Rocky de John G. Avildsen
(1976)
Revision à la hausse pour ce film culte qui ne m'avait clairement pas laissé beaucoup de bons souvenirs. Il y a quatre ans, je découvrais pour la première fois
Rocky dans des conditions assez déplorables (diffusion télévisuelle de mauvaise qualité et en VF) et je le redécouvre aujourd'hui avec un œil nouveau. Ce qui est assez impressionnant avec ce film, c'est de voir à quel point il ne ressemble en rien aux œuvres qui ont pu lui servir de descendance, ainsi la success story se révèle être une demi-illusion (la victoire finale n'est pas totale et Rocky obtient plus sa propre reconnaissance que celle des autres) et surtout il est étonnant de se rendre compte que le film est bien plus une peinture sociale de la middle-class américaine de l'époque qu'un véritable film sur la boxe, c'est d'ailleurs là le gros point fort de
Rocky qui entraîne le spectateur dans des entiers assez inattendus. Sans être aussi intéressant que son personnage de John Rambo (reste à voir comment Rocky évolue dans la suite de la saga), Rocky est clairement un personnage qui tient à cœur à Sylvester Stallone, scénariste du métrage, et qui livre ici un véritable double de l'acteur tant le côté autobiographique se ressent réellement à l'écran. Ainsi, on se retrouve devant un personnage qui est plus un loser qu'autre chose, un peu neuneu sur les bords mais au grand cœur (je me demande d'ailleurs si Zemeckis ne s'en est pas inspiré pour
Forrest Gump), côtoyant des amis peu recommandables (mais fidèles malgré les apparences) voire carrément limites (l'entraîneur profite clairement de son poulain en changeant d'attitude en l'espace de quelques heures) et attiré par une jeune fille non seulement coincé mais encore plus intériorisé que lui. Si cet aspect primordial du film peut étonner à première vue, il est clair que c'est là toute l'identité propre au film et qui lui permet de rester un objet iconique malgré son âge.
Enfin,
Rocky est surtout une vision autre du rêve américain, ou comment un jeune homme venant de nulle part tente de résister face à l'égo surdimensionné de l’orgueil fait homme en la personne d'Apollo Creed qui est plus une bête de foire qu'un boxeur véritable. Si la mise en scène d'Avildsen ne fait clairement pas défaut au film en restant dans une logique de fiction semi-documentaire (les mouvements sont rares et les combats sont généralement filmés en plan d'ensemble), elle pose néanmoins pas mal de limites à l'ensemble du film qui décolle finalement rarement en terme d'intensité et d'émotion. Ainsi, hormis la désormais célèbre séquence d'entraînement (illustrée par des superbes travellings qui font honneur à la beauté de la ville de Philadelphie), les scènes réellement marquantes se font un peu trop rares. L'exemple le plus flagrant est le combat final qui démarre sur les chapeaux de roues mais dont toute l'intensité est larguée avec une ellipse qui éclipse pas moins d'une dizaine de rounds. Heureusement, le film arrive quand même à trouver une certaine force malgré ses défauts, notamment grâce à Sylvester Stallone, réellement touchant dans ce rôle qui lui collera durement à la peau (et pas forcément pour des mauvaises raisons). Un beau film qui me donne clairement envie de continuer enfin la saga.
NOTE : 8/10