Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade Julien Carbon et Laurent Courtiaud - 2010
Premier film et unique film du duo pour le moment et mais belle réussite, déjà visuellement c'est de loin le meilleur premier film français de genre ( avec
Amer mais bon Amer ça fait trop branlette ), ça enterre tout les trucs qu'on se bouffe depuis 10 ans et qui sont sois disant trop bien.
Alors je commence tout de suite par les défauts aux nombres de 2 : l'histoire très Hitchcockienne à base de McGuffin est pas spécialement passionnante mais c'est pas vraiment gênant à la vision du film car on sent bien que l'histoire est plus prétexte ( du coup aucun persos n'a de background et les motivations sont réduit au strict minimum ), ce qui est surprenant quand on sait que les 2 gars sont à la base scénariste et auteur de l'excellent script de
Running out of Time ( bon sont aussi scénariste de l'incroyable
Black Mask 2 ). L'autre soucis c'est les 2 actrices françaises tout simplement pas à leur place ici, Frédérique Bel ça fait comme Johnny H chez To, elle a une présence, quelque chose se dégage de son personnage ( et son look de blonde glacée Hitchcockienne est réussit, elle est vraiment belle et magnifiquement mise en valeur, son personnage on dirait même un mix entre du Hitchcock et du Melville, bon à part le plan ridicule où elle mime un flingue ), on croit à son personnage de femme déterminé mais dès qu'elle ouvre la bouche c'est la catastrophe, elle est fausse quasiment du début à la fin, l'autre actrice Carole Brana c'est pire, voilà pour les trucs vraiment ratés du film.
C'est un des seuls films français où les influences ne font pas fanboy, alors oui ici le giallo est clairement cité mais jamais on peut dire tient ce plan ou cette idée ça vient de tel film, on pense aussi à Johnnie To et la shaw brothers ( via l'opéra chinois des Griffes de Jade ), le seul film clairement cité ici c'est Vertigo car ici le Giallo c'est juste sur la forme, ici pas d'assassin à découvrir, pas de tueur poursuivant une pauvre victime non ici les meurtres sont plutôt statique et on est même en plein torture porn et c'est de loin le torture porn le plus jolie visuellement, dans toute la vague torture porn qu'on se mange depuis 10 ans y a un seul plan qui peut rivaliser avec la beauté plastique de ce film c'est le bain de sang de
Hostel 2 avec Edwige Fenech.
Le film malgré un script un peu light se permet tout de même d'être surprenant ainsi la disparition d'un des personnages principaux avant le climax final est un truc que j'avais pas vu venir ( et ça déçoit un peu, on a pas le duel attendu mais c'est une idée sympa ), niveau rythme au vue de ce que j'avais lu m'attendait à pire et finalement mais si c'est plus un film à ambiance, on ne s'emmerde pas et l'histoire avance rapidement, enfin faut vraiment rentrer dans le film sinon je pense qu'on peut trouver le temps long car on peut dire qu'il se passe pas grand chose.
Le film se déroulant à HK et étant filmé par une équipe technique local ça donne un drôle de mélange d'influence, le cinéma d'horreur à HK étant finalement quasiment absent ( le seul film auquel on pense c'est
Dream Home ), on se retrouve devant du film HK ( car oui pour moi c'est du film HK avant tout, ne serait que comment Hong Kong est filmé, ça fait pas film d'un européen qui débarque, c'est pas un HK de carte postale ) comme on a pas l'habitude d'en voir.
Visuellement c'est donc magnifique et très fétichiste ( ça kiffe les pieds comme chez Tarantino ), l'affiche je me demandais à quoi ça correspondait et on a la réponse lors d'une intro majestueuse où rarement un meurtre aura été aussi sexuel et beau, le plaisir et la douleur se mèle avec une machine à suffocation ( j'avais jamais vu ça ) et un meurtre qui se termine avec un sang d'un rouge ultra vif du plus belle effet.
Après cette intro j'aurais pensé que le film serait allez plus loin sur le coté érotique et finalement passé l'intro ça reste très sage, niveau violence c'est pas insupportable mais c'est clairement très recherché, y un pétage de dent sur un rebord de table magnifiquement mise en scène, la scène de torture avec le Dry Martini est ultra classe ( par contre on sent que l'actrice n'a pas voulu aller trop loin sur le coté sexe et du coup tout le coté sexuel est vachement atténué par le gros short que porte l'actrice ), des scènes de torture avec des décors high tech du plus belle effet et puis la fin où ça se transforme en mini slasher est ultra iconique avec Carrie en prédatrice impitoyable et invincible, mais toujours aussi suave et sensuelle ( on a même un plan où un gars perd ses tripes bein il est filmé de façon super classe, pas à la Fulci quoi ).
Sur la forme j'ai beaucoup pensé à Christophe Gans, avec lui ils partagent le gout de la belle image.
La photo est magnifique avec une utilisation de teinte très chaude du plus belle effet.
J'en arrive à la raison principale de voir ce film : Carrie Ng, c'est pas le plus grand nom de HK, elle sort même d'une retraite de 10 ans, son dernier bon film c'est
The Lovers donc ça commence à remonter, Carrie Ng c'est surtout un nombre incroyable de film de Cat 3 donc en gros c'est une actrice connu seulement par les vrai fan de ciné de HK, ici c'est simple c'est juste son meilleur rôle elle est magistrale dans son personnage vénéneux qui prend son pied en torturant des jeunes femmes et le duo de réal prend plaisir à la sublimé à chaque plan, chaque cadrage, tout est pensé pour que son personnage ressorte à chaque fois, l'éclairage, la posture, tout est parfait, rarement on a vu femme fatale aussi perverse et aussi bien mis en valeur, le reste du casting asiatique est composé d'anonyme à part le toujours très bon Jack Kao.
La BO est excellente, et c'est même une des meilleures que j'ai entendu cette année.
Un mix plutôt réussit d'influence européenne et asiatique et c'est pas si souvent qu'on voit ça et ça donne un film difficilement classable, 6 ans après la sortie du film la carrière des 2 réals est au point mort et c'est bien dommage.
7/10