par passioncineorg » Lun 28 Nov 2011, 22:40
La Belgique de Bouli Lanners n’a peut être plus de gouvernement mais elle a encore l’envie de nous offrir 1h20 de conte, à travers sa campagne, ses paysages, ses enfants, son cinéma, comme pour mieux exorciser la noirceur de nos sociétés actuelles.
Les Géants nous emmènent dans les aventures de deux frères, Zak et Seth, laissés à eux même dans la maison de leur grand père décédé, dans la douce campagne Wallonne, abandonnés par leur mère, lointaine voix dans leur téléphone, qui ne sait pas quoi faire d’eux, les laissant sans aucuns remord, seuls.
Au détour d’une route ils rencontrent Danny qui va cheminer avec eux, les emmenant chez le dealer du coin, la maison de campagne d’un couple absent, les accompagnant sur cette rivière, dans cette baraque pilotis, autour d’un feu sous la voie lactée.
Ces enfants seront confrontés à la dureté de la vie adulte, faisant face à au dealer du coin qui va, dans un marché de dupes, les déposséder de leur maison, de ses souvenirs de famille, leur faisant miroiter de l’argent qui leur permettra de passer l’été, allant jusqu’à les faire expulser par le frère de Danny, demi-fou qui tentera de les battre à mort, le seul adulte qui les aidera à deux reprises sera une Marthe Keller féérique, protégé de ce monde par les hautes haies de sa maison et par la gentillesse de sa fille, touchée par la trisomie, leur créant ainsi un havre de paix dans ce monde de brutes.
Le format du conte, choisi par Bouli Lanners pour Les Géants, avec ses 3 mômes, a des airs de road movie, nous faisant partager aussi bien les différents chemins de leur été – de la maison à la rivière, de la nature à la caravane du dealer – que le cheminement qui leur permettra de passer du statut d’enfant à celui d’adolescent – la pizza à l’harissa, leurs teintures en blonde dans une scène qui a fait rire toute une salle, leur rapport au frère de Danny, leur intérêt pour le sexe – , avec une réalisation fondée sur ce trio d’enfants qui fonctionne très bien, à l’image du groupe de Super 8 de Spielberg, nous faisant partager leurs rires, leurs larmes, leur faim, leur envie de s’en sortir, de grandir pour échapper à ce monde des adultes qui ne veut pas d’eux, tout en suscitant une intéressante métaphore avec la Belgique actuelle, laissé sans gouvernement depuis plus d’un an et qui cherche elle aussi à avancer.
La force de ce film passe par le réalisme que seul peut se permettre le cinéma dit d’auteur, Bouli Lanners, scenariste, producteur et realisateur, filmant une Belgique que l’on peut retrouver au détour d’une visite dans ce plat pays, avec cette campagne et cet air de liberté, ces enfants – joués par les géniaux Paul Bartel, Zacharie Chasseriaud et Martin Nissen -, ce monde si réel, et cette rivière qui coule au milieu de tout cela, apaisante, menant vers un océan de promesses.
Les Géants est un véritable plaisir cinématographique, un de ceux que 2011 nous aura apporté avec Les intouchables ou Drive, qui nous plonge dans 1h20 de plaisir belge qui ne cesse de nous faire rire et sourire. Et ça fait un bien fou.