L'Affaire Cicéron de Joseph L. Mankiewicz
L’affaire Cicéron prouve une fois de plus Mankiewicz l’incroyable talent d’écriture de ce réalisateur, plus je découvre sa filmographie plus il s’impose comme l’un des plus grand conteur du cinéma, ici il touche le genre d’espionnage avec un parti pris original puisqu’un valet va jouer la comédie se faisant passer pour un espion pour tourner en bourrique les services secret anglais et allemand en pleine deuxième guerre mondiale.
Sous cet aspect de modèle du film d’espionnage parfaitement huilé ou le suspense est constamment maintenu alors que Mankiewicz délivre ses surprises habilement, 5 fingers est avant tout un film d’amour teinté de lutte des classes, le héros tout en flegme britannique incarné à la perfection par James Mason organise ce jeu de dupe pour mieux approcher la comtesse. Celle qu’il a servi et qui berce ces rêves de liberté, s’en suit un accord ou on se demande qui manipule véritablement l’autre, chacun servant un verre social à l’autre, en cela les scènes entre ces deux associés improbables sont les meilleurs passages du film, là où on retrouve tout le cynisme piquant du réalisateur dans des dialogues inspiré.
Tous les seconds rôles qui gravitent autour se font parfaitement ridiculiser pour des experts en contre-espionnage, les rois de l’art du gossip, c’est un peu grossier mais cela amène des scènes décalées croustillante d’autant plus effarant lorsque le chef nazi balance l’emplacement du débarquement croyant que tout a été planifié depuis le départ pour lui faire gober une fausse information. Cela résume tout l’intérêt du genre, un univers d’hommes froids et calculateurs qui passent leur temps à disséquer et douter des informations à un tel point paranoïaque qu’ils n’arrivent même plus eux même à discerner le vrai du faux.
En seul défaut on regrettera pour un film dont l’essence est un voyage international, il ne décide de prendre le train pour vraiment embarquer le spectateur que lors de la toute fin à la manière de son Cléopâtre, Mankiewicz délivre un effort formel minimal, un film de couloir un poil statique néanmoins la fin à Rio sous le rire de Cicéron en dit long, tout ce petit jeu fut vain mais quel délectation devant cette chute de statut.
8.5/10