La Chute de l'empire Romain d'Anthony Mann
Impossible d’évoquer la chute de l’empire romain sans faire le parallèle avec Gladiator qui a repris toute le trame de fond de son début enneigé à sa fin en duel de gladiateur, pourtant les parcours des deux films sont diamétralement différent , là où le film de Ridley Scott simplifie les enjeux au profit de l’action Mann traite pleinement son sujet celui de la décadence d’un empire à bout de souffle.
En 3h Anthony Mann expose toute la richesse de sa super production, les décors peuplés de milliers de figurants sont grandioses, on est totalement transporté par le souffle de cette chute. Mais à trop vouloir montrer la plus-value artistique de son film, Mann n’échappe pas à quelques longueurs concentré dans sa première partie et quelques lourdeurs narratives qui préviennent le spectateur longtemps à l’avance des retournements de situation venant souligner son propos, par exemple deux passages avec une voix-off intérieure poussive.
Gladiator nettement moins ambitieux en termes de récit arrivait à concentrer la dramaturgie du trio de tête avec plus de tact et passion, ici faute au jeu mono expressif de Stephen Boyd (déjà présent dans Ben-Hur) le souffle tragico-romantique ne prend pas totalement alors que le reste du cast est irréprochable Sophia Lauren irradie sa beauté pour une fois défendre un véritable rôle, Mac Guinnes parfait en Marc Aurèle et James Mosan au doigté philosophe mais c’est surtout Christopher Plummer qui sort son épingle du jeu par sa décontraction et ses discours, en commodore il a le look, le physique et la folie qui a été décalqué par Ridley Scott à travers Joaquin Phoenix .
Le plus surprenant dans cette chute est l’ambition du projet qui montre les quatre coins de l’empire romain des frontières barbares à Rome en passant par le front perse. Dans les discours face à ces diverses foules on sent véritablement le côté épique du projet bien plus que durant les 3 batailles brouillonnes et bordéliques au possible. Néanmoins Mann nous réserve quelques bonnes surprises comme un course de char version rallye bien plus mouvementé que celle de Ben-Hur, l’armée qui se fait acheter par poignée de pièces d’or et un duel final véritablement épique sur fond de démantèlement d’un empire romain qui à force de grandir n’a plus les capacités d’annexer et de soumettre à l’esclavage tous ces peuples.
Rien que pour la proportion démesuré de son sujet , la dimension de son environnement et de ses discours, La chute de l’empire romain mérite d’être vu.
7.5/10