule est agréable car d’une part Spielberg le considère comme son maitre et d'autre part c'est réalisateur-acteur français donc ça fait plaisir ce second clin d’œil à la Nouvelle Vague dont tente de se rapprocher le réalisateur américain en développant une famille dont l’image puritaine est totalement bafouée par une sorte de néoréalisme qui désenchante la vie de famille fantasmée par le rêve américain. Le plan de Neary qui contemple ses voisins vaquer à leur petites vies le rend nerveux et il tire violemment le rideau pour les cacher à sa vue. Tout est dit.


Le scénario contient quelques idées reprises sur ET (avec leque lil forme un faux-diptyque thématique flagrant et une certaine logique dans la suite des événements) comme le coup du frigo et du foutoir au sol ainsi que de la présence supposée d'un extraterrestre dans la maison du petit garçon et sa mère veuve apparemment. Plus tard, cette scène reviendra en plus longue sous forme de cauchemar face auquel l'enfant paraît tout comprendre et s'amuser alors que la mère est angoissée, excitée et effrayée. Spielberg joue avec son public en instillant un suspens palpable et une tension crescendo. A la base, cette scène reflète ce qu'ait du être ET et ce que sera Poltergeist . La séquence est sublime avec un jeu de lumières incroyables et les effets spéciaux de Douglas Trumbull sont justes merveilleux et délicieux : les ciels du films, l'épaisse couche de nuage qui semble « vivante », les vaisseaux lumineux et orignaux qui chamboulent à toute vitesse et paradent comme des jouets lancés par des Dieux et l’utilisation qu'en fait le cinéaste : tout est subtilement mis en boite , Spielberg s'amuse et ça se ressent à chaque seconde sur ce genre de plans.











Le travail artisanal des maquettes renforcent la crédibilité du film et l’œil est facilement trompé par les trucages très maitrisés. Sans chercher à donner un visuel de nuit réaliste, Spielberg façonne une atmosphère qui emprunte un peu à la Hammer et les étoiles sont plus grosses et plus lumineuses afin de bien les faire ressortir : impossible d toute façon à cette époque de tourner de nuit pour avoir de telles images. Etant donné que l'on doit voir apparaitre de avions ,les lumières des ovnis et la fumée organique, tout est pensé afin de ne pas trahir l'imagerie souvent irréelle du film. The Abyss de James Cameron aura largement copié les traits de ses pseudopods sur les ovnis luminescents de Close encounters of the third Kind là où le Mission to Mars de De Palma empruntera la toute fin. L'homme acceptant sa destinée hors du cosmos. On pourrait tiquer face aux extra-terrestres inégaux : des petits bonhommes gris aux yeux globuleux (on pense à des enfants) puis un grand (plan incompréhensible puisque on ne le voit qu'une fois et on sait pas du tout ce que ça vient faire ici) et pour finir, un autre, le dernier, plus vieux d'apparence, peut-être le chef ou un sage qui salue Lacombe.

En ouvrant son film par une scène par une tempête de sable et un suspens maitrisé, le metteur en scène réussit à impliquer son spectateur et à l'intéresser très fortement à cette histoire d'UFO. Rien n'est expliqué par le dialogue mais bel et bien par l'image et la narration très fluide, on comprend par -nous-mêmes et encore une fois , le hors-champ fait partie intégrante du long-métrage avec la scène des avions qui croisent un OVNI : on s'imagine la scène mais on ne la voit pas tout comme on voit pas ce qu'il y a à l'extérieur de la maison lors de la « fausse « attaque (qui influença X-Files et l'enlèvement de la sœur de Mulder tout comme les incrustations de noms de lieux sur l'écran mais encore le style narratif où l'intérêt est de passer d'un pays à un autre, d'un continent à un autre afin d'élargir le fond déjà très universel en le densifiant par quelques scènes qui épaississent le mystère tout ne en dévoilant des bribes éparses. X-Files regorge d'idées déjà vues dans le film de Spielberg).







John Williams signe clairement un des meilleurs compositions (de toute façon son duo avec Spielberg l'a amené à un niveau insurpassable. Aussi éclectique que son acolyte, ce compositeur demeure le plus sensationnel avec une panoplie de thématiques abyssales). Le film met en scène un langage musical utilisé par les Et afin de délivrer un message de paix : les 5 notes du film reflètent parfaitement cet entrain bienfaiteur et touchant : c'est par cette mélodie très courte que tout passe et on peut même y voir une mise en abyme de la musique de films en générale, véhiculant tout un tas d'émotions en parallèle du film pour faire passer autant d'idées que l'image. Les thèmes de Williams mêlent à la fois l'insouciance, l'imaginaire, la naïveté et la passion avec des éléments plus sombres et des morceaux inquiétants. La musique trompe autant le spectateur que les 20 premières minutes du film qui nous font croire que la rencontre deviendra peut-être un conflit. Entre légèreté et ténèbres tout comme le scénario (on pense souvent aux futur soundtrack du musicien comme celles de AI, ET, War of the Wolrds et Jurassic Park : d'ailleurs la scène de l'avocat qui se réfugie dans les toilettes est plus ou moins présente dans Rencontres du troisième type :mrgreen: ).

Le côté David Lean du jeune réalisateur prometteur d'Hollywood l'amène à tourner énormément extérieur avec une foule considérable alors que la mode était aux studios et l'authenticité s'en trouve grandit ; le scope, le Devil's Tower (dont le nom lui-même contraste avec ce qui s'y déroule, encore une blague du réalisateur) , l'argentique, les raccords et le sens évident de la mise en scène (Spielberg est un des rares à autant maitrises l’apparition de ses figurants à l'écran) même s'il ne s'agit pas d'une de ses meilleurs elle est exactement du même niveau que Jaws (voir même un plus riche en terme de cadrages mais moins qu'un Sugarland express pour ce qui est des travellings et plans-séquences). On remarque quelques flares (emprunté actuellement par JJ Abram) et plans-reflets chers au réalisateur de Duel.


Comme toujours , la fin tient à la fois du conte qui laisse un espoir pour l'Humanité qu'une désillusion pour les valeurs américaines plébiscitées. Le père s'en va pour un autre monde (qu'on ne découvrira pas sauf à travers notre propre imagination) et laisse donc deux enfants sur Terre. Spielberg fait une parabole sur son père père . Son 4ème film restera certainement son plus personnel et son plus magique en faisant appelle au contraste nuit et lumière afin de livrer une œuvre majeure de la science-fiction féerique.


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Re: [Waylander] Mes critiques en 2011

Messagepar francesco34 » Dim 13 Nov 2011, 19:44

Je le lâche pas souvent mais là ça vaut la peine :eheh:
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Re: [Waylander] Mes critiques en 2011

Messagepar Killbush » Dim 13 Nov 2011, 23:08

Superbe analyse Way, je me retrouve totalement dans ta vision du film :wink:
Starting to see pictures, ain't ya?
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Re: [Waylander] Mes critiques en 2011

Messagepar Alegas » Dim 13 Nov 2011, 23:14

Roh c'te pavé. :shock:
En tout cas ça me donne clairement envie de revoir le film (vu qu'une fois et ça remonte à bien loin), merci Way. :super:
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Re: [Waylander] Mes critiques en 2011

Messagepar Dunandan » Dim 13 Nov 2011, 23:16

Encore un qui a passé son après-midi à écrire sa critique, beau job :super: ! ça donne envie de le revoir ! J'ai lu le cahiers du cinéma sur Spielberg, très intéressant.
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Re: [Waylander] Mes critiques en 2011

Messagepar elpingos » Lun 14 Nov 2011, 09:37

Bien vu Way, une note méritée pour ce grand film de SF ! :super:
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Re: [Waylander] Mes critiques en 2011

Messagepar Waylander » Lun 14 Nov 2011, 10:29

dunandan a écrit:Encore un qui a passé son après-midi à écrire sa critique, beau job :super: ! ça donne envie de le revoir ! J'ai lu le cahiers du cinéma sur Spielberg, très intéressant.


Euh non je l’ai écrite la veille au soir et ça m'a pris 1h-1h30 pour l'écrire et 4h pour les screens :eheh: :eheh: :eheh:
Merci les gars et un francesco approved :!: :!: :super:
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Nausicaä de la vallée du vent - 7,5/10

Messagepar Waylander » Lun 14 Nov 2011, 20:21





Dans la filmographie de Myazaki, on pourrait penser qu'un film d'animation comme Nausicaa fasse partie de ses dernières œuvres car ses thématiques prennent une maturité indéniables sans pour autant oublier la magie inhérente aux dessins-animés de l'auteur. Myazaki a débuté par quelque chose de profondément nouveau, fédérateur et pourtant post-apocalytpique où les hommes se confrontent malgré l'atmosphère polluée du monde et la tension palpable qui habite le cœur de chaque être humain. La Terre est au bord du gouffre mais les humains se battent pour des valeurs dépassées par les évènements et le mode de vie précaire.

Les villageois qui vivent en groupe assez restreints se nichent au creux d'une vallée épargnée par les rejets toxiques mais plus loin, des empires se forment et se déchirent tandis que la nature tente si bien que mal d'exister et de recouvrer sa force, sa pureté et son équilibre.Sous bien des aspects, Nausicaa préfigure Princesse Mononoké qui ira encore plus loin dans le ton adulte et violent et qui explorera bien plus profondément des thèmes comme l'animisme.Son film de 1984 à quelque peu vieillit et l'aspect délavé peut déranger mais d'une certaine façon, le visuel épouse totalement les paysages du film (le désert) et le fond qui brasse en grande partie un sous-texte écologique en avance sur son temps pour ce qu ides dessins-animés même si la culture Japonaise a toujours été très précoce sur ce point. Telles des peintures, certains arrières-plans et coups de pinceaux bien visibles donnent u charme indéniable à ce second dessin-animé de Myazaki.


Malgré le désenchantement du film, Myazaki immisce de l’espoir et un altruisme universel à travers son personnage principal féminin, l’héroïne, qui embrasse avec une exaltation naturelle toutes les formes de vies possibles. Au plus profond d'elle brille une flamme providentielle issue d'une époque honteuse , oubliée et toute cette candeur frôle parfois la limite (les rires énervants de la doubleuse sont acceptables comparées à ceux de Totoro) mais malgré des monologues explicatifs pour enfants de 4 ans au tout début du dessin-animé (" Je vasi monter là-haute [..]l'air est irrespirable donc j'ai un masque à gaz etc... :mrgreen: :roll: ) , l'auteur s'arrête assez vite et dirige son œuvre vers un sens mesuré de l'aventure, et un regard très lucide sur l'humanité.


Sur un maint theme poétique au piano, Hisashi déçoit pourtant quand il s'agit d’instaurer un souffle époque et le synthé éléctro devient alors agaçant. Nausicaa possède une mythologie propre assez dense même si le background est survolé (pour du post-apo c'est très bien ainsi) et l'ensemble est intemporelle. Quel monde est-ce ? Quelle planète ? Cela pourrait être partout, sur notre petite planète comme cela pourrait prendre place ailleurs... Myazaki impose ici et là quelques éléments qui dressent une parabole sur l'involution des civilisations (les armes et le mode de vie lorgne à la fois du côté du Moyen-âge mais et un futur fantaisiste avec des avions massifs, des armes à feux décorées etc...). L'ouverture se veut très solennelle avec ce voyageur qui découvre un village en piteux état dont les habitants sont morts.


On peut considérer ce film , Le château dans le ciel et Mononoké comme une trilogie sans liens concrets mais où les intrigues se ressemblent ainsi que le fond et le message. En mettant le second à la place du premier de 1984 on obtient même une vraie évolution narrative : les œuvres se complexifient sans rien perdre de l' "esprit " Myazaki, conteur et créateur d'univers mélancoliques. Des batailles, une végétation toxique que l'homme veut anéantir, des insectes énormes qui se rebellent pour protéger la forêt, une guerre finale assez intense (on repense à celles des Sangliers dans Mononoké) et une patte personnelle bien présente (les avions, le personnage féminin héroïque qui contraste avec la femme sévère et méchante comme dans Mononoké, la Nature, l’enfance aussi et la relation entre Nausicaa et le jeune garçon qui renvoi au deux films sus-cités sauf qu'ici , ça ne va plus loin qu'une amitié compréhensive et désintéressée).




On pense au Monde Vert, roman de Brian Aldiss, influence flagrante.


Quelques passages sont vraiment jolis comme les plans contemplatifs qui suivent le générique (seul véritable flash-back abstrait du passé destructeur de la planète où l'on apprend que des robots géants ont tout dévastés suite à un mauvais contrôle de l'armée (parabole avec le nucléaire en clair)) et d'autres fendent le cœur avec ce bébé « Omu » blessé et se vient de son sang tandis que que Nausicaa tente d'établir un contact jusqu'à se blesser pour lui...Dommage que quelques personnages soient sous-développés comme Yuppa qui était pourtant le sage ayant parcourut le monde en solitaire...Il manque un petit-quelque chose à Nausicaa : le milieu du film est un peu bancal, pas très passionnant et le côté invincible et sans peur de l’héroïne est un peu trop prononcé même si elle et une figure prophétique. La fin resplendit de bons sentiments et instaure un vrai fossé avec l'ambiance et le fond parfois violent. C'est beau cet très atypique pour l'époque. Le manga est parait-il plus profond, développe mieux les personnages et l'univers. Dommage qu'on en voit pas plus sur les autres survivants mais il faut noter que c'est assez subtil et intelligent : il n'y pas vraiment de vrai "méchant" dans Nausicaa.

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Menace II Society - 8,5/10

Messagepar Waylander » Mer 16 Nov 2011, 17:59




Premier film des Frères Hugues, première claque.
S’inscrivant difficilement à travers deux évènements tragiques séparés par une trentaine d'années, Menace II Society parle de ce qui découla d'une culture afro-américaine littéralement reniée et conchiée par les USA à l'époque des émeutes de 1965 puis plus tard, de 1992 avec le lynchage de Rodney King par des policiers . Les Hugues passent sous silence ces évènements en ne montrant que des images d'archives qui parlent plus ou moins d'elle-mêmes : dommage tout de même que le background politique et sociale soit peu présent dans le film même si au final, la subtilité l'emporte sur le pathos que les cinéastes évitent largement grâce au ton radical du film.

Plus que jamais -et certainement bien plus doué techniquement – un film sur la communauté « Noire » aura été aussi bien encré dans son époque et aussi puissant dans son fond grâce à des scènes souvent chocs et brutales que camouflent un quotidien de galères urbaines où les jeunes ne font que boire, fumer et s'insulter.L'ouverture du film est remarquable : les réalisateurs jouent même avec le public et ses préjugés . En effet, deux jaunes blacks au style typés gangstas pénètrent une épicerie tenue par des Asiatiques. On sent que quelque chose va arriver mais les répliques du jeune O'dog nous font penser que nous avons tort sur leurs intentions et c'est le cas...mais une phrase du caissier va tout enclencher et plus jamais la marche arrière ne sera possible pour Caine, le plus ouvert et réfléchit des deux.

L'amitié qui les lie restent assez survolées mais cohérente avec l'univers même si l'on sent qu’ils sont vraiment potes, peu de scènes intimistes leurs sont confiées. O'dog représente un certain nihilisme (après la tolérance zéro des flics on peut voir la conscience zéro chez ce gamin) par rapport à l'espoir qu'on sent à travers Caine qui est seulement mal influencé : Que ce soit par son passé , ses parents camés et dealers, l'ambiance funkie sur un flashblack style Malcom X avec éclairage rouge fluo sur une scène d'intérieur (on pense à du Scorsese : les Affranchis et c’est ainsi que l'on se rend compte de l'extrême violence dans laquelle a sombré la criminalité : les valeurs et l'honneur n'existe presque plus) où apparaît en caméo Samuel Lee Jackson qui n'hésite pas à buter un mec sous les yeux de son fils dès lors marqué à vie ou encore, et tout simplement, son mode de vie, le quartier et l'isolation de sa culture dans des quartiers pauvres de Los Angeles. Les Hugues tentent et réussissent un premier film qui, sous bien des aspérités ressemblent à du pur Scorsese des années 70's qui mettait en scène une vie de quartier qu'il avait connue comme avec Mean Streets. L'analogie est d'autant plus pertinente quand on analyse la forme du film des frères : les multiples plans-séquences, le choix des musiques, certains éclairages, et le final où l'acmé des derniers instants renvoi la fin d'American History X se coucher. On pourrait même faire un rapprochement entre Menace II Society et le concept du A Carlito's Way de De Palma tant les dernières minutes du film des Huges et l’utilisation de la voix-off qui a , pour les deux, le même intérêt et la même ambition post-mortem .

Tout le casting est nickel et les caméos de Bill Duke (une des meilleures scènes du film avec ce putain de travelling circulaire plan-séquence qui connote la déstabilisation et le déséquilibre de Caine) , Samuel Lee Jackson donc , Jada Pinkett Smith toute jolie et touchante (un peu plus présente que le rste)et Charles S. Dutton encore une fois très charismatique et impressionnant. Tous vont influer indirectement sur le cours de l'existence du jeune Caine et c'est avec difficulté qu'il parviendra à se remettre en question pour fuir la rue grâce à quelque chose de très banal en apparence mais concret et « humain » : l'amour. Si on enlève tout à ces jeunes (même les origines) et qu'ils n'ont pas d'avenir alors que reste-il hormis la famille , élément essentiel de leur vie communautaire établie entre la religion que les jeunes délaissent (la révélation du messie blanc qui fait tâche pour un peuple issue d'Afrique : thème plus tard presque au centre d'une partie du film Ali de Michael Mann) au profit d'une vie qui malheureusement avec laquelle ils signent malheureusement leur arrêt de mort ? Malgré cela, même entre eux le respect diminue et ce qui les rapproche n'est plus d'aucune aide comme on le voit avec Caine qui braque un autre black qui lui rétorque « On est frères de couleurs mec ! », Caine est interloqué, ne comprend pas et continue....






Sans accuser personne, les scénaristes ne font que sous-entendre plusieurs choses sur ce triste constat pourtant inéluctable quand on met sur une balance la ségrégation et tout ce quels Blacks ont encourus et surmontés depuis des décennies. Pourtant, les Hugues n'appuient pas ce propos mais l'absence de personnages « blancs »et la scène avec les flics peuvent laisser penser qu'ils cantonnent le film à leur communauté. Un film de blacks pour les blacks ? A l'évidence non. D'abord parce que toute l'action du film se déroule au seine d'un quartier afro-américain mais aussi parce que ce n'est pas l'intérêt de l'intrigue qui raconte avant tout une quête initiatique suivit d'une descente aux enfers puis reprise en mains d'un destin qui sombre peu à peu (là encore le parallèle avec le schéma des films de Scorsese est flagrant). Jamais cliché, le film va même jusqu'au prendre à revers nos jugements hâtifs : les chicanos ne tabassent pas l'enfermement l'a aidé et laisse son protégé partir avec son enfant et sa promise...et O'Dog, celui que l'on aurait aimé voir mourir à la place de Caine reste quant à lui en vie et touché par la mort de ses amis (il n'est donc pas ans sentiments). Involontairement, le film préfigure la mode des vidéos amateurs violentes -où les acteurs partagent leurs exploits minables sur facebok et youtube- avec les scènes du visionnage non-stop de la vidéo de surveilance du meurtres des asiatiques de l'ouverture du film.


Sur des embrouilles la majorité du temps banales, les conclusions sont toujours extrêmes (meurtres) et pour O'Dog c'est le quotidien : sans regrets ni conscience il tue pour rien. C'est l’enfant désenchanté à laquelle l'Amérique à donné naissance en lui mettant un gun dans les mains. Le parabole est fait à plusieurs reprises entre l'arme et l'enfant. Parfois, les ralentis suspendent le temps et la vie qui ne tient qu'à un fil tandis les battements du cœur retentissent sur un montage qui alterne plan noir et flash-back de certains fragments du film pendant que la vie de Caine s'estompe peu à peu. Chez les frères cinéphiles, on sent une volonté d’instaurer une ambiance (et parfois, niveau atmosphère sonore on est pas loin du livre d'Eli ou de certaines scènes de From Hell) et une forme vraiment soignée, avec pas mal d 'idées qui permet de laisser aller la caméra et les acteurs . Gorge serrée, larmes qui perlent, le spectateur est bouche-bée face à cette élan tragique qui ne laisse aucune issue de secours.

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Re: [Waylander] Mes critiques en 2011

Messagepar Heatmann » Mer 16 Nov 2011, 18:02

AAAH putain je doit partir bosser la :evil:
pffff je voit la note :love: :love: j y croyai pas !!! bon je lit et decortique tout ca ce soir en rentrant et bien admirer tes screen et impatient de lire ton avis sur le film :super:
well done en tout ca !

on en parle ce soir mec :wink:
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Re: [Waylander] Mes critiques en 2011

Messagepar Scalp » Mer 16 Nov 2011, 18:08

Good job.
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Re: [Waylander] Mes critiques en 2011

Messagepar Heatmann » Jeu 17 Nov 2011, 01:00

je suis un peu abasourdie ( je suis pas sur que ca s ecrit comme ca , ho well ...... ) par tes ecrit , t'as bien captes les perso et le film :super:
c est claire que la scene au parloir est est dechirrante , le mec a l interieur qui a prie une peine a vie sans sursis et livre sa nanas et sont fils avec sa benediction , du moment qu il le tienne loin de leur chemin de bad boy , pffff LE moment emotion qui prend au trip du film , et la , a partir de la , tu te dit , Ptain faut que cain s en sorte lui , et pourtant il est deja trop "ghetto" ...

y aussi plein de dialoque de caine qui en disent long .. par exemple quand il comtemple l idee de partir avec jada pinket ( superbe ici , Way et killbush vous kifferiez Set it off, peut importe ce que scalp dit :evil: ) et qu il dit : you acting like it s not in america .. what difference will it make ? nothing ! just another niggar from the hood ........................................
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Re: [Waylander] Mes critiques en 2011

Messagepar Scalp » Jeu 17 Nov 2011, 14:10

Non les gars écoutez pas Heatmann, Set if Off c'est bien moisi, du bon truc pour gonzesse :mrgreen:
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