Les aventures de Tintin: le secret de la licornede Steven Spielberg (2011)
A l'annonce du
Tintin de Spielberg, je n'étais guère enthousiaste, préférant qu'un de mes cinéastes chouchous s'attaque plutôt à d'autres de ses projets qui m'attiraient plus. N'étant pas fan de cette technique d'animation ni de son rendu, et pas fan du tout de la 3D, ce nouvel essai de portage sur grand écran des aventures du petit reporter belge ne s'anonçait pas sous les meilleurs auspices.
Et pourtant, Spielberg, en grand cinéaste qu'il est, a su insuffler à son film une telle dynamique, une telle folie, que l'opération séduction n'a pas mis longtemps à faire son oeuvre.
Succession de morceaux de bravoure allant à 100 à l'heure, avec quelques moments d'anthologie (le fameux plan-séquence de la poursuite à moto, hallucinant), Spielberg renoue avec ce qui faisait le coeur de son cinéma de divertissement: la générosité. Cette générosité imprègne chaque plan du film, voulant toujours offrir plus au spectateur. Il y en a tellement qu'une seule vision ne sera pas suffisante pour tout appréhender du film, d'une richesse inouïe en terme visuel.
La virtuosité de Spielberg avec ce nouvel outil est imparable. Comme si il était né avec, il a, en un seul film, assimilé et exploré toutes les possibilités que lui apportent cette technologie, et les utilise pour combler son public. Il y a des idées à tout bout de champ, des jeux avec la profondeur, les reflets, les enchainements...
Côté scénario, le mix de 3 albums fonctionne plutôt bien; l'humour est là, et les personnages dans l'esprit d'Hergé. La grande réussite, c'est le capitaine Haddock (avec à la manoeuvre le grand spécialiste de la motion capture Andy Serkis, qui depuis le temps devrait avoir le droit à l'Oscar du meilleur acteur virtuel). Haddock est truculent, bougon, changeant, ivrogne et n'a pas la langue dans sa poche. Une autre réussite, le fidèle compagnon Milou (sans acteur cette fois
), astucieux, malin et attachant.
Côté légères déceptions, le rendu de l'animation est comme souvent avec ce genre de technique, un peu fade dès qu'il s'agit de visages humains. Comme les traits ne sont pas grossis (hormis les nez) ni les expressions exagérées, c'est parfois un peu lisse. Autre petite déception, la partition de Williams, éternel compère de Spielberg, qui reste efficace et fonctionnelle, sans jamais vraiment prendre vie: pas de thème mémorable à la
Indiana Jones qu'on fredonne en sortant de la salle, dommage, le film s'y prétait bien.
8.5/10