Black Rain Ridley Scott - 1989
"I usually get kissed before I get fucked."
Les films qu'on a découvert gamin garde toujours une place particulière, on les idéalise souvent et quand on les revoit c'est le drame mais Black Rain ça reste un film majeur et un des meilleurs film de Ridley Scott. Un vrai bon polar efficace à l'esthétique eighties pas si datée, d'ailleurs on sent bien que c'est la fin des 80's.
Ca joue beaucoup sur le choc des cultures mais ça reste un film américain mais on tombe jamais sur l'écueil du Japon, alors oui on a des mots et des situations qu'il faut absolument mettre dans le film ( parler des valeurs, des traditions, un petit doigt a couper, des gaijins, mais ça colle avec le perso qui découvre une nouvelle culture et donc c'est tout à fait logique comme choix et puis c'est quand même très respectueux du truc ( c'est pas rush hour quoi, une partie de l'équipe technique du film est japonaise, ceci explique cela) et jamais niais ou moralisateur et Ridley Scott a une vrai vision sur la Japon.
Ca parle intelligemment de la culture américaine entrain de pervertir la culture japonaise mais jamais une culture ne prend le dessus sur l'autre en nous disant ça c'est mieux ou ça c'est mal et puis fait appréciable mais si c'est un truc qui devrait être obligatoire dans ce genre de film les langues sont respectées, ainsi les japonais bein y parle japonais entre eux et pas anglais comme c'est la norme hollywoodienne, c'est ce genre de détail qui rend un film meilleur. Et la partie buddy movie est plutôt plaisante ( c'est même une double partie buddy movie, c'est une approche du genre qu'on avait pas spécialement vu ). Alors bien sur l'antagoniste est sur appuyé Douglas et Takakura représentant les 2 extrêmes des 2 cultures, Nick le chien fou badass et Matsumoto le flic intègre et traditionnel, le respect est au centre de leur différence, bon après chacun va forcément évoluer au contact de l'autre.
Dans mon souvenirs les scènes d'action étaient plus funs aussi bein finalement non R.Scott a fait son flemmard, on nous sort 2 scènes moto pas terrible ( avec la doublure en gros plan ) et un climax final ( d'ailleurs faudrait m'expliquer comment Takakura débarque en pleine campagne comme par magie mais bon pas grave) à la Renny Harlin ou on fait tout péter ( enfin ça reste sympa ), putain j'aurais voulu plus de mort au shotgun, et une mise en scène un peu plus inspirée qu'un vulgaire champ contre champ, enfin c'est tout de même assez efficace pour ne pas plomber l'appréciation générale.
Et puis le film a pour lui un nombre de scènes vraiment excellentes : la scène du bar avec le meurtre ( avec notamment l'insert super classe sur le gun de Garcia, idée de Andy Garcia lui même qui sort son flingue de façon vraiment originale ), c'est le genre de scène parfaite dans sa construction, tant sur le choix des plans que sur la durée, il se dégage clairement un truc super classe de la séquence, le genre de truc qui te fait dire "ce film va péter des fions". Et bien entendu on a la mort de qui vous savez, alors certains ont été ému par ET, d'autre la mort de Mufasa ou Bambi, bein moi c'est la mort de Andy Garcia qui me faisait quelque chose gamin.
Et la ville est super bien filmée, l'ambiance urbaine nocturne presque étouffante est une énorme réussite ( la partie NY est exclusivement influencée par French Connection ), la plus grosse réussite du film, magnifié par la photo de Jan de Bont ( l'aurai jamais du changer de métier lui ) y notamment des séquences éclairées sans "trucage" et juste avec les néons du club et ça rend vraiment bien, Osaka est une ville qu'on voit souvent dans les films japonais et ici elle est vraiment mise en valeur avec ses nombreux dédales et son look indéniablement high-tech et puis chaque plan est amplifié par le score de Zimmer ( clairement un de ses meilleurs ) qui donne une autre dimension au film, alors oui ça fait clairement Blade Runner à Tokyo mais c'est une qualité.
"Sugai-san, I am the solution... to your problems."
Douglas au début on tique un peu, un flic un peu badass ripoux mais pas trop ( y vole un peu mais juste de quoi vivre hein ), le perso est vraiment super basique, il aurait mérité d'être un peu plus ambigu, mais ça c'est histoire d'enculer les mouches ça reste un bon flic borderline, chieur de première et pendant près d'une heure il est même montré comme un gros connard, Douglas signe ici un de ses meilleurs rôles ( top 3 de sa filmo avec Wall Street et l'Ombre et la Proie, le reste c'est soit anecdotique, soit mauvais ) mais ça l'empêche pas de se faire bouffer dès qu'il est dans la même scène que Ken Takakura, acteur si sous estimé (amha), et je parle même pas de la scène avec Tomisaburo Wakayama ( je l'ai pas reconnu sur le coup, mais quand j'ai entendu cette voix grave c'est revenu direct) où l'acteur bouffe l'écran comme à son habitude.
Andy Garcia était dans son époque beau gosse qui se la raconte et qui est assez bon même si son rôle est vraiment survolé mais on se prend quand même d'affection pour le personnage en très peu de temps ( la scène du karaoké est très réussie et là aussi c'est une idée d'Andy Garcia ) et puis le twist de milieu de film reste un gros truc auquel on s'attend pas forcément et on éprouve une vrai tristesse, par contre Kate Capshaw en plus d'être moche, a un rôle bien inutile dont y a juste une réplique a sauver ( quand elle explique à Douglas la guerre entre Sato et le big boss ) enfin pour une fois elle joue bien donc on va pas trop lui cracher dessus.. Et puis comme la maxime de Hitchcock le dit plus méchant est bon plus le film est bon et ici on a un pur bad guy avec Yusaku Matsuda ( mort après le tournage d'un cancer, le mec a tourné se sachant condamné, ça donne une résonance particulière à sa prestation ), un gars bien vicieux, un jeune chien fou qui ne tient plus compte des valeurs old school des yakuzas, du pur bad guy sans pitié au charisme évident et puis le gars parle pas anglais, pas un mot et c'est un bon petit plus je trouve, franchement le casting japonais c'est un sans faute et puis bon Scott a pris des vrais japonais et pas les mêmes acteurs asiatiques qu'on voit dans tout les films US, ici pas de Pat Morita donc.
Le score de Zimmer est une tuerie, le morceau quand l'avion arrive au Japon sous fond de couché de soleil est magistral.
Au siècle dernier on pouvait voir des vraies polars au cinéma, maintenant si on veut voir des polars faut mater des séries. Et avec Yakuza et L'année du Dragon, il y a Black Rain.
"Sometimes, you just got to go for it."
9/10