7/10
Cheyenne Autumn de John Ford - 1964
"I fought Indians who wanted to fight me, not just some poor blanket-heads trying to go home!"
Après avoir lu le roman je me refais donc le film et je trouve que c'est une très bonne adaptation et j'irais même plus loin en disant que le film est meilleur car on a Ford derrière la caméra et un super casting, alors que dans le livre c'est juste des noms de personnages et qu'ils ne vivent pas vraiment, c'est marrant Wikipedia dit que le roman adapté est Cheyenne Autumn de Mari Sandoz alors que IMDB annonce Sandoz et Fast comme scénariste.
Rarement cité parmi les meilleurs films de Ford, il est pourtant largement meilleur que certains bien plus réputés.
Western pro-indien mais c'est à relativiser tout de même y a quelques concessions de faite pour l'époque ( où alors c'est tout simplement fait selon la vision d'un homme blanc de l'époque ) notamment le parallèle entre le jeune militaire et le jeune indien, tous les 2 belliqueux, le militaire redevient "bon" alors que le jeune indien est tué par son peuple, et le coté massacre des indiens est dédouané un peu trop facilement, mais bon les vrais héros du film ici sont bien les Cheyennes montrés comme un peu noble et courageux.
Ici on est quand même loin des indiens gogol de la Prisonnière du Désert qui se faisait tuer comme des mongolitos, déjà dans
2 Cavaliers le rapprochement avec Blueberry était évident ici c'est encore plus flagrant que Charlier et Giraud se sont inspiré essentiellement de Ford, ici on retrouve carrément des pans entiers de l'album la Tribu Fantôme ( bon dans Blueberry par contre on a plus de péripétie ).
Bon alors c'est du John Ford c'est donc très pépère, surtout qu'en plus ça dure 2h20, mais on ne s'ennuie pas car on reste quand même captivé par l'odyssée de la nation Cheyenne même si il y a un manque flagrant de rythme et liant dans le script on sent vraiment la dureté de ce voyage à travers le pays ( mais ça manque un peu de souffrance quand même ), on pense un peu au 10 commandements sans le coté chiant, le film a même un petit coté reportage plutôt bien géré.
Les scènes dramatiques ça pas de souci Ford sait faire et le passage où les Cheyennes décident de s'évader du fort est vraiment très bon.
Comme souvent chez Ford, les personnages ont tous des motivations ou un passé qui fait qu'on comprend leur agissement, du coup ici on ne stigmatise personne, y a pas de bons et de méchants, juste 2 peuples qui ne peuvent pas vivre ensemble, bon y a bien des gros connards quand même et ici c'est 4 texans racistes et bas du front (fidèle à la réalité quoi).
Le film est très sérieux et très sombre et d'un seul coup on a une rupture de ton avec un interlude sortit de nulle part avec James Stewart et Arthur Kennedy ( ça fait plaisir de revoir le duo de Anthony Mann réunit ) qui interprète Wyatt Earp et Doc Holliday dans une séquence très légère et qui n'a rien à voir avec le reste du film (bon on retrouve Earp dans le roman mais c'est pas comique), alors oui c'est cool Stewart et Kennedy assure mais l'utilité reste discutable ( qui dure pas loin de 15 minutes en plein milieu de métrage ) cependant c'est une des seules scènes où Ford ne cède pas aux bons sentiments.
Le gros défaut du film ça reste quand même la fin qui cède au happy end, et là c'est carrément une faute de gout et ça plombe bien le film heureusement le plan final est d'une telle beauté qu'on oublie la guimauve du plan juste avant.
Sur la réal y a des plans filmés en transparence assez immonde ( enfin c'est parce que E.W. Robinson est arrivé à la fin du tournage pour remplacer un acteur et du coup toutes ses scènes sont en studio ), et comme pour les 2 Cavaliers, Ford s'est un peu désintéressé du film et pourtant c'est un des ses meilleurs films, avec encore de merveilleux plans de Monument Valley, et le plan avec les Cheyennes stoïques attendant sous le soleil la délégation censée les recevoir ( et puis on a vraiment l'impression de voir des indiens, y sont loqueteux, avec des vieilles frusques, on est loin de la représentation des indiens des années 50 ).
Richard Widmark comme de coutume est très bon, il interprète ici un peu le même personnage que dans les 2 Cavaliers, un soldat juste mais conscient de ce qu'il fait et de contre qui il doit sa battre ( les Cheyennes y connait, c'est un vétéran de la guerre, il sait qu'ils sont capable d'être sans pitié eux aussi, il les respecte mais il les craint aussi ), tiraillé entre son devoir et son humaniste ( et les scènes avec ses hommes sont vraiment très biens, notamment le passage avec le lieutenant polack ), très vite on voit qu'il comprend la situation mais qu'il peut pas faire grand chose c'est dommage que le film ne s'attarde pas plus sur son cas de conscience (enfin c'est mieux foutu que dans le roman), car il met longtemps à vraiment réagir ( avec en point d'orgue le diner avec Malden où il ne fait strictement rien), il faut noter aussi qu'il a des biens meilleurs dialogues que son personnage du livre, dans le livre c'était un personnage parmi d'autre et il se dégageait pas grand chose, ici c'est Widmark est direct il prend possession du personnage pour en faire quelque chose de nettement plus marquant.
Le perso Carol Baker c'est un peu trop du perso facile et gerbant de bon sentiment mais heureusement Ford n'en rajoute pas trop sur ce personnage et du coup ça passe bien (mais c'est un perso rajouté pa rapport au livre et ça c'est un peu con), Karl Malden en officier ne voyant pas plus loin que les ordres est excellent ( bon par contre c'est du personnage un peu facile ), Sal Mineo en jeune guerrier fougueux est très convaincant et j'ai bien aimé les 2 chefs guerriers qui même si c'est des mexicains ( imposés eux aussi ) font quand même bien indiens et ils en imposent bien en chef guerrier 'Ricardo Montalba était un super acteur de toute façon), et puis on a Ben Johnson même pas crédité au générique ( Ford était fâché avec lui et l'acteur avait été imposé par la prod ).
Un Ford très agréable et meilleur que certains Ford majeur et qui est donc bien meilleur que le bouquin qu'il adapte.
"They will not go back. Life there is not life. They will die here."