ESCAPE | 7/10
Ah ce Mankiewicz, plus je vois de films de sa part, et plus je le trouve sympathique. Je m'imagine un bonhomme à l'esprit vif et contradictoire, qui, quand il ne remet pas en question l'ordre établi et la société dans laquelle il vit, passe son temps à reluquer les jolies filles, n'ayant de cesse de penser à la façon qu'il aurait de les mettre en valeur Escape n'échappe pas à ce phénomène et fait la part belle à un couple en devenir, dirigé de belle manière. On retrouve avec plaisir le fantomatique Capitaine Gregg (the Ghost and Mrs Muir) pour un rôle bien différent et plus construit qui permet à Rex Harrison de lâcher les chevaux pour montrer l'étendue de son talent, et il sait y faire le bougre. Pour lui donner le change, la jolie Peggy Cummins offre son charme pour contrebalancer le cynisme du premier, avec un rôle qui est à mon sens l'un des points faibles du film.
En effet, si j'ai bien apprécié le pitch de départ et le sujet même de Escape, à savoir une critique acerbe de la justice, et plus précisément l'injustice, j'ai trouvé que Mankiewicz en faisait un peu trop avec son récurrent personnage au coeur d’artichaut qui va fondre d'amour pour un protagoniste aux principes intangibles et au charme ravageur (faut dire qu'un détenu qui s'échappe et ne tremble pas, ça à la classe !). C'est dommage parce que le film n'avait pas besoin de cette facette trop romantique étant donné que tout le reste est vraiment tempér, la traque est bien menée, l'intro et le contexte finement posés et surtout Harrison est très inspiré et donne à son personnage tout le charisme qu'il lui fallait pour incarner l'homme qui ne courbe jamais l'échine et reste fidèle à son nindo.
On retrouve également dans Escape la présence policière dont l'approche est sensiblement la même que dans Somewhere in the night, incarnée par un policier qui n'en fait pas des tonnes mais au contraire garde son sang froid et sait se montrer arrangeant pour ne pas envenimer la situation. Nuance agréable qui évite au film de tomber dans le piège de la critique à outrance, on a même un passage sur la religion qui est très bien senti. Harrison de passage dans une petite église se lance dans une discussion tantôt cynique, tantôt compatissante sur les hommes d'église, sans tomber dans la facilité.
Joli film, captivant de bout en bout grâce à son acteur principal, une histoire qui rend ce dernier immédiatement sympathique et une fin qui trouve le ton juste. On regrettera juste ce petit côté un peu trop romantico fleur bleue qui, j'en ai un peu peur, je l'avoue, semble faire partie intégrante du cinéma de Mr Mankiwicz. Enfin, ça nous permet de découvrir des jolies filles, on ne va donc pas faire la fine bouche.