Becket, Peter Glenville (1964)
Après avoir lu Les Piliers de la terre, un très bon roman historique traitant de la même période et incluant les deux mêmes personnages principaux, je me suis prêté à une petite prolongation à travers ce film.
L'ouverture anticipe déjà la conclusion du film : triomphe des chants grégoriens, entrée du roi qui apparaît minuscule dans cette cathédrale pourtant relativement modeste, et méditation du monarque auprès de tombeau de Thomas Becket, décédé et pourtant victorieux. On soupçonne à partir de cette belle introduction qu'une amitié très forte a éclôt entre ces deux hommes, qui sera ainsi le principal thème du film.
Le roi Henri II est décrit comme quelqu'un d'exubérant, un éternel adolescent qui veut voir tous ses caprices se réaliser, tempéré par son ami Thomas Becket, plus réservé et réfléchi bien qu'il participe aussi à certains de ses jeux de débauche. Cependant, ce dernier est pris entre deux sentiments, la loyauté envers son roi, et son sens de l'honneur. Il est saxon, et son peuple a été conquis. Il a eu la bonne fortune d'être repéré et choisi par son roi comme compagnon favori, mais ainsi il en est sa marionnette, placé à telle ou telle place pour remplir un intérêt stratégique. Mais l'erreur qu'il ne fallait pas commettre était de le placer comme primat de l'Eglise : ainsi, Henri II l'a mis face à son honneur, ce qui sera le début de la fin.
Ces deux personnalités, très bien interprétées par les deux acteurs les incarnant, sont intéressantes à suivre, et plus que les deux puissances qu'ils représentent (et les intrigues y attenant), les pouvoirs séculiers et religieux, c'est encore une fois leur amitié qui est mise au centre.
Les décors et les costumes sont bons, surtout pour l'époque, et la musique, entre chants grégoriens pour le côté religieux, et trompettes et tambours pour l'autre côté, est assez efficace.
Cependant, l'interprétation, surtout pour les autres acteurs, est un peu trop théâtrale à mon goût, et la mise en scène se borne assez souvent aux champ et contre-champ, ou bien à des cérémonies qui prennent leur temps, avec des dialogues très longs bien que très bien écrits. On sent que le scénario est une adaptation directe de la pièce de théâtre de Jean Anouilh, et je trouve cela dommage car on pourrait s'attendre à quelque chose de plus qu'une simple transcription cinématographique, en plus de miner le rythme du film.
Note : 7/10