JURASSIC PARK - Steven Spielberg (1993)
Après avoir réalisé le plus mauvais film de sa carrière, Spielberg se lance en 1993 dans la réalisation de deux films diamétralement opposés, qui représente à merveille les deux facettes majeurs du cinéaste. D'un coté, La Liste de Schindler, certainement son film le plus sombre et le plus auteuriste, et de l'autre, Jurassic Park, une aventure à grand spectacle qui marquera une étape importante dans l'évolution des effets numériques.
L'histoire, tout le monde la connait : un riche entrepreneur veut ouvrir un parc d'attractions rempli de dinosaures clonés. Pour valider son projet et rassurer les investisseurs, il invite un couple de paléontologues ainsi qu'un théoricien farfelu pour visiter le parc avant l'ouverture. Mais les choses vont rapidement dégénérer, et les dinosaures ne vont pas tarder à attaquer les visiteurs.
Basé sur le roman de Michael Crichton, le scénario n'en reprend pas totalement le ton ni les rebondissements. En effet, film familial oblige, les scènes les plus violentes du livre seront remaniées, et la mort de certains personnages carrément supprimée (Hammond et Malcolm entre autres). Mais le vrai pari du film n'est pas là, la véritable prouesse étant de rendre crédible la confrontation entre l'Homme et des créatures éteintes depuis des millions d'années.
C'est sur ce point que Jurassic Park a marqué l'histoire du cinéma. Jamais auparavant nous n'avions pu découvrir des dinosaures aussi crédibles, les effets spéciaux numériques étant encore très peu utilisés (malgré le bond immense qu'a permis Terminator 2 un an plus tôt). Mais ce qui fait la grande réussite visuelle du film, c'est le mariage habile entre les techniques, l'animatronique pour les plans rapprochés, et le numérique pour les déplacements des dinos. Aujourd'hui encore, le résultat reste bluffant, même si l'animatronique vieillit beaucoup mieux que les effets générés par ordinateur (surtout avec la qualité d'image du Blu-Ray).
18 ans plus tard, la découverte du premier dinosaure reste un joli moment d'émerveillement et surtout la première attaque du T-Rex, la véritable star du film, impressionne toujours malgré les années, et reste assez angoissante pour un film tous publics (je me rappelle encore de ma séance au ciné à 8 ans, un vrai choc). En terme de mise en scène, Spielberg prouve encore une fois son talent, et même s'il a fait bien mieux et plus virtuose depuis, il démontre son efficacité lorsqu'il s'agit de créer le suspense ou pour mettre en place des scènes d'actions inventives (la scène des raptors dans la cuisine est un modèle du genre). Il signe un survival familial et haletant, qui se permet même quelques touches de noirceurs étonnantes (l'avocat dévoré par le T-Rex ou le bras arraché de Samuel L Jackson).
Coté acteurs, c'est plutôt bon, Sam Neill et Jeff Goldblum portent le film, et le reste du casting s'en sort honorablement, même si le concept même du film à tendance a éclipser les humains au profit des créatures. La musique de John Williams est comme souvent fabuleuse et entêtante, et apporte un plus indéniable aux scènes de tensions.
Cependant, malgré ses qualités évidentes, le film n'est pas exempt de défauts : des personnages assez caricaturaux, des facilités scénaristiques déconcertantes (la vidéo explicative du processus de clonage qui prouve que les savants du parc n'ont pas pensé à tout, un Deus ex machina totalement improbable) et un coté grand public trop prononcé pour que le film soit totalement réussi.
Enfin, près de vingt ans après sa sortie, Jurassic Park reste tout de même un film pionnier pour l'avancée des effets numériques et surtout un très bon divertissement populaire et familial, comme sait si bien le faire son auteur !
8/10