Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz
Cléopâtre, film à l’ambition financière démesurée, récrée un cadre à l’ampleur époustouflante dans lequel un trio prestigieux n'aura cesse de s'exprimer, Cléopâtre va tour à tour se partager César et Marc Antoine, ils vont s’aimer, se haïr et comploter pour définir l’avenir de l’empire romain.
Ce qui frappe au premier abord c’est la qualité du scénario Joseph Mankiewicz le réalisateur réputé pour ces talents de scénariste a effectué un formidable travail d’écriture. Au contraire des toutes premières scènes où l’on voit César sur le champ de bataille et se balader seul sur le port d’Alexandrie, Cléopâtre est en fait un marathon de répartie durant plus de 4h, à l’exception d’une unique bataille navale, le film est cloisonné dans ces espaces titanesques ou Cléopâtre va se battre pour obtenir son statut de reine d’Egypte et plus encore.
Durant plus de 3h, les tableaux faramineux se suivent, les dialogues font mouches, les idées de situations et retournement scénaristiques retiennent toute l’attention à un rythme soutenu, formellement les cadres sont bien choisit mais la seule idée marquante qui vient casser le classicisme de l'ensemble est le fondu enchainé lors du meurtre de césar sur le visage de Cléopâtre. Mankiewicz délivre un film intimiste à l’écriture épique quasi parfait, on rêve de bataille, de grandeur, lorsque Cléopâtre parle d’expansion tel Alexandre le grand, un sillage qui résonne bien plus aux oreilles du fringant Marc Antoine que d’un César épileptique en bout de course qui ne rêve que d’une chose avoir un enfant.
Le film est rempli de situations cocasses de l’introduction inattendu de Cléopâtre à ses bains séducteurs en passant par la scène d’éducation de son fils mais les enjeux politico-stratégique renvoient régulièrement le film d’Alexandrie à Rome, ou le peuple, le sénat se plaint de l’absence de leurs leaders plus occupés à batifoler avec Cléopâtre en Egypte que de maintenir l’empire à Rome. Toute la réussite du film se retrouve dans la décolleté plongeant de Liz Taylor insaisissable entre grande tirade amoureuse et manipulation sous-jacente.
Il faut clairement ne pas être allergique aux envolés théâtrales car le trio ne délivre que cela durant 4h, certaines scènes manquent clairement de naturel en contrepartie cela donner une vraie intensité aux pics que se lancent ces amoureux jaloux. Richard Burton, excellent en Marc Antoine, au bout de la troisième heure avoue l’impasse du spectateur, il préfère l’action plutôt que de rester assit inlassablement à susurrer des complots. Le jeu de séduction n’étant plus là, la perte de pouvoir étant inévitable l’intérêt diminue.
Mankiewicz délivre une dernière surprise dans une seconde bataille avortée avant rallonger artificiellement sa fin ou l’impression de répétition commence à se faire sentir, toute la problématique du film est là, le spectateur voyage essentiellement par les paroles de ces acteurs, Mankiewicz a beau s’offrir des décors grandioses en studio au bout d’un certain temps on commence à étouffer pour tenir un tel marathon quelques paysages, quelques combats ou aventures extérieures sans paroles aurait permis d’aérer un récit cadenassé trop verbeux reste tout de même une grande pièce de cinéma parfaitement interprété.
8/10