7/10
Un Maledetto Imbroglio de Pietro Germi - 1959
Dans un passé très lointain, l'Italie livrait de bons films.
Un vrai bon petit polar noir à l'américaine avec une grosse touche de social ( avec des petites touches d'humour en plus, via toute une galerie de second rôle bien sympathique où tout le monde à droit à sa petite scène ou sa petite réplique, d'ailleurs malgré le grand nombre de personnages on est jamais perdu car ceux là sont vraiment très bien caractérisés et on identifie tout le monde facilement ). On a une enquête whodunit très classique ( une femme est assassinée dans un immeuble une semaine après un vol, le nombre de suspect se limite rapidement à 2 personnes malgré des mobiles évidents ( les indémodables sexe et argent ) les preuves manquent et les 2 ont vraiment des tronches de coupables idéals, de plus c'est des personnages plein de vice facilement détestable.
Bon c'est ptet un poil trop long ( ça s'éternise un peu par moment, le jeu de piste va trop loin ) mais c'est quand même efficace ( enfin l'identité du coupable est quand même assez facilement trouvable malgré les nombreuses fausses pistes ) avec une enquête très minutieuse intéressante à suivre, chaque nouvelle piste menant à une nouvelle impasse, par contre je regrette comment l'enquête est résolue via un indice un peu limite et facile ( je trouve ça mal amené ça fait un peu trop bon comment on va faire deviner la vérité au flic, trouvons une idée pas trop conne, bein là elle est un peu conne quand même ) c'est dommage car tout le coté laborieux de l'enquête est bien foutu ( les enquêteurs ne négligent aucune piste et leur enquête les mènent dans les bidonvilles ) mais la résolution est pas géniale.
Le film est aussi un portrait de cette bourgeoisie d'Italie d'après guerre pas très glorieuse entre détournement de mineur, chantage sexuel, adultère, dénonciation, prostitution masculine, enfin que des réjouissance quoi, on se croirait dans le Nord Pas de Calais.
La dernier plan du film avec Germi remettant ses lunettes est vraiment symbolique, avec un personnage qui ne peut rien faire pour aider une jeune femme plein de désespoir, dont le seul tort est d'avoir voulu sortir de sa condition sociale, ce dernier plan délaisse le cynisme qui plane tout au long du film et on est en pleine fatalité.
Le film fait pas mal pensé à du Maigret version Gabin ( le rapprochement avec Simenon est assez évident ).
Techniquement c'est plutôt correct, le film commence vraiment bien avec un bon petit travelling arrière et la suite du film est sans fausse note mais c'est pas de la grande réal ( pour comparer avec des réals de l'époque c'est clairement pas du Clouzot ), bon on regrettera peut être seulement que Germi ne joue pas plus avec les nuances du N/B, mais le cadre Romain a un charme certain.
La photographie est vraiment belle, on est devant un N/B vraiment léché même si il est pas toujours mis en valeur.
Pietro Germi en plus de réaliser et aussi l'acteur principal du film et là c'est une énorme découverte, c'est un putain d'acteur le gars, il a une présence de fou, un charisme et une sacrée prestance, de plus son personnage d'inspecteur malin et désabusé qui arrive toujours à ses fins est vraiment excellent ( et sort tout droit d'un film noir us, c'est un peu un rôle à la Widmark ou à la Sterling Hayden ) et quand il s'énerve c'est génial ( la double paire de claque c'est un grand moment ) et pis son petit look fait son effet ( cigare au bec, grosse lunette et chapeau c'est bien classe ), le reste du casting pour ma part à part la toujours somptueuse Claudia Cardinale parfaite en fille du peuple c'est des inconnus total, mais tout le monde est vraiment bon.
Bon polar dans l'ensemble mais la réalisation n'élève pas le film au statut de très bon film.
7/10[/center]