Big Boss
5/10Doté d'un manichéisme exacerbé, le premier film de Bruce Lee n'est pas ce que l'on peut appeler un summum de finesse. Surjoué à l'extrème, frontal dans la violence (le coté que j'adore le plus!), réalisé de façon approximative, Big boss n'est qu'un simple "véhicule" dont le seul but est de mettre en valeur sa star naissante. Bon, c'est clairement pas sur les quelques scènes ridicules qu'on lui inflige (le mec bourré c'est la cata
, le grattage de collier pour le canaliser
) que le petit dragon va etre jugé, mais plutot sur son magnétisme. S'il y a bien un truc que l'on ne peut reprocher à Bruce lee, c'est sa présence à l'écran, qu'il bouffe allègrement.
C'te classe!
Félin et hautement charismatique, il ne laisse que des miettes aux piètres comédiens chargé de le mettre en valeur. D'un narcissisme absolu, tous les films de Lee sont batis sur le culte de son corps et de sa technique et cela au détriment de quasiment tout ce qui fait l'essence d'un long métrage. Et Big Boss fait évidemment les frais de cette sur-iconisation. Encore une fois, le film de Lo Wei est loin d'etre irréprochable. La réalisation est baclée (au secours les zooms loupés!) et le manque de moyens ne justifie pas tout. Mais dès lors que les fight arrivent, le plaisir est quasi-immédiat. Je dis "quasi" car la frustration est de mise à chaque fois que l'on doit se taper ce pénible "grattage de collier", synonyme de non combat. Heureusement que James Tien assure l'intérim correctement.
Le gros point fort du film, c'est cette violence assumée, surprenante au vu de la naiveté de l'ensemble. Dans Big Boss, on y meurt salement et on ne lésine sur les plans les plus significatifs (coup de hache dans la tete, coupage à la scie et j'en passe...) Le cul n'est pas en reste puisque lorsque Lee se tape une prostituée, on envoie bouler la censure en montrant plein fer de la poitrine et du cul! Cette liberté de ton est relativement agréable et contrebalance avec la faiblesse technique du film. La dernière demi heure fait la part belle aux qualités martiales de Bruce, avec une belle fluidité dans des combats hautement lisibles. Dans cette océan de brutalité, le réalisateur essaie d'iconiser Bruce Lee, il n'y a qu'a voir cette scène décalée ou il débarque en bouffant du chips et en mettant à l'amende une horde de chiens. Ca bondit à la Bioman
, ca frole le ridicule, ça bascule dans le nanard mais jamais ça n'est mauvais pour peu que l'on soit enclin à pardonner certains errements. Le combat final est long, sanglant et fait la part belle aux tics de la star (petits couinements, lechage de sang etc...).
Malgré un rythme qui se traine, des acteurs réellement à la ramasse et une réalisation anarchique, Big Boss se revoit avec plaisir et nostalgie mais ne dépasse malheureusement jamais le 5, la faute aux casseroles précédemment énumérées.