La Guerre des Mondes de Steven Spielberg
War Of The Words ou l’invasion extraterrestre en forme de course poursuite frénétique à travers les yeux d’un père totalement dépassé par les évènements.
La guerre des mondes est une leçon de mise en scène durant près de 1h50, Steven Spielberg est au summum de son talent délivrant le plus grand film catastrophe, l’invasion extraterrestre la plus mémorable du cinéma, rare sont ces films qui vous scotche sur votre siège même après plusieurs vision. Spielberg trouve ici un point d’orgue de sa virtuosité, de son amour pour le cinéma à grand spectacle baigné dans la science-fiction, sa caméra empile les scènes dynamiques, les plans inventifs le tout plongé dans une ambiance sonore et visuelle captivante.
Le film est avant tout l’histoire d’une famille décomposé, un père de famille égoïste plus occupé à donner son temps libre à sa passion mécanique qu’à ses deux enfants. Cela démontre toute la qualité d’écriture du métrage qui délivre par petites touches l’incompréhension du père vis-à-vis de ses enfants, de son fils adolescent typiquement reclus dans sa musique et ses pensées guerrières à sa fille, paniqué malgré sa maturité précoce. En une introduction brève et un rapide passage d’accalmie au beurre de cacahuète, Spielberg plante parfaitement ses personnages, le reste n’est que tension mouvementé en démontre le dialogue autoroutier ou la caméra contourne en arc de cercle le véhicule.
L’immersion est totale, dès le premier coup d’éclair Spielberg plonge le spectateur dans une tension permanente, le danger peut arriver n’importe où, n’importe quand, l’univers sonore sous forme de trompette à tue-tête annonce l’arrivée des Tripods tel des prédateurs préhistoire, on sent le sol trembler et la panique se propager. Les cendres se propagent tel le 11 septembre, la paranoïa se diffuse dans les esprits « Is it the terrorists? », alors que Spielberg planifie des scènes catastrophes plus bluffantes les unes que les autres tout en montrant la cupidité de l’être humain dans la foule capable de tout pour sa propre survie.
Le suspense est à son comble, le réalisateur force son héro à faire des choix difficiles, Tom Cruise peut remercier Spielberg pour lui avoir donné 2 des 4 meilleurs rôles de sa carrière, alors qu’il observent du haut de collines des exterminations en masse, le virage horrifique que prend la guerre des mondes glace le sang. Les carcasses militaires reviennent enflammés, les corps flottent le long des rivières, les vêtements volent de manière irréelle, le sang des victimes est propagé tel un engrais, Spielberg compose des tableaux à la fascination morbide.
L’axe le plus remarquable du film reste la gestion de l’espace hallucinante du réalisateur qui lui permet d’intégrer et peaufiner parfaitement ses fx pour faire croire à un univers tangible, palpable à son apogée lors de l’infiltration extra-terrestre dont le design s’associe parfaitement à leur monture robotisé, le réalisateur surpasse son propre modèle d’efficacité palpitante du premier Jurassik dans un jeu de cache-cache parasité par un Tim Robbins à la folie grisâtre et granulé administré par Janusz Kamiński dont la collaboration photographique a permis d'élever à des niveaux stratosphériques le travail de Spielberg.
Tout le récit forme une boucle autant visuelle que narrative, la nature reprend le dessus sur le projet millimétré de l’envahisseur qui a oublié d’analyser à la loupe notre microcosme. Le montage à la précision chirurgicale lie la goutte d’eau sous forme de globe terrestre endeuillé dans un rouge destructeur, en cela la fin est moins choquante qu’à la première vision, bien que l’on aurait pu continuer une heure de plus à ce rythme, Spielberg boucle son film abruptement ayant fait le tour des miroirs de son personnage, celui d'un père qui garde une distance automnale fasse à une famille recomposé de force.
Une barrière brisée, Spielberg fixe le point de rupture d'un vitrage humain, figure visuelle de son film le plus sombre et le plus fulgurant en terme de mise en scène.
9.5/10