Contagionde Steven Soderbergh (2011)
Un film qui donne envie de se laver les mains a forcément un certain mérite
Soderbergh bâtit un thriller à partir d'une intrigue de propagation de virus comme on en a déjà eu (on peut repenser à
Alerte! avec Dustin Hoffman). Le film est assez éclairé et documenté, et construit comme l'était
Traffic. On ne nous épargne aucune des différentes implications possibles face à une telle pandémie mortelle: émeutes, meurtres, pillages, affolement de la population, manipulations médiatiques, enlèvements et groupes de pression, etc... Mais aussi les différents enjeux: enjeux médicaux (envie de gagner le prix Nobel?), enjeux économiques par rapport au vaccin, et enjeux économiques par rapport à l'information (le bloggeur joué par Jude Law qui répand de fausses infos pour s'enrichir, sous couvert de dénoncer un complot d'état et des multinationales pharmaceutiques). Enjeux aussi pour la distribution du vaccin lorsque celui-ci est enfin découvert: qui l'aura le premier? En quelle quantités? Evidemment les pays riches passent devant, mais au sein d'un pays riche, là aussi la question se pose: quelles personnes l'auront en premier?
Bref le film n'élude aucune question éthique et place bien tous les différents enjeux.
Dôté d'un super casting, le film ne ménage pas ses interprètes, et certaines têtes d'affiche ne survivent pas face au virus...
Mais la tension dramatique n'atteint pourtant jamais un réel paroxisme. Un petit côté parano s'installe, mais il manque quelque chose. La faute peut-être au choix de narration, d'avoir voulu faire un film choral, et donc de suivre trop d'intrigues imbriquées. On a souvent l'impression avec ce type de structure de ne jamais aller totalement à fond dans chacune des histoires, faute de temps... C'est encore le cas ici, avec certains personnages qu'on effleure, ou qu'on accompagne un petit peu mais qui disparaissent trop vite. Résultat, certains de ces personnages paraissent dispensables et le script aurait très bien tenu sans eux.
Ca fait quand même un peu froid dans le dos, et on se dit que finalement une telle épidémie (et y'a eu des précédents dans l'histoire) pourrait arriver un jour prochain, favorisée par la mondialisation.
6.5/10