Die Hard (Piège de Cristal) de John McTiernan
(1988)
Clairement l'un des sommets de l'action au cinéma,
Die Hard est, plus de vingt ans après sa sortie, toujours aussi plaisant et jouissif à voir et reste sans aucun contexte la plus grande référence d'un cinéma de genre que l'on a toujours eu tendance à vulgariser, que ce soit avant ou après la sortie du film. Sorti à une époque où, à quelques exception près, Hollywood produisait plusieurs fois par an des films souvent bourrins, bêtes et méchants,
Die Hard se démarque clairement de par une intelligence visible à tout les niveaux et qui force évidemment le respect, rendant l'œuvre non seulement très agréable à regarder mais aussi extrêmement intéressante à analyser. La principale qualité du métrage, c'est bien entendu la présence de John McTiernan à la réalisation. Loin d'être un détail parmi tant d'autre, la présence du réalisateur de
Predator se révèle finalement cruciale pour
Die Hard, le must étant de se rendre compte du niveau de qualité du métrage en général et de se souvenir que le film est seulement la troisième réalisation de McTiernan. Car si le génie de mise en scène ne saute pas forcément au yeux de façon directe, c'est parce qu'il est distillé de façon appliquée à plusieurs niveaux de création.
Ainsi, le récit, malgré une apparence classique, se révèle finalement être d'une originalité absolue pour l'époque (la notion de terroriste est rapidement zappée pour laisser place à celle de cambrioleur, John McClane reste un flic avec les avantages et les défauts compris, les forces de l'ordre sont tournées en ridicule, etc...) et surtout se veut à la fois extrêmement ludique (le film est finalement une immense partie de cache-cache rythmée par des combats violents) mais aussi terriblement humain (John McClane est en grande partie un anti-héros, rejeté par sa femme qui préfère changer de nom, considéré comme un gêneur par la police, pieds nus pendant près des trois quart du métrage, etc...). Il est admirable de voir aussi à quel point le film respecte en de nombreux points les codes du huit-clos pour finalement les briser à sa façon (les étages de la tour Nakatomi sont nombreux et variés, on change ainsi de décors tout en restant au même endroit) tout comme il est impressionnant de constater à quel point
Die Hard était vraiment en avance sur la plupart des productions de l'époque (les pieds nus permettent une faiblesse physique du héros, la violence est ici souvent rapide et expéditive) sans jamais oublier d'apporter à son public des rebondissements réellement jouissifs et qui donnent une véritable dimension à l'œuvre, il suffit de voir la première rencontre physique entre Hans Gruber et John McClane pour s'en rendre compte. Enfin, du point de vue de la mise en scène, le film est tout simplement excellent. John McTiernan relève la totalité des défis qu'une telle histoire pouvait poser (répétition des lieux et des actions, gestion de l'espace, personnalisation des personnages) et se permet même des scènes techniquement impressionnantes comme cette explosion sur le toit ainsi que des séquences mémorables avec notamment ce climax final à la photographie somptueuse. Dans ce film au rythme effréné, Bruce Willis y trouve certainement son rôle le plus marquant et qui le poursuivra toute sa vie pendant que Alan Rickman, dans son premier grand rôle, trouve un plaisir évident à jouer l'un des bad guy les plus remarquables de l'histoire du cinéma, certainement son meilleur rôle. Un très très grand film qui reste encore aujourd'hui la référence incontournable du genre et que seul McTiernan lui-même arrivera à égaler par la suite, cela force évidemment un certain respect.
NOTE : 9/10