Après avoir vu l'esthétique
Suspiria, j'étais un peu déçu par le style beaucoup moins recherché de
Phenomena. Ce dernier est moins axé sur la forme que sur le script et la direction des personnages, puisque l'un des piliers du film est tenu par un personnage communicant avec les insectes interprété par la craquante Jennifer Connely. Or, ces deux aspects ne constituent pas selon moi le fort de (ce) Dario Argento :
- J'ai parfois l'impression que les acteurs jouent aussi bien que dans un téléfilm érotique sur M6.
- La narration est plombée par de nombreux temps morts et contient quelques invraisemblances (l'école ne semble pas s'inquiéter plus que ça d'un meurtre récemment commis entre leurs murs, et je ne comprends pas comment l'héroïne est parvenue à trouver des vêtements après s'être échappée de l'école).
La scène d'introduction ressemble légèrement à celle de
Suspiria, la stylisation en moins, avec un paysage de forêts et de montagnes suisses au cadre à la fois bucolique-ordinaire et étrange, qui enchaîne par un meurtre violent (que l'on suit essentiellement à travers la vue subjective du meurtrier, et avec le climax, c'est d'ailleurs la meilleure scène du genre dans le film). L'héroïne qui pénètre dans un pensionnat présenté aussi un peu de la même manière, et on retrouve également la relation conflictuelle entre la jeunesse et la sévérité du monde des adultes. On y retrouve enfin le même type de parcours initiatique de la jeune fille vierge, toujours habillée en blanc, naïve et innocente (je perçois limite une petite déviance de Dario Argento ...).
Mais la comparaison entre les deux films s'arrête là, ce qui est déjà pas mal. Ce qui est nouveau, c'est la question de la différence souvent mal vécue par les adolescents, symbolisée par le pouvoir de la jeune héroïne qui parvient à communiquer avec les insectes. Ce personnage me fait penser à celui de
Carrie. J'ai bien aimé cette petite touche fantastique où l'empathie de l'homme semble s'étendre jusqu'aux animaux (dixit la relation entre le spécialiste des insectes et son singe-infirmier), voire plus globalement jusqu'à la nature (le vent des Alpes semble omniprésent). On ressent que Dario Argento a du faire pas mal de recherche sur le paranormal, plus spécifiquement le magnétisme animal, et j'ai beaucoup apprécié les moments où Jennifer utilise une mouche pour remonter jusqu'au meurtrier.
Par contre j'ai eu du mal avec la musique, franchement inégale, oscillant entre le même style que dans
Suspiria (donc c'est bien) et du Heavy Metal des années 80 qui selon moi n'est pas le meilleur choix pour créer une ambiance fantastique ou pour faire monter la tension.
Bref,
Phenomena est un peu décevant si on le compare avec
Susperia dont il partage pas mal de choses, moins stylisé et doté d'une B.O. qui casse le trip, mais porté néanmoins par la déjà charmante Jennifer Connely incarnant un personnage assez intéressant, le tout culminant en une belle apothéose horrifique.